L'Algérie sera l'invité d'honneur de la 28e édition du Festival du film arabe de Fameck organisé par la Cité Sociale et la Ligue de l'enseignement (FOL Moselle) et qui se déroulera du 4 au 16 octobre 2017. En France, Fameck fait partie des villes de grande diversité et, avec une population de 13 000 habitants, elle compte les ressortissants de plus de 45 pays. Située à la croisée de la vallée industrielle de la Fensch et de l'Orne, à proximité du Luxembourg, elle a su surmonter la fermeture des usines sidérurgiques liée au désengagement industriel massif en développant des structures sociales et culturelles de qualité et en devenant une ville d'accueil symbole d'ouverture universelle, notamment grâce à son Festival qui se distingue déjà par sa belle longévité ainsi que sa généreuse longueur de douze jours. Le Festival de Fameck, c'est cinquante films pour 110 projections, 15 000 entrées, 35 invités, quatre lieux de diffusion dans la ville et 25 actions décentralisées sur toute la région. Il comprend un espace jeunesse et présente des expositions inédites réalisées et montées par la Cité Sociale. Un espace librairie est consacré au monde arabe, introduisant ainsi une interaction passionnante entre littérature et cinéma. Son riche programme de conférences et tables-rondes, spectacles et animations, abrite deux journées professionnelles : l'une autour de la production cinématographique, et l'autre destinée aux exploitants de salles. A cela s'ajoute un espace d'exposition-vente associatif. Il s'agit d'un festival qui prend la dimension d'une immense fête où la convivialité, la découverte et l'échange sont privilégiés. En portant cette année sa focale sur l'Algérie, le Festival du film arabe de Fameck entend souligner l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes qui se bat pour faire renaître le cinéma algérien, autrefois célèbre. Mais pour cette édition dont El Watan est partenaire, c'est l'ensemble de la cinématographie algérienne qui sera envisagée et le public pourra apprécier la diversité générationnelle, thématique et artistique qui la caractérise à travers la projection de films-cultes ou inédits et lors de rencontres en présence de personnalités du 7e art et de la culture arabe, signalent les organisateurs de cette manifestation. Ils relèvent, par ailleurs, que l'Algérie reste le seul pays du monde arabe à avoir accédé à la Palme d'Or du Festival de Cannes, pour le film Chronique des années de braise (1975) de Mohamed Lakhdar Hamina. La présence culturelle algérienne sera rehaussée en outre par le célèbre comédien, humoriste et écrivain, Fellag, qui viendra rencontrer son public et échanger avec lui sur son parcours, ses expériences et ses visions. Le festival s'attachera cette année à rendre hommage à la mémoire de Mario Giubilei, son président fondateur décédé en décembre 2016. La naissance de la manifestation est d'ailleurs décrite par ses organisateurs comme «la rencontre entre un groupe de jeunes adolescents, passionnés de cinéma, et un prêtre ouvrier nommé Mario Giubilei, animateur du Centre». Le Festival, «local et modeste» à ses débuts, a pris aujourd'hui une ampleur remarquable, devenant «l'un des rendez-vous majeurs de la rentrée culturelle dans la région» et disposant d'une audience honorable au-delà des frontières de la France. Il propose une «programmation riche avec des genres, écritures et mises en scène variées qui représentent les productions actuelles du monde arabe» avec une dominante d'inédits et d'avant-premières et un souci marqué de «promouvoir une cinématographie émergente». Une de ses caractéristiques, qui exprime bien l'état d'esprit qui préside à son organisation, est que tous les films sont projetés en version originale sous-titrée français, une manière de garder la saveur des dialogues et de faire découvrir directement l'univers linguistique du monde arabe dans toute sa diversité. Plusieurs prix animent le palmarès de ce Festival où la compétition artistique n'est pas en reste, au grand bonheur du public qui réunit les habitants de Fameck, les cinéphiles de la région et des professionnels du cinéma et de l'audiovisuel. Le Prix du meilleur long métrage, parrainé par la Communauté d'Agglomération du Val de Fensh, aura à choisir parmi quatre films d'auteur, dont deux algériens : L'étoile d'Alger, (Algérie, 2016, 92') réalisé par Rachid Benhadj et adapté du roman éponyme de Aziz Chouaki ; Le puits (Algérie, 2015, 89'), de Lofti Bouchouchi ; Pluie de sueur (Maroc 2016, 129'), réalisé par Hakim Belabbès et Grand Prix du Festival National de Tanger et enfin, Withered green (Egypte, 2016, 73') de Mohammed Hammad. Le jury presse qui décerne le Prix du meilleur film aura à départager entre : En attendant les hirondelles (Algérie, 2017) de Karim Moussaoui (sélection Un certain regard au Festival de Cannes) ; Corps étranger (Tunisie 2016, 92') écrit et réalisé par Raja Amari ; La belle et la meute (Tunisie, 2017 100') de Khaouter Ben Hania (également sélectionné dans Un certain regard à Cannes) ; Fleur d'Alep de Ridha Behi (Tunisie, 2016, 98'). Pour sa part, le jury du meilleur documentaire devra choisir entre 7 œuvres, mais celui du Meilleur court métrage aura la partie la plus difficile avec une quinzaine de postulants où l'on compte plusieurs œuvres récentes du pays invité d'honneur, l'Algérie, à savoir : A l'ombre des mots de notre consœur d'El Watan, Amel Blidi ; Entre les chambres de Merouane Boudiab ; La reine des fourmis de Leila Artese et Le chant des vagues de Karim Benhadj. Parrainé par le Conseil Départemental de la Moselle, le prix du Jury Jeunes sera attribué parmi une sélection de longs métrages abordant des thématiques autour de la jeunesse et l'identité. On relève aussi le Prix du public, parrainé par la Région Grand Est, qui mettra en compétition sept autres longs métrages dont celui de l'Algérien Sid Ali Mazif, Le patio. Hors compétition, le Festival propose de nombreuses productions dont, pour l'Algérie, Chronique de mon village de Karim Traïdia ; Le crépuscule des ombres de Mohammed Lakhdar Hamina et la série de courts métrages d'animation, Tales of Africa que plusieurs réalisateurs africains ont réalisé en 2015 sous la houlette de Djilali Beskri. Ce programme comprendra une master class avec le réalisateur Mohammed Lakhdar Hamina, ainsi que la projection du film Monsieur Lazhar en présence de son acteur principal, Fellag. Notons enfin la journée professionnelle, intitulée Les rencontres du cinéma : place à l'Algérie, vendredi 13 octobre 2017 à l'Hôtel de Ville de Fameck. L'universitaire et critique de cinéma Mohamed Bensalah abordera l'état du cinéma algérien (bilan, enjeux et perspectives) tandis que Selma Guettaf, romancière et chercheuse, s'intéressera aux nouveaux cinéastes algériens et algériennes et leurs rencontres avec les publics festivaliers. Enfin, le rôle des festivals comme moyen de diffusion sera traité par l'universitaire Patricia Callié et un représentant de l'Association algérienne Project'heurs qui organise depuis plusieurs années les Rencontres cinématographiques de Béjaïa. Entre les cinémas du Machreq et du Maghreb, le Festival de Fameck, aux moyens modestes mais à l'activité énorme, est un rendez-vous aussi plaisant humainement qu'enrichissant culturellement.