La direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou a organisé, en collaboration avec l'APC d'Azeffoun, une conférence sur le patrimoine archéologique de cette région. La conférence-débat a été animée par l'archéologue français Jean-Pierre Laporte, qui a eu l'occasion de travailler sur les sites d'Azeffoun, et par Bilek Hamid, sous-directeur du patrimoine culturel au Haut comité à l'amazighité, qui interviendra sur le patrimoine immatériel. Sur les deux importants sites, les allées couvertes d'Aït Rehouna et Rusazus, ville romaine du village Azeffoun que compte la région, Jean-Pierre Laporte s'étalera surtout sur Rusazus. Des allées couvertes, il dira seulement qu'il s'agit de sépultures collectives et que les fouilles entreprises en 1969 auront révélé des débris de céramique où l'on pourrait distinguer trois types de poterie prouvant le contact entre les civilisations. Sous le titre « Azeffoun antique Rusazus », J.P . Laporte parlera longuement de ce que fût cette ville romaine fondée par Auguste. Et même si Laporte n'avait travaillé que sur la partie visible des ruines (puisque, jamais des fouilles n'ont été entreprises), il mettra en évidence un réseau d'adduction en eau. D'abord, un aqueduc de 2 km, puis l'arrivée de l'eau dans des bassins de décantation à la place du village, avant qu'elle ne soit acheminée vers des bassins parallèles qui servaient de réserves. Des canalisations enterrées permettaient l'alimentation des thermes dont il reste quelques façades permettant d'en déduire l'aménagement ; ainsi que deux châteaux d'eau dont l'éloignement l'un de l'autre donne l'idée de l'étendue de cette ville. Photos projetées par Data-show à l'appui, M.Laporte parlera de monument en arc, en expliquant qu'il ne s'agirait pas d'arc de triomphe mais d'arc pour décorer la cité. Selon J.P. Laporte, le site est très enterré, peu d'inscriptions subsistent et donc peu de renseignements, notamment sur de nombreuses stèles dont il nous montrera quelques photos, l'une d'elles est une dédicace à la déesse de la santé et plusieurs d'entres elles seraient des stèles funéraires. Le même style et les mêmes motifs se retrouvent dans toutes ces stèles, ce qui prouve l'existence d'un atelier de sculpture, dira l'archéologue, tout en signalant que quelques-unes de ces stèles seraient à Djemaâ Saharidj, une au musée d'Alger, où se trouve également un sarcophage de luxe provenu de Rome, mais à Rusazus, des indices montrent qu'il avait dû servir de cuve à vin. S'agissant de certaines traces de l'époque romaine qu'on trouve un peu partout dans cette région (comme le pressoir à huile d'Idjermnane, directement taillé dans le roc), M. Laporte dira que ce sont des fermes antiques.J.P. Laporte avouera que les vestiges sont mal datés, il continue à travailler sur un plan établi par lui-même en 1970. Et malgré sa maîtrise de la civilisation romaine, il reste beaucoup de zones d'ombre à éclaircir sur cette importante cité Rusazus, comme cet énigmatique mur en pierres sèches et une tour, ou ce bâtiment dont il subsiste encore deux façades, mais il ignore sa fonction. Néanmoins, il garde espoir qu'un jour il y aurait des fouilles sérieuses qui apporteraient plus de précisions. Son espoir est accru par le fait que le site soit très enterré ; beaucoup de preuves resteraient intactes, soutiendra-t-il. Du patrimoine oral, notamment les légendes et la littérature orale, J.P. Laporte dira qu'elles sont charmantes mais sans valeur historique, mais qu'il ne faudrait pas négliger ce patrimoine immatériel ; il exhorte les gens habilités à écrire ces légendes. Notons par ailleurs que le dossier concernant le classement comme patrimoine national du site Les allées couvertes d'Aït Rehouna est ficelé et déposé au ministère de la Culture et qu'une étude de réhabilitation du site Rusazus est en cours, ainsi que l'ouverture d'une agence d'archéologie à Azeffoun.