L'Espagne, sûre de sa force, a des atouts avant sa première demi-finale de Coupe du monde, qui se déroulera mercredi à Durban contre l'Allemagne : elle possède un joueur touché par la grâce, David Villa, des certitudes dans le jeu et parvient à attendre le réveil de Fernando Torres. Villa Les champions du monde ont presque toujours été entraînés vers la gloire par un joueur d'exception au sommet de sa forme au moment du tournoi. Après Pelé, Beckenbauer, Maradona ou Zidane, David Villa peut-il conduire son équipe au titre suprême ? En Afrique du Sud, le néo-Barcelonais est intenable. A chaque prise de balle, il semble avoir une bonne idée, sait créer des brèches, des décalages, et surtout marquer des buts, déjà cinq en autant de matches, ce qui en fait pour l'instant le meilleur buteur du Mondial. Ces buts portent aussi la marque de sa très grande volonté, à l'image des deux derniers, la rage pour s'extraire et reprendre une seconde fois le ballon après un tir arrêté contre le Portugal, la rage encore et la réussite pour marquer avec un rebond sur chaque poteau contre le Paraguay. Imagination, volonté, réussite : en ce moment, Villa a tout. Des garanties défensives Le champion d'Europe a des certitudes, pour n'avoir perdu que deux fois en 53 matches, contre les Etats-Unis en Coupe des Confédérations, l'an dernier, et contre la Suisse au début du Mondial, à chaque fois en ayant dominé et flanché sur contre-attaque. La France championne du monde 1998 et d'Europe 2000, un doublé dont l'Espagne rêve (mais dans l'autre sens), alignait ce genre de statistiques de quasi-invincibilité. La claque suisse a paradoxalement fait du bien à l'Espagne en l'incitant à rester vigilante. Elle a aussi traumatisé Vicente Del Bosque, qui, depuis, joue avec deux milieux récupérateurs (Xabi Alonso et Sergi Busquets) plutôt qu'un seul, au détriment par exemple d'un perceur de murailles comme David Silva ou Cesc Fabregas. Mais il faut se rassurer contre une équipe d'Allemagne qui vient de passer quatre buts à l'Angleterre (4-1) et à l'Argentine (4-0). Enfin, si l'Espagne a peiné contre les Guaranis, elle devrait bénéficier de plus de courant contre une équipe joueuse comme l'Allemagne, qui laisse des espaces. « Je pense que ce sera un grand match entre deux équipes qui aiment avoir la balle », pronostique Andres Iniesta, le milieu espagnol. Malgré Torres L'Espagne peut être optimiste : elle gagne à dix. Si Villa est au rendez-vous, l'Espagne ne peut pour l'instant pas compter sur Fernando Torres, son attaquant vedette, buteur en finale de l'Euro-2008 contre l'Allemagne (1-0). El Niño est resté muet en Afrique du Sud : il n'a pas joué un seul match en entier et n'a rien réussi sur le terrain. « Marquer dans ce Mondial ? J'espère, j'en suis sûr », dit Torres. Comme d'autres stars avant lui (Rooney, Cristiano Ronaldo, Messi...), il passe pour l'instant à côté de son Mondial mais s'accroche au « syndrome Paolo Rossi » : en 1982, l'Italien était passé complètement à côté de son début de Mondial avant d'en être le vainqueur, le héros et le meilleur buteur (6 buts). Mais l'Italien s'était réveillé lors des trois derniers matches, il n'en reste plus que deux à Torres...