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Tension en Kabylie
Après l'accord sur la révocation des “indus élus”
Publié dans Liberté le 25 - 01 - 2004

La ville a connu une vive tension vendredi et samedi
Début d'émeutes à Tazmalt
Siège de daïra saccagé, mairie fermée et rues barricadées : Tazmalt était en révolte
Vive tension, hier, dans la ville de Tazmalt, distance de 80 kilomètres de Béjaïa. Un groupe de manifestants, des militants et des sympathisants du parti du Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed (FFS), selon des témoignages recueillis sur place, ont investi le siège de la daïra dans la nuit de vendredi à samedi. Les manifestants, faisant irruption dans les locaux, ont brisé des vitres et détruit le mobilier. Selon plusieurs témoins rencontrés sur place, des documents administratifs ont été dérobés et brûlés sur la place publique. Profitant du désordre, les assaillants ont pu subtiliser des pièces de mobilier ainsi que du matériel informatique. Les éléments de la police locale sont intervenus pour disperser les manifestants.
Le mouvement de protestation est intervenu quelques heures après l'annonce du “protocole d'accord” signé entre le gouvernement Ahmed Ouyahia et les délégués des archs favorables au dialogue, jeudi dernier. Cet accord prévoit la révocation des “indus élus” de la région de Kabylie. La municipalité de Tazmalt est gérée par un exécutif du FFS depuis la tenue les élections locales d'octobre 2002, élections boycottées par le mouvement citoyen des archs.
Parallèlement à la prise du siège de la daïra, des dizaines de manifestants ont érigé des barricades et enflammé des pneus sur la route nationale 26 reliant Alger à Béjaïa, à plusieurs endroits, détournant ainsi la circulation sur des routes secondaires. Le trafic routier a été interrompu pendant quelques heures avant que la police ne disperse les émeutiers à l'aide de grenades lacrymogènes.
Ce mouvement de protestation a été précédé par la fermeture du siège de l'APC, en conséquence à une grève déclenchée par le personnel de la commune ainsi que les élus locaux. Hier encore, tard dans la soirée, la circulation au niveau de la route nationale était encore interrompue. Pour autant, les commerces étaient ouverts et la population vaquait à ses occupations. Le calme régnait toujours au centre-ville de Tazmalt.
Il est à rappeler que la région de Tazmalt, un des bastions forts du parti de Hocine Aït Ahmed, avait connu de violentes émeutes pendant la première phase de la révolte de Kabylie durant le Printemps noir 2001. L'ancien siège de la daïra, situé sur les hauteurs de la ville, avait fait l'objet d'un saccage durant lequel deux personnes avaient trouvé la mort suite à une intervention musclée des brigades antiémeutes.
Rafik Benkaci
Djoudi Mammeri, premier secrétaire du FFS, à Liberté
“Nous sommes en alerte rouge”
Après l'accord des délégués des archs “dialoguistes” avec le gouvernement, concernant la révocation de tous les “indus élus”, le premier secrétaire de ce parti, M. Djoudi Mammeri, nous livre dans l'entretien qui suit sa lecture politique et les actions que son parti compte mener contre cette décision.
Liberté : Vous avez réagi, dans un communiqué, avec virulence contre l'accord des archs dialoguistes avec le chef du gouvernement pour la révocation des “indus élus”. Vous avez qualifié cette décision de remise en cause de l'ensemble des instruments indispensables à la construction et à la promotion de la démocratie. Pourriez-vous être plus explicite ?
Djoudi Mammeri : Je tiens tout d'abord à souligner le fait que ces délégués autoproclamés qui n'ont pas pu remettre en cause les élus par leur mobilisation sollicitent Ouyahia. Mais je tiens à préciser que la population a déjà révoqué ces faux délégués et il faut qu'ils sachent que le verdict est sans appel.
Le Premier ministre ne fait que les doper pour des besoins et des calculs strictement électoralistes. Cette démarche vise, entre autres, à remplacer nos six cents élus par des administrateurs pour le besoin d'une fraude électorale à l'échelle nationale. Cette démarche vise aussi à empêcher cette région de se faire représenter par une classe politique capable de présenter des programmes et de porter réellement la contradiction en matière de stratégie politique. Je rappelle la déclaration d'Ouyahia où il demandait aux partis politiques de passer par les archs pour tout dialogue. Ces délégués, avec la complicité d'Ouyahia, veulent éliminer toute trace politique dans la région considérée comme bastion de la réflexion politique.
