Orascom serait-il toujours en train de négocier en sous main avec le groupe sud-africain MTN la cession de sa filiale de téléphonie mobile Djezzy tout en gardant l'espoir qu'il parviendra à faire plier les autorités algériennes ou aurait-il tout simplement décidé de ne plus vendre ? Difficile à dire tant la gestion du dossier lié à la vente de Djezzy est entourée d'un épais secret. Une chose paraît néanmoins certaine, les tergiversations du groupe égyptien commencent à porter sur les nerfs du ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Hamid Bessalah. Dans une nouvelle sortie publique, la deuxième en deux jours, M. Bessalah a appelé les propriétaires d'OTA à annoncer « clairement » qu'ils ne sont plus en négociation avec d'autres opérateurs afin de pouvoir discuter avec la partie algérienne. « Ce qui est attendu aujourd'hui, c'est que les propriétaires d'OTA annoncent d'abord et clairement qu'ils ne sont plus en négociation avec d'autres opérateurs étrangers parce que ce sont les lois et réglementations algériennes qui le commandent », a-t-il soutenu lors d'une conférence de presse animée en marge d'une cérémonie organisée à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des télécommunications à Sidi Abdallah. Le ministre a ajouté, selon l'APS qui a rapporté l'information, que les dirigeants d'Orascom « doivent exprimer leur intention de céder OTA et le préciser auprès des autorités algériennes ». La veille, le même ministre avait pourtant fait état de l'existence de négociations entre les autorités algériennes et le propriétaire d'Orascom Telecom Algérie (OTA) pour le rachat, par l'Etat, de Djezzy. Cela laissait d'ailleurs supposer que tous les aspects sur lesquels a insisté hier Hamid Bessalah étaient pris en charge. Que s'est-il passé entre temps ? Selon toute vraisemblance, M. Bessalah a dû certainement dire dimanche plus qu'il n'en fallait, cela contrairement sans doute au ministre des Finances, Karim Djoudi, qui s'est juste contenté de souligner la décision des autorités de racheter l'intégralité du capital de Djezzy. C'est d'ailleurs son département qui gère pour le compte du gouvernement le dossier de Djezzy. Sur ce point, tout le monde aura remarqué que les déclarations des deux ministres s'étaient contredites sur plusieurs points. Bessalah va plus vite que la musique Cela n'est pas allé sans créer une certaine confusion que beaucoup d'observateurs n'ont d'ailleurs pas hésité à relever. Et il apparaît aujourd'hui que le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication devait tout dire sauf révéler l'existence de négociations entre le gouvernement et la direction d'Orascom. En clair, M. Bessalah est allé plus vite que la musique. L'hypothèse est plausible dans la mesure où rien n'avait effectivement laissé présager jusque-là que les deux parties étaient en négociations. Inutile de dire que ce genre de déclarations peut coûter très cher en affaires. Aussi, il n'est pas faux de penser que la sortie d'hier – même si elle a rajouté quelque peu à la confusion – était destinée justement à rattraper la bourde de dimanche et surtout à insister sur l'idée que le gouvernement ne fera aucune entorse à la loi dans le cas précisément de la vente de Djezzy. « La démarche aurait dû être celle-ci dès le départ et les propriétaires d'OTA auraient dû se rapprocher des autorités algériennes afin d'exprimer leur intention de céder Djezzy car en faisant cela les autorités algériennes aurait réagi et fait des propositions sur la base des dispositions de la licence et de la loi de finances complémentaire, en particulier le droit de préemption », a soutenu à l'occasion M. Bessalah. Quid de l'avenir de Djezzy lorsque l'Etat en sera le propriétaire ? A cette question, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a répondu de manière claire : « Nous avons une conception, une méthode et un plan que nous dévoilerons au moment opportun. » Une manière de dire, sans doute, que l'Etat algérien est prêt à reprendre sans délais la filiale de téléphonie mobile du groupe Orascom. A rappeler que le gouvernement s'oppose fermement au projet de transaction entre MTN et Orascom, concernant la société OTA, et s'oppose ainsi à tout transfert total ou partiel de propriété de cette entreprise d'Orascom vers MTN.