Un projet de réalisation d'un mémorial des martyrs a été lancé, il y a environ trois semaines, au village Aït Ferrach, dans la commune de Bouzeguène, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Le monument trônera quasiment au centre du village, un emplacement situé à hauteur du CW251, une importante voie de communication qui donnera à l'édifice tout l'élan et la grandeur qui caractérisent les valeureux martyrs pour lesquels il est dédié. A cet effet, une commission de suivi a été installée pour superviser le projet, totalement à la charge des villageois. L'architecture globale du mémorial des chouhada est constituée d'une plateforme bétonnée posée sur un terrain accidenté. Le talus est soutenu par un rempart. Une fois achevé, une cinquantaine de noms de martyrs, dont une dizaine de femmes, seront inscrits sur le monument, nous a confié Mabrouk Rachedi, un chercheur en histoire de la Révolution 1954/1962, qui détient de nombreuses données sur les victimes du village et celles de nombreuses autres contrées de Kabylie. Deux autres plaques, sur lesquelles seront transcrits deux événements majeurs qui ont marqué la mémoire villageoise, seront fixées sur le mur d'enceinte, nous confiera Ali Boukella, membre de la commission des travaux. Il s'agit d'abord du pilonnage, le 30 août 1957, du village Aït Ferrach, rasant toutes les habitations, et le largage de 22 obus, qui ont pulvérisé les murs de nombreuses maisons du village Aït Semlal, le 2 septembre 1957. Ces deux attaques constituaient une réponse des troupes coloniales pour punir les populations de ces deux villages accusées d'avoir soutenu et aidé ce qu'ils appelaient les combattants de l'ALN qui ont planifié et exécuté l'embuscade de Tanaimt, en ce jour du 27 août 1957, en attaquant un convoi de militaires qui se dirigeait vers le camp de Houra, au cours duquel plusieurs soldats français ont été tués et du matériel récupéré. Le mémorial constituera l'aboutissement d'un vieux rêve des villageois, qui voulaient commémorer le sacrifice des valeureux combattants du village qui ont arrosé cette terre de leur sang.