Des observateurs de la scène politique et des juristes estiment que cette révocation, qui inclut même les députés, est “utopique” compte tenu des lois de la république. Pensez-vous qu'Ouyahia appliquera quand même cet accord ?
Le protocole d'accord n'est pas vraiment clair et promet une exécution dans des délais raisonnables, ce qui est très vague et imprécis. Mais connaissant le parcours de ce commis de l'état, rompu aux sales besognes qui peut même aller à l'encontre des lois de la république, il peut oser franchir cette limite constitutionnelle. À ce moment-là, il aura épousé la stratégie de la terre brûlée et il en assumera toutes les graves conséquences.
Mais, le protocole d'accord prévoit aussi d'effectuer des audits sur la gestion des communes de la Kabylie. Comment analysez-vous cette démarche ?
Je vois très bien où veulent en venir les signataires de ce document. Le FFS invite et défie Ouyahia de faire des audits sur l'ensemble du territoire national et on comparera après.
Mais je tiens à dire et je le revendique, en tant que citoyen, qu'il faut faire une audit sur tout l'argent qui a été collecté en Algérie et au sein de l'émigration en France pour les victimes des évènements de Kabylie.
Comment votre parti compte-t-il faire face à cette éventualité et quels sont vos moyens de riposte ?
Nous sommes pour le respect des lois en vigueur dans ce pays. On sait que les maîtres de ce pays les piétinent à leur guise au vu et au su de tout le monde. Nos élus sont déterminés à défendre leurs droits et surtout leur honneur. Nous allons riposter par le canal des institutions. Nous avons été inondés d'appels de citoyens, de militants et de sympathisants, et nous avons eu du mal à calmer les esprits. Toutes les instances du parti sont en alerte rouge. Cette provocation n'est qu'une manifestation de la crise profonde et complexe que vit le pays, et le FFS rendra public, demain, un plan de sortie de crise globale qui est arrivée à ses limites.
Pensez-vous qu'il y a une volonté réelle de mise en œuvre de la plate-forme d'El-kseur après cette accord ?
Je vous retourne la question. Comment un pouvoir qui se comporte de la sorte peut-il mettre en œuvre cette plate-forme ?
Je suis sûr et certain, sans m'étaler sur tous les points, que la question du départ de la gendarmerie ne sera même pas abordée alors qu'il y a eu plus de 120 morts. Je dis à Ouyahia de cesser ses manipulations qui ne feront que plonger cette région dans un avenir incertain qui n'apportera rien de bien pour notre pays.
Entretien réalisé par Mourad Belaïdi
Des délégués réagissent
Hakim Mohand Ouamar (Ouadhias)
“Ca profite à Bouteflika”
Dans le contexte politique actuel, marqué par l'approche de l'élection présidentielle, la décision de révoquer les “indus élus” profite en premier lieu à Bouteflika qui cherche à désigner partout, et notamment en kabylie, des personnes qui peuvent être à son service dans la préparation de cette élection. Donc cette décision lui permettra de remplacer les “indus élus” du FFS et du FLN, qui ne lui sont pas favorables, par des administrateurs qui obéiront mieux à ses instructions.
RACHID ALLOUACHE (ATH JENNAD)
“C'est une autre victoire”
“La décision portant révocation des “indus élus” est une grande victoire pour le peuple algérien qui a pu imposer une revendication légitime. Pour nous, ce point a été toujours un principe non négociable. Aujourd'hui
qu'il est pris en charge de façon effective, c'est pour nous et pour la population qui a rejeté les élections législatives et communales, une grande satisfaction.”
S. LESLOUS
Abdesslam Medjahed, porte-parole du FLN
“Ouyahia a violé la Constitution”
“S'il est prématuré pour le front de libération nationale (FLN) de parler de riposte ou d'actions concrètes, en réaction à la décision prise par le chef du gouvernement en concertation avec les archs par rapport à la revendication de la révocation des élus, il demeure néanmoins que le parti a une position de principe par rapport à cette question. On pense qu'on ne peut pas régler une crise en en créant une autre. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, selon nous, a fait un troc dans sa décision en ce sens qu'en obtenant l'adhésion des archs, il a vendu les institutions représentées en l'espèce par les Assemblées locales, pourtant élues de façon légale avec la validation du Conseil constitutionnel. En somme, pour le FLN, Ahmed Ouyahia a tout bonnement violé la Constitution ainsi que les lois de la République”.
