Israël a finalement exécuté ses menaces d'utiliser la force excessive, comme l'a déclaré dimanche le porte-parole de l'armée, contre la « flottille Liberté ». Ghaza de notre correspondant Au moins seize personnes ont été tuées suite au raid meurtrier mené par l'armée israélienne, hier, contre la caravane humanitaire internationale « flottille de la liberté » chargée d'aide humanitaire à destination de l'enclave palestinienne de Ghaza. Avant même que les six navires ne pénètrent dans les eaux territoriales en face de Ghaza, une unité de commandos de la marine israélienne les a interceptés, hier, à 4h de manière très violente. Arrivés en hélicoptères, des centaines de soldats israéliens hyper-armés ont pris le contrôle des bateaux par la force. Le carnage a eu lieu à bord du bateau turc réservé aux militants des droits de l'homme, lorsque les soldats israéliens firent usage de leurs armes, tuant 16 militants dont une quinzaine seraient de nationalité turque, comme l'a affirmé une organisation humanitaire de ce pays. Pas moins de 30 militants des droits de l'homme dont le cheikh Raed Salah, un Palestinien de nationalité israélienne et islamiste, connu dans les territoires palestiniens pour sa défense de la mosquée d'El Aqsa et de la ville sainte contre la judaïsation, qui a été grièvement atteint, ont été blessés au cours de l'assaut israélien. Mais toutes ces informations ne sont pas définitives puisque tous les contacts ont été coupés avec les 750 militants issus de 40 pays différents, quelques minutes après l'investissement des bateaux par les soldats israéliens. « Nous n'avons aucun contact avec nos membres car Israël a bloqué toutes les communications satellitaires », a affirmé peu après l'assaut des soldats israéliens, depuis Chypre, Greta Berlin, porte-parole du Mouvement Ghaza libre. « Les seuls éléments que nous avons, c'est grâce à la vidéo qui était diffusée en direct depuis le bateau turc. » Ces images montrent des commandos israéliens arrivés par hélicoptère atterrir sur le pont du bateau et ouvrir le feu. « Ce n'est pas une confrontation, c'est un massacre. Nous n'avons pas d'armes. Nous avons été attaqués, et non le contraire. Ce qu'a fait Israël est illégal, nous étions dans les eaux internationales. » Piraterie Le capitaine du bateau 8000, a bord duquel a eu lieu le massacre, en référence au nombre de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, de nationalité grecque, gravement blessé par des balles israéliennes, a refusé d'être soigné en Israël et a exigé d'être rapatrié en Grèce. Avikhai Deraai, le porte-parole de l'armée israélienne a tenté de justifier cette boucherie par une tentative de résistance de la part des militants des droits de l'homme présents à bord du bateau 8000, spécialement affrété pour les passagers que sont les militants internationaux, prétendant que les soldats israéliens ont fait face à des personnes armées de barres de fer, d'armes blanches et que l'un des activistes a tiré contre les soldats à l'aide d'un fusil automatique arraché à l'un d'entre eux. La radio israélienne a annoncé que la police israélienne a déclaré l'état d'alerte maximale dans les villes palestiniennes, en territoire israélien, surtout après la blessure de Raed Salah, et qu'un grand nombre de policiers a été mis en état d'alerte en prévision de la possibilité de déclenchement de manifestations et actions de protestation. La police israélienne a tenu, hier matin, une réunion urgente, au cours de laquelle il a été décidé de fermer les portes de la mosquée d'El Aqsa, pour éviter les rassemblements dans la ville sainte d'El Qods, la fermeture des points de passage entre Ghaza et Israël, et le renvoi des camions chargés d'aide humanitaire, ainsi que la mise en état d'alerte de ses équipes ambulancières et médicales pour faire face à toute explosion de la situation. Pas de nouvelles des dix députés algériens Hier à la mi-journée, aucune information sur le sort de 10 parlementaires algériens qui étaient parmi les militants solidaires avec la population de la bande de Ghaza n'a filtré. L'un des bateaux arraisonnés par la marine israélienne, chargé d'aide humanitaire et d'une centaine de maisons préfabriquées destinées aux Palestiniens dont les maisons ont été détruites au cours de la dernière guerre contre Ghaza, est algérien. Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, a qualifié l'opération israélienne de « massacre » et décrété trois jours de deuil dans les Territoires palestiniens. Dans la bande de Ghaza, où les gens sont très en colère contre Israël pour le mauvais traitement réservé à des personnes qui ont perdu la vie pour montrer leur solidarité avec eux, les différentes factions palestiniennes ainsi que les organisations non gouvernementales ont organisé des manifestations populaires de protestation contre l'acte israélien inhumain. Ismaïl Haniyeh, le Premier ministre du gouvernement du Hamas à Ghaza, a déclaré la grève générale pour une journée dans toute la bande de Ghaza. Haniyeh a dénoncé ce qu'il a appelé « un crime et un scandale politique et médiatique qui aura des conséquences sur l'occupation ». La communauté internationale a été choquée par autant de violence contre des militants de droits de l'homme mais comme elle nous a habitués a des positions généralement sans conséquences sérieuses sur l'Etat hébreu, rien ne dit, que, cette fois, ce crime sera puni.