Huit cents millions de dollars. Voilà un chiffre astronomique balancé cette semaine par la presse, qui cite le ministre de la Jeunesse et des Sports, budget qui suggère «représenter les dépenses pour la réalisation de nouvelles infrastructures sportives ainsi que la mise à niveau d'autres installations à Oran dans le cadre des préparatifs de la ville pour l'organisation des 19es Jeux méditerranéens (JM)». Dans un entretien accordé à El Watan, Salim Iles, directeur général des Jeux méditerranéens d'Oran en 2021, tient à préciser que «ce chiffre englobe, dans la réalité, les différents budgets publics sectoriels mobilisés, depuis plusieurs années, par différents ministères pour financer des dizaines de projets structurants dont a bénéficié la wilaya d'Oran, à l'image du complexe olympique en chantier à Bir El Djir, d'une douzaine d'installations sportives satellites, de la nouvelle aérogare, de la liaison autoroutière desservant le port et de bien d'autres structures». Au même moment, Oran et sa région sont concernées par des dizaines de chantiers de rénovation urbaine. La mise au point étant faite, il reste la grande question que tous les Algériens se posent : Oran sera-t-elle prête pour l'organisation de la 19e édition de ces JM, prévue du 25 juin au 5 juillet 2021 ? Salim Iles se veut rassurant et promet de réussir l'épreuve comme il a réussi dans sa carrière extraordinaire de nageur au riche palmarès : «Oui, Oran sera bel et bien prête pour accueillir convenablement ces Jeux. Nous avons tout pour réussir.» Ces propos empreints d'optimisme de Salim Iles sont corroborés par des déclarations élogieuses du président du Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM), Amar Addadi, qui a exprimé, lors de sa récente visite d'inspection à Oran, sa «satisfaction» quant à la nouvelle dynamique marquant les préparatifs de la ville pour accueillir la 19e édition des JM-2021. S'exprimant en conférence de presse à l'issue de la première réunion du Conseil exécutif des Jeux méditerranéens tenue à Oran, le premier responsable de cette manifestation sportive est allé jusqu'à féliciter le comité d'organisation oranais pour les «progrès réalisés» dans les préparatifs de cet événement, estimant que «les efforts déployés depuis la nomination, en août dernier, de Salim Iles comme directeur général des Jeux méditerranéens ont permis de rattraper le retard accusé en la matière par l'ancien comité d'organisation». Ces propos ont été tenus à l'issue de la 7e inspection ordinaire à Oran de la Commission de coordination du CIJM. La Commission de coordination a rencontré le Comité local d'organisation et a visité les chantiers sportifs oranais. Le CIJM a, toutefois, émis quelques réserves liées notamment à l'aspect technique «qu'il faudra bien prendre en charge très rapidement pour que la prochaine édition soit une totale réussite». Mais qui gère concrètement les préparatifs de ces Jeux ? Il faut dire qu'une foultitude d'acteurs y est impliquée. Les ministères respectivement de la Jeunesse et des Sports, de l'Intérieur, de l'Enseignement supérieur, de l'Habitat, des Travaux publics et des Transports, la wilaya d'Oran ainsi que le Comité olympique algérien interfèrent tous dans la gestion, chacun dans son secteur concerné. Coordonné par le Premier ministère, tout ce beau monde gère le volet infrastructurel, c'est-à-dire la réalisation et la rénovation des installations et des infrastructures. Au cœur de tout ce complexe organigramme, se trouve le Comité oranais des Jeux méditerranéens 2021. «Le Comité que je dirige est chargé du volet exclusivement organisationnel qui englobe les aspects techniques, la logistique, l'hébergement, l'accueil des délégations sportives ainsi que la communication et l'animation culturelle et touristique de cette manifestation, le tout dans le stricte respect du cahier des charges du CIJM», explique Salim Iles, qui fait état d'un «avancement accéléré des préparatifs. Depuis notre installation, il y a trois mois, nous avons pu rattraper beaucoup de retard tant sur le plan administratif que budgétaire. L'accélération est notable aussi bien sur le volet qualitatif que quantitatif», affirme-t-il. Autre interrogation : être ambitieux dans un cadre budgétaire restreint sur fond de crise, est-ce compatible ? «Un budget de 180 millions de dinars a été mobilisé pour le fonctionnement du Comité d'organisation au titre de l'année 2020. Ce financement, dont la masse salariale ne dépasse pas les 3%, nous permettra notamment d'acquérir des équipements techniques ultramodernes en vue d'assurer une couverture médiatique de haute qualité à cette manifestation», explique notre interlocuteur. «Nous avons élaboré une ambitieuse stratégie de communication et de marketing médiatique pour cet événement, en incluant des experts dans ce domaine et en utilisant tous les médias, notamment internet. Une chaîne de télévision diffusant sur le web sera lancée pour assurer la promotion des jeux», poursuit-il. Côté installations, le discours est tout aussi rassurant. Le complexe sportif de Bir El Djir sera réceptionné en juin 2020. Ce projet, qui avait été lancé en 2008, a accusé un immense retard. Le complexe comporte un stade de football de 40 000 places, un stade d'athlétisme de 4500 places, une salle omnisports de 6000 places et un centre nautique. Un village méditerranéen devrait également être réceptionné pour l'hébergement d'une bonne partie des 14 000 athlètes issus de 27 pays qui vont concourir à travers 24 disciplines sportives. Oran, qui accueillera près de 15 000 étrangers, dont environ un millier de journalistes internationaux, réussira-t-elle son pari ? «Notre pari est de réussir à mobiliser tout le monde», note Salim Iles qui insiste sur «l'impérative sensibilisation de l'ensemble des citoyens pour la bonne organisation de cet événement, d'autant que sa réussite est tributaire de l'implication harmonieuse de tous les acteurs de la société civile, des bénévoles et des volontaires».