Relizane, une wilaya où le mercure a atteint cet été des pics de température insupportables, a vu sa population sortir dans la rue à plusieurs reprises pour dénoncer l'immobilisme des responsables locaux, devant la dégradation de leur cadre de vie, notamment en qui concerne les perturbations dans la distribution de l'eau potable, mais aussi l'absence d'infrastructures à même de leur apporter un minimum de bien-être. Ainsi, les habitants de Relizane ont assiégé, plusieurs fois cet été, des mairies, des sièges de daïra et même des directions de secteur, où les élus et les responsables sont pointés du doigt. Les citoyens de différentes localités, à l'instar de ceux de Yellel, Oued Djemma, Mendès, Djidiouia, Hameri, Relizane, Oued R'hiou se sont, tour à tour, manifestés à chaque fois, pour dénoncer l'«immobilisme des responsables devant la dégradation de leur cadre de vie, notamment en cette période des grandes chaleurs». C'est surtout le problème de l'eau potable qui a soulevé le courroux des habitants des cités sus-citées. Certains sont allés jusqu'à douter des réelles potentialités de la wilaya en ce qui concerne la distribution de l'eau potable. «Bien qu'elle ait perdu une importante retenue, la Marja Sidi Abed, un immense lac qui s'évasait à plus de 5 millions de m3, avec ses deux autres importants barrages (Gargar et Essasda) et surtout avec la mise en service du réseau d'alimentation en eau dessalée, la wilaya semblait à l'abri de toute pénurie», a expliqué un habitant, qui a précisé que les ministres qui se sont succédé et tous les responsables locaux «se faisaient à chaque fois rassurants dans leurs déclarations sur ce volet, mais hélas !, dans la réalité du terrain, les populations de plusieurs communes supposées raccordées au MAO galèrent toujours pour s'approvisionner de cette précieuse denrée». Même le jour de l'Aïd, se désole-t-on, les habitants de certains quartiers du chef-lieu de la wilaya et ceux d'autres communes ont souffert de l'indisponibilité de l'eau dans leurs robinets. «Nous voulons qu'on nous explique la situation», a tempêté un jeune dans tous états, qui a ajouté : «Je ne comprends pas ce contraste, cette contradiction ! Deux barrages et un mégaprojet d'alimentation à partir de l'eau de mer et nous courons toujours derrière les citernes tractées pour nous approvisionner en eau !» Dans le même contexte, les agriculteurs des périmètres irrigués de la Mina et du Bas-Cheliff n'ont pas cessé de crier à qui veut les entendre leur inquiétude devant le spectre de la fanaison, qui menace leurs plantations. «Nous nous sommes inscrits dans la perspective du renouveau économique, qui place l'agriculture comme maillon fort dans le processus de l'alternative aux hydrocarbures, mais malheureusement, nous avons buté sur une gestion défaillante des eaux destinées à l'irrigation», s'est écrié un des agriculteurs, venu mercredi dernier avec ses compagnons manifester son désarroi devant le siège de l'unité de l'Office national des irrigations et des drainages. «Il y a de l'eau à Relizane, nous réclamons alors l'augmentation des volumes alloués pour les rotations d'irrigation, car c'est l'avenir de l'agriculture qui en dépend», a lancé un autre agriculteur, en ajoutant : «Pourquoi attendre l'approbation du ministre ou d'un directeur central pour nous lâcher de l'eau ? nos plantations ne pourront pas attendre !» Les fréquentes interruptions du courant électrique sont aussi le cauchemar des habitants de la wilaya, qui dispose, rappelons-le aussi, d'une importante centrale électrique. Certes, la wilaya n'a pas connu de délestage, mais les récurrentes pannes, suivies par de longues coupures de courant, nous asphyxient, a souligné un jeune de Relizane, en précisant: «Le climatiseur et le réfrigérateur sont des appareils constamment branchés au circuit pour nous rafraîchir l'air et l'eau pour la désaltération, sans quoi ce serait l'enfer.» Même les infrastructures destinées au rafraîchissement font défaut dans presque toutes les agglomérations de la wilaya. Au chef-lieu, où vivent des dizaines de milliers d'habitants, l'on compte seulement deux piscines : une olympique, souvent fermée, et l'autre municipale, qui subit depuis des années des travaux de réaménagement. Celle de Bormadia, la nouvelle ville créée il y quelques années seulement, et où vivent plus de 50 000 habitants, elle est devenue malheureusement un vestige. Quant aux habitants de Mendès et de Ammi Moussa, deux importantes villes de la wilaya, ils doivent prendre leur mal en patience avant d'espérer exploiter les petits bassins, en cours de réalisation. Quant au chef-lieu de la wilaya, qui a hérité de l'ère coloniale d'une piscine communale, un bijou architectural en voie de destruction, sous prétexte d'aménagement, est loin de rattraper son retard en la matière, puisque d'importantes communes, comme Yellel, Djidiouia, Oued Djemaâ, Hemadena, Zemmora, Aïn Tarik, Ouarizne, Mazouna, Sidi M'hamed Benali et d'autres souffrent, elles aussi, de ce déficit. Autant dire que toutes ces défaillances de gestion et d'infrastructures font galérer les populations.