Tout porte à croire que la chanson bédouine, qui a vécu ses heures de gloire dans un passé très récent, risque bel et bien de sombrer dans l'oubli et faire partie d'un passé à jamais révolu. Les seules troupes artistiques, qui se targuent actuellement de faire revivre cet art ancestral et de transmettre tant bien que mal le flambeau aux jeunes artistes, ne dépassent pas les doigts d'une main. Elles peinent, nous dit-on, à persévérer dans cette voie en dépit d'un auditoire sans cesse exigeant et accroc à cet art qui a connu ses jours de gloire vers la fin du siècle dernier. Les maîtres incontestés de la flûte, qui animaient les longues soirées chaudes de l'été au cours des mariages et circoncisions, ont disparu et la relève n'est point assurée. Instrument de musique inséparable des pasteurs de la région, la flûte, qui accompagnait les meddahs, envoûtait les cheveux blonds et les cheveux gris et faisait pleurer les plus endurcis et les plus irréductibles, toutes générations confondues. Depuis l'éclipse du duo Cheïkh Hadj Boussekra et le défunt Cheikh Aïssaoui, maîtres incontestés de la chanson bédouine, cet art traditionnel a sombré dans l'oubli, exception faite de l'unique trio de cette région, mené de main de maître sous la houlette du cheikh Slimane des Stitten. Un riche patrimoine qui se distingue à tous points de vue des autres rythmes et chansons anciennes par la diversité de ses thèmes, liés à la vie quotidienne, et de la richesse de son répertoire.