Le coût d'un kilogramme de safran ainsi obtenu varie entre 6 à 8 millions de dinars. En France, par exemple, son prix dépasse les 30 000 euros. La culture du safran à Djelfa est une expérience pionnière concluante, initiée par le jeune Abderrahmane Banouh Khelili, incité en cela par la très haute valeur marchande de «l'or rouge», considéré comme un secteur économique à haute rentabilité, dans de nombreux pays, selon des spécialistes de ce type de cultures à valeur ajoutée pour le secteur agricole. A l'origine de son immersion dans cette «aventure passionnante», comme qualifiée par lui, le jeune Khelili a cité une journée d'information, sur la «culture du safran», organisée par la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya. «Ce fut pour moi le déclic. J'ai commencé dès lors à réunir toutes les informations relatives à ce type de culture agricole», a-t-il raconté dans un entretien à l'APS. Et de poursuivre : «J'étais déterminé à me lancer dans cette aventure en dépit des frais exorbitants des bulbes de safran. J'ai lancé mon projet sur mes fonds propres, soit près de 5 millions de dinars», a-t-il fait savoir. Il a signalé l'entame de sa première récolte de safran début décembre courant. «La quantité de stigmates cueillis, durant cette première semaine, est un prélude à une bonne campagne, en dépit de sa modestie», a-t-il assuré. Ce jeune conquérant de l'«or rouge» des temps modernes, n'a toutefois pas manqué de se féliciter de la «disponibilité de la ressource humaine» nécessitée pour son projet, «contrairement à ce qui est généralement de rigueur concernant tout nouveau projet d'investissement en butte au problème de main d'œuvre qualifiée», a-t-il expliqué. Relatant le processus de lancement de sa safranière depuis ses débuts, Abderrahmane Banouh Khelili a fait part de la location d'une assiette à la sortie sud de la ville de Djelfa, non sans louer le «soutien et l'accompagnement» assurés (à son profit) par les services de la DSA. Il a exprimé son souhait d'agrandir, à l'avenir, sa safranière, voire même de tenter de nouvelles aventures, comme la culture du champignon, qui est très adaptée à la région. Une safranière d'un hectare Le jeune promoteur a souligné l'impératif d'un suivi strict de certaines règles et normes mondiales, sans lesquelles la culture du safran ne peut réussir, à l'exemple de l'irrigation agricole devant être assurée à sa safranière, s'étendant sur une surface d'un hectare. Il a cité entre autres bases préconisées dans la culture du safran, l'enterrement des bulbes à une moyenne de 15 cm de profondeur en les espaçant de près de 15 cm. L'opération de culture est généralement entamée au mois de septembre dans un sol bien préparé et désherbé, la floraison débute vers le mois de décembre et la cueillette se fait à des périodes diverses. Après la cueillette des fleurs qui se fait à la main, on procède à la récupération des stigmates de la fleur (ou pistils généralement rouge clair), qui sont ensuite séchées sur des feuilles de papier, en vue de l'obtention du célébrissime pistil de safran séché, considéré comme la plus chère épice au monde, eu égard à ses vertus thérapeutiques et alimentaires avérées. Et pour cause, le coût d'un kilogramme de safran ainsi obtenu varie entre 6 à 8 millions de dinars. En France par exemple, son prix dépasse les 30 000 euros le kilogramme. Absence de laboratoire de certification Concernant la certification de la qualité de son produit, M. Khelili a déploré l'absence d'un laboratoire de certification nationale, qui de ce fait contraint les producteurs de safran en Algérie, en dépit de leur petit nombre, à envoyer des échantillons de leur produit vers des laboratoires de certification étrangers pour obtenir la «certification ISO 3632». Il s'est, en outre, félicité de la «certification de qualité» obtenue par le safran de Djelfa, dont la culture est parfaitement adaptée à cette région, située à 1100 m au-dessus de la mer. «Nous nous attendions à ce résultat positif qui augure de beaucoup de bien pour cette culture», a-t-il observé. Des efforts en vue de la généralisation des expériences réussies «La DSA de Djelfa mise beaucoup sur la plate-forme d'orientation et de soutien consultatif en vue d'encourager l'investissement dans nombre de filières agricoles à rentabilité économique», a indiqué à l'APS l'ingénieur agricole Said Essaid, chef du bureau d'orientation à la DSA. Le responsable a mis en avant la contribution des journées de formation organisées par sa direction dans la «réussite» du projet de M. Khelili, dont l'expérience concluante «est susceptible de promouvoir la wilaya de Djelfa en un pôle agricole dans ce type de cultures à l'avenir», a-t-il estimé. Encore plus, M. Essaid a souligné l'accompagnement assuré (par la DSA), à ces projets pilotes, à travers un suivi technique de ce type de cultures à haute rentabilité économique. Il a signalé la «sélection de la wilaya de Djelfa par la tutelle pour la mise en œuvre de la plate-forme d'orientation et de soutien consultatif, visant la promotion de nombreuses filières agricoles qui vont promouvoir la wilaya en un pôle agricole par excellence», selon les objectifs fixés pour ce programme. Après avoir admis que ce succès est surtout le fruit de l'esprit d'initiative et de la grande détermination animant Abderrahmane Banouh Khelili, qui a été aidé par les conditions propices et le climat adapté de la région, le chef du bureau d'orientation à la DSA, a fait part d'efforts consentis en vue de la généralisation de ce type d'expériences à la totalité des communes de Djelfa. A noter l'organisation, cette année, par la DSA de Djelfa, de deux journées de formation, la première, en août dernier, axée sur la culture du safran, et la 2e, à la fin novembre passé, pour l'encouragement de la culture du champignon. Soit deux filières agricoles réputées être à haute rentabilité économique.