Abdelkader Groucene, secrétaire national du Parti des Travailleurs
“Nos préoccupations sont ailleurs”
La question de la révocation des “indus élus”, qui le concerne, en principe de plus près, n'intéresse apparemment pas la formation de Louisa Hanoune. Le secrétaire national chargé de l'administration et des moyens, député à l'Assemblée nationale, Abdelkader Groucene, a affirmé, hier, que “les préoccupations des algériens sont ailleurs”. Elles sont, selon lui, d'ordres social et économique. Le parlementaire du PT dira qu'à partir du moment où “nous pensons que les élections dans notre pays se déroulent avec le déni de droit, les assemblées élues ne sont pour nous qu'une tribune pour exprimer nos visions”. “Nous ne tirons aucune gloriole de notre présence dans les institutions du pays”, déclarera le responsable du Parti des travailleurs avant d'ajouter que “la crainte” de son parti concernant les accords entre les archs et le gouvernement “c'est l'émiettement du pays et le spectre de la régionalisation”. à propos de la révocation des “indus élus”, le responsable de la formation de Louisa Hanoune préfère laisser le commentaire au journaliste.
Ce qui nous laisse penser que son parti ne serait pas contre l'incidence sujet d'un accord entre le gouvernement et l'aile de Belaïd Abrika.
S. R.
Le FFS affûte ses armes contre Ouyahia et les dialoguistes
Kabylie : qui veut un autre printemps noir ?
Déjà martyrisée durant près de trois années par le pouvoir qui n'a pas réussi à la “normaliser”, la Kabylie est à nouveau sur la braise.
Une braise sur laquelle le chef du gouvernement a, de nouveau, soufflé, jeudi, à la faveur de sa promesse de dégommer les élus locaux issus du scrutin rejeté d'octobre 2001. Au grand dam du parti bénéficiaire : le FFS. Le fait est inédit. Le procédé est gravissime. Les édiles locaux du parti d'Aït Ahmed, qui avaient servi, à leur corps défendant, d'alibi politique pour le régime pour qu'il s'en sorte du bourbier kabyle, sont maintenant — comme par enchantement — devenus indésirables aux yeux des autorités ! Le FFS devrait donc payer cash une rançon. Et sans gloire ! Et pour cause, il a eu à croiser le fer avec le mouvement citoyen en subissant forcément ce dommage collatéral pour avoir servi de béquille au pouvoir, avant de récolter une belle “récompense” via le limogeage annoncé de ses “élus”. Des élus qui sont, ironie du sort, devenus de “vrais indus élus” aux yeux d'Ouyahia et, par extension, de Bouteflika…
Quel décapant aveu d'incohérence, d'aveuglement et de non-sens politique de la part d'un pouvoir qui multiplie reniement sur reniement ! Quelle cinglante preuve de la cécité politique de nos gouvernants ! La Kabylie risque malheureusement, de basculer dans l'inconnu avec ce “truc”, ce coup de force imposé à la Kabylie alors même qu'aucune loi ni aucun décret ne prévoit la révocation d'un élu de cette manière, dans la mesure où seuls ses électeurs peuvent lui retirer leur confiance. Sur quelle argutie juridique, Ouyahia pourrait donc s'appuyer pour abattre son oukase sur les élus du FFS et des autres partis dont le sien même ? Juristes, hommes politiques et simples citoyens s'accordent pourtant à considérer cette mesure prônée par le chef du gouvernement comme un objet juridique non identifié. Mais les voies du système étant impénétrables, Ouyahia s'emploie à chercher une issue à cette grosse besogne. Il y a, cependant, risque de casse, chemin faisant. Et ça commence déjà. Vendredi, des jeunes manifestants ont saccagé le siège de la daïra de Tazmalt à Béjaïa pour protester contre la décision d'Ouyahia d'envisager la révocation des élus. Les citoyens de cette localité, fief du FFS, ont renoué, à l'occasion, avec le cycle infernal des affrontements entre les forces de l'ordre et les émeutiers. Tazmalt a donc renvoyé l'écho au Palais du gouvernement. Violemment. Le message est clair : le parti d'Aït Ahmed n'entend pas baisser les bras. Ses élus de l'APC de Tichy, dans la wilaya de Béjaïa, ont rendu publique une déclaration menaçante dans laquelle ils mettent en garde le pouvoir et “un groupuscule de délégués autoproclamés” contre “les graves dérapages qui peuvent découler de cette manœuvre”. Même ton et même courroux chez le maire de Béjaïa qui affirme : “Nous sommes déterminés à continuer notre mission d'élus jusqu'au bout et nous n'allons pas baisser les bras, quel que soit le prix à payer…”.
