Si le festival est un travail collectif de toute une équipe de compétences diverses, Mahjouba Galfout – qui relève de la Ligue de l'enseignement – FOL57 – sa coordinatrice depuis 2006, en est un chaînon central. On la retrouve dans la coordination artistique, la programmation et le visionnement des films, la programmation et l'accompagnement scolaire et la communication. «Je suis missionnée pour la mise en place de la programmation et la communication en lien avec les deux personnes qui sont sur les réseaux sociaux et avec la presse.» «La programmation se fait de façon collective ; avant seule la ligue de l'enseignement s'en occupait», nous dit-elle. Ce que Mahjouba Galfout retient de ce trentième anniversaire du Festival du film arabe, ce sont les rencontres avec les invités, entre les invités et le public dans la salle et hors salle, les paroles des habitants du quartier croisées à celle du réalisateur/réalisatrice du film. «Les échanges les plus forts sont ceux qui ont lieu hors salle, les habitants qui n'ont pas l'habitude de parler en public se sentent ainsi plus à l'aise pour s'exprimer», souligne-t-elle. Elle rappelle que c'est un festival de proximité. «On est professionnels dans la programmation, mais on veut préserver la proximité, on est dans un quartier populaire. Et de ce fait, c'est aussi une activité sociale.» Et «le festival est un projet du centre social de Fameck. Beaucoup d'autres activités culturelles sont portées par le centre social». Implication des habitants du quartier Aussi, un axe jeune public, avec des actions centrées sur le cinéma est développé tout au long de l'année. Et pour ce faire, «on travaille avec le centre social» : «amener des jeunes à débattre avec un réalisateur, on a tout gagné». «Les jeunes du quartier viennent au local Jeunes, c'est leur lieu. Il y a eu deux rencontres avec Magyd Cherfi au local Jeunes, cela s'est très bien passé», ajoute Mahjouba Galfout. Les habitants du quartier sont impliqués dans le festival. C'est ainsi que l'organisation logistique et l'accueil sont portés par une centaine de jeunes de Fameck. Un point de restauration à l'extérieur est aussi tenu par des jeunes qui avec l'argent recueilli peuvent organiser des voyages. La participation des jeunes du quartier au bon déroulement du festival repose sur le volontariat. Depuis deux, trois ans, ce sont les mêmes jeunes qui reviennent pour la billetterie et l'accueil en salles. Ils ont un temps de formation en septembre. La restauration en salle est confiée à des femmes du quartier. L'argent récupéré contribue à les rémunérer et à payer les ingrédients et produits alimentaires. Pour ce qui est des festivaliers – 15 000 entrées – «on distingue deux sortes de public, un public cinéphile», indique Mahjouba Galfout. «Certains viennent depuis le Luxembourg ou d'autres villes comme Nancy à une heure de route. C'est un public fidèle qui vient voir des films qui ne sortent pas en salles. Le public du quartier vient au festival selon les films programmés et leur thématique. Ainsi, beaucoup de femmes sont venues voir Papicha. Certains pensent que la programmation ne les concerne pas». La sélection des films se fait selon plusieurs canaux, précise-t-elle. «Il y a un appel à films en début d'année ; il y a aussi le réseau construit au fil des années ; la fréquentation des festivals même de programme (Carthage, Oran, Alger, Marrakech…) et toutes les manifestations susceptibles de nous intéresser». L'équipe de programmation se compose de trois bénévoles de la Cité sociale et trois autres de la Ligue de l'enseignement. «A travers le festival, nous défendons des valeurs : laïcité, citoyenneté, ouverture sur le monde. On ne parle pas de politique. Ce qui nous intéresse, c'est le regard du réalisateur sur sa société. Les sujets sont souvent durs, sensibles.» «La sélection est ouverte sur le monde avec des films turcs, iraniens, afghans qui ont leur place.» Le festival, c'est un partenariat de deux structures : la Ligue de l'enseignement et le centre social de Fameck. Il est subventionné par le ministère de la Culture, la Région, la communauté d'agglomération Val de Fensh, le Conseil départemental et la politique de la ville auxquelles viennent s'ajouter quelques aides de structures privées.