Depuis près de deux ans, une nouvelle dynamique semble animer les activités de la cour de Constantine. En dépit des carences toujours constatées, liées essentiellement à des contraintes d'ordre humain et structurel, les spécialistes des questions judiciaires sont unanimes pour relever une amélioration des prestations des différents services au contact direct avec les justiciables. L'installation d'un nouveau staff à la tête de la cour de Constantine n'est pas passée sans avoir un impact positif sur les relations avec le bâtonnat. Le climat de sérénité ayant repris après une phase tumultueuse marquée surtout par des reports interminables des affaires du tribunal criminel traitées lors de sessions marathon. Une situation qui a longtemps soulevé le courroux des familles des détenus et qui a même failli créer une véritable polémique.L'ouverture du système judiciaire, longtemps fermé à la société, par l'organisation de portes ouvertes et la création d'une cellule de communication, a été bien accueillie même si beaucoup d'efforts sont à déployer pour maintenir un contact périodique avec les organes de presse pour une meilleure information et sensibilisation des justiciables. En matière de statistiques, les chiffres des deux dernières années judiciaires de la cour de Constantine, regroupant les tribunaux de Constantine, El Khroub, Zighoud Youcef, Chelghoum Laïd et Ferdjioua, ont affiché une nette amélioration dans le traitement des affaires criminelles et administratives. Ce qui n'est plus le cas pour les affaires relevant du pénal où des spécialistes interrogés s'accordent à dire que les magistrats n'arrivent plus à supporter la cadence infernale imposée, il faut le dire, par une montée vertigineuse de la délinquance. Cela amène à évoquer le déficit en ressources humaines où le nombre des juges désignés pour présider les audiences demeure de loin insuffisant. A Constantine, des magistrats se retrouvent parfois avec plus de 300 affaires pénales à traiter dans des délais très courts, alors que d'autres sont appelés à trancher dans pas moins de trois affaires criminelles en une seule audience. Ce qui aboutit inévitablement à des reports qui n'arrangent guère les citoyens. Parmi ces derniers, certains attendent qu'on tranche leur cas depuis trois ans alors que d'autres parties, toujours en litige, notent, non sans regret, les lenteurs de l'administration et les temps fous pris pour parachever les expertises demandées par le tribunal. De leur côté, les magistrats, qui ne manquent pas de relever l'énorme charge qui pèse sur leurs épaules, accusent le manque d'infrastructures nécessaires pour accomplir une mission des plus sensibles. Il demeure utile de noter que la ville de Constantine n'a pas bénéficié depuis longtemps de tribunaux dignes de ce nom. Le tribunal du boulevard Boudjeriou n'arrivait même pas à contenir la foule dans ses deux minuscules salles, alors que le siège de la cour, sis au passage Me Aït Ahcène, est devenu trop exigu pour abriter les audiences du tribunal criminel et des chambres civiles et administratives. La décentralisation des infrastructures d'accueil, après l'ouverture d'un nouveau tribunal à la cité Ziadia qui abrite les affaires du correctionnel, semble désengorger quelque peu les établissements du centre-ville en attendant la réalisation d'un nouveau siège pour la cour de Constantine, dont le site a été choisi sur le plateau de Aïn El Bey ainsi qu'un nouveau tribunal pour la daïra de Zighoud Youcef. Côté formation, beaucoup de choses sont à revoir notamment chez les greffiers et le personnel du secrétariat appelés à se niveler avec les progrès notés surtout après l'avènement de l'informatique et de l'intranet.