Six navires transportaient de l'aide (vivres, médicaments, matériaux de construction, etc.) destinée au million et demi d'habitants de Ghaza soumis à un blocus sévère de la part d'Israël et de l'Egypte depuis trois ans. Six navires sabordés par Israël. En quoi cela constitue-t-il un fiasco pour l'Etat hébreu ? Cette opération a déjà causé un grand préjudice à l'image d'Israël dans le monde ; l'opinion publique internationale a vu en boucle les images tournées à bord des bateaux montrant les soldats israéliens attaquer les militants humanitaires. Plusieurs Etats européens (France, Espagne, Suède, Grèce, etc.) ont convoqué les ambassadeurs d'Israël pour protester officiellement contre cette attaque. Cette opération remet en lumière le blocus de Ghaza et attire l'attention de la communauté internationale. D'ailleurs, le secrétaire général de l'ONU a déclaré mercredi que ce blocus est « contre-productif, intenable et immoral. Il punit des civils innocents. Il doit être levé immédiatement ». Une condamnation, une sanction est-elle possible ? Il faut attendre les suites juridiques qui vont être données à cette action. La Turquie a déjà présenté un texte sévère à l'encontre d'Israël au Conseil de sécurité de l'ONU, mais celui-ci a finalement adopté une version moins critique, en demandant une enquête à Israël. Par ailleurs, le fait que l'attaque se soit passée dans les eaux internationales pose un problème juridique évident, cette attaque pouvant être qualifiée d'acte de piraterie en haute mer. Aucun Etat n'a le doit d'attaquer des navires civils en eaux internationales. Quelles répercussions diplomatiques peut-on attendre ? On voit déjà la Turquie, habituellement acquise au compromis avec l'Etat hébreu, faire marche arrière… De la part des instituions internationales, à part des condamnations et des protestations, il ne faut pas s'attendre à des actions concrètes. Les Etats-Unis restent un allié de poids de l'Etat hébreu et ils bloqueront toute tentative d'action contre Israël.Pour la Turquie, la situation est différente. Le Premier ministre turque a déjà qualifié cette attaque de « terrorisme d'Etat ». Historiquement, la Turquie avait une relation privilégiée avec Israël, c'était son seul allié dans la région, et cette relation profitait aux deux parties. Cependant, il faut rappeler que la dégradation des rapports entre les deux pays date de l'offensive israélienne contre Ghaza. La Turquie, qui se voit opposer une fin de non-recevoir pour l'entrée dans l'Union européenne, a décidé de réorienter sa politique étrangère vers la Moyen-Orient, pour récupérer son importance dans l'ancienne zone d'influence de l'Empire ottoman. On l'a vu avec l'amélioration des relations diplomatiques avec ses voisins arabes (Syrie, Irak) mais aussi avec le rôle que veut jouer la Turquie dans l'affaire du nucléaire iranien. Quelles répercussions de cette opération sur la scène politique interne et notamment sur le gouvernement de Netanyahu ? Pour l'instant, la scène politique reste soudée dernière le gouvernement. Cependant, des critiques commencent à émerger, notamment sur la façon dont l'opération a été menée. Les critiques ciblent aussi les services de renseignement qui ont été incapables de prévoir la nature du convoi humanitaire et l'équipement des militants de paix. Il existe aussi des divergences sur la façon dont l'enquête doit être menée. Quelle solution politique durable serait souhaitable pour Ghaza, victime d'un blocus et dirigée par un Hamas en conflit ouvert avec l'Autorité palestinienne ? Ghaza subit un blocus de la part d'Israël, mais aussi de la part de l'Egypte. Cette dernière a ouvert le passage de Rafah il y a trois jours, mais pour combien de temps encore ? Je pense que la solution à ce problème passe par une réconciliation nationale entre le Hamas et le Fatah. C'est aux Palestiniens d'entamer un dialogue et d'essayer de trouver un compromis. Toute scission interne ne fait qu'affaiblir le poids de la Palestine face à Israël.