L'honneur de la clôture de la troisième édition des journées constantinoises du monologue, abritée par le Théâtre régional de Constantine du 23 au 27 mars 2005, est revenu au talentueux acteur et humoriste Kamel Bouakaz. Doté d'un sens poussé pour l'improvisation et un jeu sobre et sans fioritures, le jeune Kamel a prouvé dans sa pièce Ennaoura, présentée dans la soirée de dimanche dernier, qu'il demeure parmi les révélations prometteuses de la nouvelle génération du théâtre algérien. Avec un style dont il détient seul le secret, il a réussi à faire vibrer un public qui n'en demandait pas autant, traitant un sujet d'actualité à travers les pérégrinations d'un simple citoyen dans les dédales de la bureaucratie administrative. La célébration de la Journée mondiale du théâtre coïncidant avec la soirée de clôture de ces journées a été, par ailleurs, réduite à sa plus simple expression. Une action symbolique marquée essentiellement par la lecture du message international adressé, à l'occasion, à tous les théâtres du monde. Un appel au secours rédigé poétiquement par Ariane Mnouchkine, metteur en scène et directrice du Théâtre du soleil en France, traduit en arabe par Mohamed Saïd Touidjine. Avant la tombée du rideau, le public présent devait veiller tard pour connaître le nom des heureux élus pour les quatre meilleurs prix parmi les douze monologuistes ayant pris part à la compétition. On saura ainsi que la première distinction est revenue au jeune Tewfik Mezghache de Sétif pour sa pièce Le Retard, alors que le second et le troisième prix sont revenus respectivement à Hadar Malek de Bordj Menaiel pour L'Emigré et Tahar Krour d'El Eulma pour Le Message, alors que le prix spécial du jury a été décerné à Djawasti Souad de l'association El Ichara de Mostaganem pour son monologue Lalla Hayat. Les échos recueillis auprès de ceux qui ont suivi de très près les œuvres présentées révèlent que le niveau était tout juste moyen, mis à part deux textes qui sont sortis du lot. Le fait que les textes sont écrits par les acteurs eux-mêmes n'aura pas apporté l'originalité tant attendue surtout que la plupart des thèmes abordés tournent autour des éternels soucis des jeunes Algériens. Si la manifestation a atteint ses objectifs par la création d'une ambiance théâtrale et d'un espace d'expression tant recherché, et surtout par le fait d'avoir permis des rencontres inespérées de nos jours entre les gens du quatrième art, d'autres facteurs ne manqueront pas de gâcher la fête. La défection injustifiée, l'indifférence et la nonchalance montrée par les autorités locales ainsi que le manque de médiatisation et l'absence du public ont été parmi les points noirs d'un événement qui promettait beaucoup de choses. Dans ce volet, il faudra saluer la contribution notable de l'association des femmes créatrices Assouat El Madina, présidée par Mme Mounira Saâda Khelkhal, présente dans le comité d'organisation, et qui prend part pour la première fois à une manifestation d'une pareille envergure. « C'était une étape très importante et positive dans la courte existence de notre association à laquelle nous avons pu contribuer tout en faisant la part des choses sur les difficultés organisationnelles », nous dira Mme Mounira Saâda Khelkhal. Le budget jugé insuffisant alloué par la wilaya, évalué à 650 000 DA, et les promesses non tenues de l'APC ne permettront pas de donner à ces journées la dimension tant voulue, surtout que la direction de la culture espère en faire une tradition annuelle purement constantinoise. Une entreprise que certains qualifieront de tentative pour secouer le rocher, surtout face à l'inculture des élus.