L'âge d'une personne adulte. Quatre Coupes du monde et demie. Plus de trois mandats présidentiels et plus de deux fois la durée de la guerre de Libération. Dix-huit ans après son apparition comme phénomène le plus violent de l'Algérie indépendante, le terrorisme subsiste. Il suffit de lire les journaux à la sous-rubrique, « ceux qui ont raté la réconciliation », pour se rendre compte que régulièrement des attaques terroristes sont commises, avec des morts à la clé. Il ne s'agit pas de polémiquer sur les idéologies qui s'affrontent, sur l'incompétence ou l'accoutumance des pouvoirs politiques et militaires, mais bien de voir que l'habitude s'est installée comme un mal incurable, que ces morts n'intéressent plus personne à part leurs proches et famille. Si le nombre de morts est largement au-dessous de ce qu'il était, il reste qu'un mort, qui n'a pas succombé à une maladie, un accident ou de vieillesse, est forcément un mort de trop. La normalisation forcée a réussi à faire aujourd'hui admettre que des Algériens doivent mourir chaque semaine, sacrifiés sur l'autel d'une affirmation discutable, le terrorisme zéro n'existe pas, avec pour seule marge de manœuvre la probabilité de ne ne pas tomber dans cette liste de victimes. Si l'on doit s'habituer au terrorisme, à quoi devra-t-on s'habituer dans quelques années ? Les étrangers sont interdits de déplacement, certaines routes et régions sont interdites de passage, créant un pays inégal, avec des zones hypersécurisées et des zones où tout peut arriver. Quelle est la chance au départ, à la naissance, de figurer au bon endroit ? C'est de la probabilité. Pour une rencontre mâle-femelle, il y a une chance sur 193 (pays) de tomber en Algérie. Et dans cette probabilité, il y a encore une chance sur cent pour naître dans un endroit protégé. On ne dira jamais assez combien nos ovules et spermatozoïdes sont courageux. Une médaille ?