La tension née entre l'Algérie et l'Egypte à l'occasion des matchs de qualification pour la Coupe du monde 2010 a bien dépassé le cadre sportif, révélant des différences culturelles et politiques beaucoup plus profondes. Sept mois après les incidents du Caire, les deux gouvernements continuent d'ailleurs à se regarder en chiens de faïence et peinent à trouver une sortie de crise. Le clash s'est répercuté sur les représentations diplomatiques avant de toucher sérieusement les intérêts économiques. « Dans les zones de conflits endémiques ou de guerre, le football, parce qu'il mobilise les foules et exaspère les passions, reflète fidèlement la violence des antagonismes », écrit Ignacio Ramonet dans son article « Le football c'est la guerre »*. Les antagonistes algériens et égyptiens donnent l'air d'être des enfants de chœur comparés à d'autres exemples. En 1964, à l'issue d'un match opposant l'Argentine au Pérou, des violences entre supporters ont fait trois-cent-vingt morts et plus de mille blessés. Un but refusé par l'arbitre a été la goutte qui a fait déborder le vase d'une haine mutuelle nourrie entre les deux pays. En 1969, le Honduras ira jusqu'à déclarer la guerre au Salvador et l'attaquer sur son sol à la suite d'un match de football. « Parce que chaque rencontre est un affrontement qui prend les apparences d'une guerre ritualisée, le football favorise toutes les projections imaginaires et le fanatisme patriotique », écrit encore Ramonet. Dans un rapport sur Le vandalisme et la violence dans le sport, cité par le site du réseau No passaran, on peut lire ce qui suit : « Le titre de champion n'est pas seulement conquis par une équipe, mais par la société dont elle est issue. La collectivité se projette donc dans l'équipe et place en elle ses espoirs de conquête, son énergie de vaincre, mais aussi ses frustrations personnelles et son agressivité. » article paru dans Manière de voir de mai-juin 1998.