Le cancer du sein touche, en Algérie, des sujets jeunes, contrairement à ce qui se présente en Europe. Dans le souci de sensibiliser ses employées sur cette maladie, la direction générale de Sonatrach a organisé, hier, une journée d'information médicale. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui a inauguré les travaux de la journée, s'est félicité de cette initiative et n'a pas écarté l'idée du lancement d'un programme de dépistage de ce cancer au profit des travailleuses. « Nous sommes tenus de préserver la santé de nos ressources humaines », a-t-il déclaré. Un documentaire portant sur des témoignages de femmes atteintes de cancer du sein et prises en charge au niveau du centre Pierre et Marie Curie (CPMC) à Alger a été présenté par le docteur F. Chouiter Aoualit de Sonatrach. Il met en relief l'ampleur de cette maladie. De son côté, le docteur Felilissa de la PMI (Sonatrach) a donné un aperçu sur l'expérience de l'entreprise dans la consultation de sénologie depuis 1997. Sur 1171 personnes consultées depuis cette date, 31 lésions malignes ont été décelées (cancer du sein) dont 3 cas à un stade avancé. Le professeur Hammouda, chef du département contrôle des maladies néoplasiques, est revenu sur la définition de la maladie pour se focaliser sur le cancer du sein, son aspect épidémiologique, ses facteurs de risque et sa prévention. Elle a signalé que le cancer du sein touche en Algérie les jeunes femmes, et la moyenne d'âge est généralement de 48 ans. Selon elle, la maladie est en progression et les prévisions sont alarmantes. Citant l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le professeur Hammouda a relevé que 300 millions de cas de cancer sont prévus dans les pays en développement, « lesquels ne disposent que de 5% des ressources nécessaires pour la prise en charge ». L'Algérie enregistre, selon elle, 20 000 nouveaux cas de cancer par an, et le cancer du sein représente 25% de ces cas. Sur une période de dix années, la wilaya d'Alger a enregistré 12 000 cas de cancer dont 3000 cas de cancer du sein. Revenant sur les principaux facteurs de risque (génétique, hormonaux, traitement de la ménopause...), le professeur Hammouda a insisté sur la prévention de la maladie - en situation épidémique dans le monde - qui consiste en un diagnostic précoce et un dépistage. La prévention primaire est impossible à assurer. Pour elle, une fois ces deux aspects conclus, une thérapeutique appropriée et rapide assure une guérison définitive. Le professeur Bendib, chef du service sénologie au CPMC, est revenu sur les traces du cancer du sein, découvert pour la première fois en 1600 avant Jésus-Christ sur une momie. La médecine et la recherche ont depuis cette époque évolué et l'incidence du cancer du sein aussi. Selon lui, 1332 cas ont été traités dans les différents centres du pays. Il s'agit d'Alger, de Constantine, d'Oran et de Blida en 2002 dont 705 ont été pris en charge au CPMC. Il a relevé que sur 683 cas traités en 2003 au Centre, 40,4% sont âgées de moins de 50 ans. Il a souligné que 22% des femmes présentant un cancer du sein n'ont jamais eu d'enfant et 10% de l'ensemble des cancers sont familiaux. Sur l'ensemble des cas traités, 70% ont subi l'amputation et 30% ont bénéficié de traitements conservateurs. Les facteurs pouvant augmenter le risque de cancer du sein sont, selon lui, la ménopause tardive, l'âge tardif de la première grossesse, l'alcool, le tabac, les radiations ionisantes, la contraception orale... Concernant les facteurs protecteurs, il s'agit de l'allaitement, la castration d'ovaires et l'alimentation à base de légumes et fruits. Il a souligné que malgré un accroissement relativement important du cancer du sein, son incidence est faible en Algérie. Mais il est appelé à connaître une augmentation à l'avenir en Algérie pour atteindre l'aspect du « cancer européen ». Il a déploré ainsi le manque d'équipements et de structures adéquats pour une meilleure prise en charge. En matière de prévention, le professeur Bendib a insisté sur le dépistage, la formation des médecins et du personnel de soutien et la mise en place d'un programme de lutte contre le cancer. Le dépistage ciblé chez les patientes à risque héréditaire et le dépistage de masse organisé du cancer du sein ont été présentés respectivement par le docteur Kraiba du service cytologie au CPMC et le professeur Bouzid, chef de service oncologie au CPMC. La direction générale de Sonatrach prévoit l'organisation, dans les prochains mois, de journées d'information similaires sur les cancers du col de l'utérus, de la prostate et du côlon. Il est également question, selon certaines sources, de la mise en place de programmes de dépistage concernant ces différentes pathologies.