La diplomatie algérienne est de retour sur la scène internationale. Evitée depuis une vingtaine d'années par les puissances étrangères, l'Algérie renoue avec les grands rendez-vous internationaux. Alger est à nouveau une escale qu'il est important de consulter pour parler de paix et de règlement de problèmes, particulièrement ceux qui concernent la région. Il faut dire que Bouteflika a paralysé la diplomatie algérienne, la réduisant à un rôle mineur. Dès son arrivée au pouvoir en 1999, il avait donné instruction pour qu'aucune décision ne soit prise sur la politique étrangère sans son aval. Avec son ego démesuré, il se disait que personne n'avait une maîtrise aussi parfaite de ce sujet autre que lui. Il avait commencé à étouffer une question sensible, comme celle du Sahara occidental, laissant le terrain libre aux Marocains, au point que des pays ne connaissant du Sahara occidental que le nom ont ouvert des consulats à Laâyoune, sans doute contre espèces sonnantes et trébuchantes. Abdelkader Messahel avait cherché à sauver les meubles. Seul, pas soutenu par la Présidence algérienne, il lui était difficile de redorer le lustre d'antan de notre diplomatie. Ramtane Lamamra, avant lui, s'était attelé aux dossiers sensibles qui interpellaient particulièrement l'Algérie : la Libye et le Mali. Il était sur le point de réussir et on disait alors que s'il arrivait à restaurer la paix dans ces deux pays, il aura beaucoup de chance de remporter le prix Nobel de la paix, une perspective qui vraisemblablement ne devait pas du tout plaire à Bouteflika. Aussi, ce dernier écartera-t-il totalement ce diplomate chevronné reconnu au niveau international et qui ne tardera pas à être appelé par l'ONU et l'UA à des postes importants. Même Saïd Bouteflika, son frère, s'était mis de la partie. Il se rendait régulièrement au ministère des Affaires étrangères pour instruire les diplomates de s'écarter de l'affaire du Sahara occidental. La démission de son frère de la Présidence a provoqué un grand soulagement au ministère des Affaires étrangères. Car, durant ce long règne, plus personne n'évoquait l'Algérie dans le monde. Son influence s'était totalement estompée dans le concert des nations par la volonté d'un homme qui avait paradoxalement un compte à régler avec son propre pays. Aujourd'hui, il est permis de croire que l'Algérie diplomatique renaît de ses cendres. Depuis que Abdelmadjid Tebboune a frappé sur la table en disant qu'une entrée des hommes de Haftar à Tripoli serait le franchissement d'une ligne rouge inacceptable, le monde commence à lorgner vers Alger. Les hauts responsables, d'Europe surtout, se remettent à visiter le pays. Le nouveau chef de l'Etat a été invité à Berlin pour une conférence internationale sur la Libye. Tout le monde sait qu'il n'y aura pas de paix dans ce pays si l'Algérie n'est pas impliquée. Le chef d'un parti de l'opposition libyenne l'a avoué sans ambages. Dans cet esprit, la Présidence a proposé de recevoir une rencontre de réconciliation de toutes les parties libyennes. Notre pays sort doucement mais sûrement de l'isolement dans lequel l'a confiné Bouteflika, il appartient aux diplomates de montrer leurs grandes et belles compétences, qui ont de tout temps fait la fierté de l'Algérie.