C'est passé presque inaperçu lors du sommet d'Alger : pendant que les dirigeants arabes étaient occupés à parler et l'opinion publique à écouter les blagues de Kadhafi, les glorieux députés de l'Assemblée algérienne votaient pour la nouvelle loi sur les hydrocarbures et contre l'institution du 12 janvier comme journée fériée pour fêter le nouvel an amazigh. Pour la première, la loi sur les hydrocarbures, les enjeux semblaient si importants que tout le monde pensait qu'il y allait avoir débat, questions et argumentaires, voire de petites bagarres en direct. Il n'y a rien eu de tout cela, pas plus que pour le 12 janvier. Pourtant, depuis que l'Etat a gagné de l'argent avec la suppression du 19 juin, on pouvait penser qu'il pouvait compenser par l'instauration officielle du 12 janvier puisqu'il ne lui coûterait rien et ferait plaisir à tous les hommes libres. Les contre-arguments sont connus : le 12 juin n'est pas berbère, mais romain, et la nouvelle loi sur les hydrocarbures ne ruine pas l'Algérie, mais lui fait gagner de l'argent. Mais les contre-contre-arguments sont aussi connus : si le 12 janvier n'est qu'une fête païenne, pourquoi ne pas alors supprimer le 1er janvier, qui est elle aussi païenne ? Et si la loi sur les hydrocarbures fait bien gagner de l'argent, n'est-ce pas de l'argent à court terme ? Il y aurait aussi des contre-contre-contre arguments à l'infini, mais les députés n'étaient pas d'humeur à débattre. Si l'on voit bien qu'ils n'ont aucun sens de leur fonction et ne sont là que pour entériner des décisions prises ailleurs, il y avait pourtant une logique implacable à laquelle aucun d'entre eux n'a fait référence : on ne va pas voter une fête berbère en plein sommet arabe et surtout on ne va pas bloquer une loi sur les hydrocarbures quand huit navires militaires de l'Otan sont stationnés dans la baie d'Alger.