Un gendarme garde-frontière a été mortellement fauché par un contrebandier dans la nuit de samedi à dimanche à Bir El Ater, chef-lieu de commune situé à 89 km au sud de Tébessa, apprend-on de source sécuritaire. C'est lors d'un contrôle de routine, effectué pour traquer les trafiquants de carburant à la frontière algéro-tunisienne, qu'un contrebandier a refusé d'obtempérer malgré les sommations des gendarmes. Selon les mêmes sources, le contrebandier a même forcé le barrage de contrôle à bord de son véhicule, fauchant mortellement sur son passage un jeune gendarme originaire de la wilaya d'Oum El Bouaghi. Une course-poursuite a été immédiatement engagée pour rattraper le contrebandier qui a réussi à prendre la fuite. L'incident, le énième du genre, vient rappeler une triste réalité qui prend de l'ampleur où le phénomène de la « contra », terme qui désigne la contrebande à Tébessa, ne cesse de faire des victimes aussi bien du côté des GGF que de celui d'une population qui s'adonne à cette activité depuis des décennies pour diverses raisons. Sur une bande frontalière où le trabendo avec la Tunisie est depuis des décennies la principale activité des populations, les gendarmes gardes-frontières sont confrontés à un véritable « combat », où souvent, et dans la plupart des situations, ils se retrouvent quasiment seuls sur le terrain face à des réseaux très bien organisés. Ainsi, ni l'installation de nouveaux postes avancés de contrôle sur la bande située entre Ouenza et Bir El Ater, ni l'acquisition de nouveaux engins et du matériel sophistiqué de surveillance n'ont dissuadé les contrebandiers, qui semblent redoubler d'ingéniosité pour déjouer la vigilance des GGF. Il faut dire que de tout temps la tâche des gardes-frontières n'a pas été de tout repos dans la wilaya de Tébessa, où l'autorité de l'Etat demeure limitée. Seule l'autorité tribale est reconnue. C'est cette dernière qui finit par imposer sa loi, usant de tous les moyens pour éviter que des contrebandiers ne soient condamnés, car pour eux, cette activité, considérée comme légale, est leur seule source de revenus, même si cela se fait au détriment de l'économie nationale. Des trafiquants qui ne reculent devant rien Désormais, le renforcement du dispositif de lutte contre la contrebande dans les zones frontalières, mis en œuvre par la Gendarmerie nationale et les Douanes nationales, gêne considérablement les trafiquants de tous bords. Cependant, ces derniers n'ont plus peur de rien, puisque à la moindre saisie, ils s'attaquent aux forces de l'ordre. Ils imposent leur loi dans la région et recourent même aux armes. L'incident le plus grave dans la région et qui a mis le feu aux poudres est survenu au mois de juin de l'année écoulée, lorsque deux jeunes contrebandiers sont décédés lors d'une course-poursuite dans la commune de Bir El Ater. Ce qui a provoqué des émeutes violentes qui ont duré plusieurs heures. Deux voitures appartenant aux services des Douanes algériennes avaient été incendiées, au moment où le siège de la direction était la cible de jets de pierres et autres projectiles et que le parc de l'institution était assiégé pendant des heures par des dizaines de personnes. Quatre mois plus tard, jour pour jour, neuf gendarmes ont été blessés à la frontière algéro-tunisienne lors d'une attaque spectaculaire perpétrée par 300 contrebandiers venus « venger » leur acolyte après la saisie de sa camionnette. Des faits graves qui renseignent sur la détermination des contrebandiers à griller nos frontières au prix de vies humaines, mais surtout du piétinement des lois de la République. Lakehal samir, S. Arslan