L'année 2005 devrait connaître les visites en Algérie de plusieurs hauts responsables russes. Celle très attendue, bien sûr, du président Vladimir Poutine, probablement en décembre. Mais aussi celles, durant le premier semestre, du Premier ministre, Mikhaïl Fradkov, et du ministre des Affaires étrangères, Sergey Lavrov. C'est dans cette offensive russe que s'inscrit le séjour, depuis hier à Alger, de Sergey Mironov, président du Conseil de la Fédération de Russie (Sénat). C'est-à-dire la haute chambre du parlement instituée à côté de la Douma comme deuxième chambre. Accompagné de cinq parlementaires occupant des postes des plus importants, l'homologue de Abdelkader Bensalah aura, durant deux jours, une série d'entretiens avec MM. Bouteflika, Ouyahia et Saïdani. Parmi les membres de cette délégation figure, notamment, Mikhaïl Sorokine, membre du comité de la défense et de la sécurité. Celui-ci ne manquera pas d'aborder, avec ses pairs algériens, le plan d'action du conseil OTAN-Russie contre le terrorisme adopté le 9 décembre 2004 à Bruxelles. Un plan qui prévoit un certain nombre de mesures destinées à renforcer les capacités de la lutte antiterroriste internationale. Il renvoie surtout à une coopération plus intense dans le cadre de l'opération Active Endeavour de l'OTAN qui vise à déjouer les actes terroristes en Méditerranée. L'Algérie étant impliquée dans cette initiative dans le cadre de ses contacts avec l'Alliance atlantique. En cela, il faut dire que la coopération militaire reste l'élément essentiel des échanges algéro-russes. Pour preuve, plusieurs projets dans ce domaine ont été retenus, fin janvier dernier, lors de la tenue à Alger de la 5e session de la commission militaire intergouvernementale mixte. Il s'agit principalement des questions liées à la formation, aux visites d'experts et à la fourniture d'armement. Ce vecteur de la coopération s'est renforcé à la faveur du séjour, en septembre dernier en Algérie, de Mikhaïl Dmitriev, chef du service fédéral de la coopération militaire et technique au Kremlin, et du déplacement, durant le mois de juillet de la même année en Russie, du général de corps d'armée Mohamed Lamari, ex-chef d'état-major de l'ANP. Sur ce registre, il y a lieu de rappeler que le premier satellite algérien (Alsat I) a été lancé, le 28 novembre 2002, par une fusée porteuse russe à partir du cosmodrome de Plesetsk, situé à 600 km au nord-est de Moscou. Une opération qui a permis à l'Agence spatiale algérienne (ASAL) et à l'Agence fédérale russe de signer, le 9 octobre dernier, un mémorandum d'entente et de coopération dans ce domaine. D'ailleurs, l'ASAl demandera, le mois suivant, à la partie russe de lui soumettre une offre détaillée sur le projet de conception et de réalisation d'un satellite d'observation de la Terre à haute résolution. Hormis cela, les relations algéro-russes n'ont pas connu des développements notables ces deux dernières années. Cet état de fait s'explique en partie, selon des sources bien informées, par les divergences apparues quant à la définition des priorités entre la tenue de la commission mixte et le règlement de la question de la dette algérienne évaluée à 3 milliards de dollars. Pour la Russie, pressée d'aboutir à des accords de coopération permettant à ses entreprises de s'implanter dans notre pays, la tenue de la commission mixte revêt un caractère d'urgence. Alors que la partie algérienne estime que la convocation de cette commission devrait être précédée de discussions substantielles autant sur le montant de la dette (conciliation des chiffres) que sur l'approche devant présider à son règlement. Au plan régional, il est bon de mentionner que la Russie a été le seul pays européen à avoir voté en faveur de la dernière résolution de l'ONU sur le Sahara-Occidental à l'ONU. Certes, Moscou ne reconnaît pas encore la RASD, mais elle entretient ce qu'elle appelle « des contacts de travail » avec le Polisario. A signaler, enfin, que Sergey Mironov est programmé pour animer, aujourd'hui à 14h30 au siège du Conseil de la nation, une conférence intitulée : « La politique économique et sociale russe ».