Les membres de l'APW montent, eux aussi, au créneau et prévoient une session extraordinaire, mardi prochain, et ce, à la veille de la réunion du conseil fédéral du FFS élargi à tous les élus de la wilaya. On le voit bien : l'alerte maximum est donnée à Béjaïa par les responsables du front des forces socialistes (FFS) pour contrer la décision d'Ouyahia.
à Tizi Ouzou, des actions similaires sont signalées à Boghni où les élus de ce parti ont lancé une pétition populaire pour obtenir… un soutien des citoyens qui ne les avaient pourtant pas élus.
Mais autre temps autres mœurs, le parti d'Aït Ahmed tente de mener la fronde contre Ouyahia et les compagnons d'Abrika qu'il a toujours soupçonnés d'être à la solde des “moukhabarates” (la sécurité militaire). Bien que pour l'heure, aucun dérapage n'a été enregistré dans la wilaya de Tizi Ouzou, la colère couve, néanmoins, dans toutes les municipalités contrôlées par le FFS, en attendant les directives que ne manqueront pas de donner les responsables du parti. “C'est une mesure politique qui implique une réaction politique de notre parti”, affirmait, hier, un membre de l'APW-FFS de Tizi Ouzou à notre correspondant.
C'est donc la veillée d'armes dans une Kabylie-poudrière que le régime voudrait encore faire basculer dans la tension à l'approche d'une élection qui, décidément, autorise toutes les folies, y compris celle qui consiste à violer la Constitution et à violenter des citoyens qui ont bien du mal à se remettre de la terrible épreuve du printemps noir. Autrement, il y a peur sur la Kabylie.
Hassan MOALI
Des juristes s'expriment sur la “révocation des élus”
“C'est contraire à la loi”
L'accord conclu récemment par le Chef du gouvernement sur la “révocation des “indus élus”, issus des régions touchées par le rejet des élections” pose, selon des juristes que nous avons sollicités, un sérieux problème à la loi en vigueur. Me Mohand Issad, qui a eu à présider la commission de la réforme de la justice et la commission d'enquête sur les évènements de Kabylie, pendant le printemps 2001, nous a déclaré, hier, au téléphone, que la loi ne prévoit rien dans un tel cas de figure.
Ce magistrat a également indiqué que les élus concernés par le protocole d'accord qui a été signé entre Ahmed Ouyahia et le mouvement des archs ont la possibilité d'introduire des “recours”, s'ils se sentent, bien entendu, “victimes d'une injustice”. Me Issad a néanmoins refusé de faire tout commentaire à propos des conséquences d'une telle décision sur le processus juridique, voire institutionnel en Algérie. Parmi les avocats que nous avons pu joindre, d'aucuns ont répondu n'avoir aucun avis à donner sur la question de la révocation des élus, précisant que celle-ci ne s'inscrit pas dans le pénal.
D'autres, en revanche, ont préféré garder le silence, afin d'“apaiser la crise” et “ne pas incommoder” le mouvement des archs, qui est à l'origine de la revendication de la plate-forme d'El-Kseur.
Certaines réponses à nos questions nous ont été données finalement par un avocat connu sur la place d'Alger, qui a requis l'anonymat. Selon le juriste : “Une telle disposition aurait pu être prise avant que le Conseil constitutionnel n'ait consacré la validité des élections” législatives. “Cela pose donc un problème de légitimité au niveau des institutions”, a-t-il encore affirmé, avant de se demander si “Ouyahia a le pouvoir d'annuler les élections”, sachant pertinemment que le chef de l'Exécutif “n'a pas ces prérogatives”. L'avocat a, en outre, reconnu que “l'élu a le droit de réagir” par rapport à cette situation qui lui est imposée, insistant sur le fait que “la stabilité de l'Etat est consacrée par la stabilité juridique”. “Aujourd'hui, tout est possible. Je veux dire par-là qu'aucune institution n'est à l'abri. C'est très grave !” a-t-il conclu, non sans avoir noté que “la décision de révocation des élus est contraire à la loi”.
Hafida Ameyar


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