Chaud devant : deux ans après leur duel en finale de l'Euro 2008, l'Allemagne et l'Espagne se retrouvent pour une demi-finale explosive du Mondial 2010 ce soir à Durban (19h 30), qui devrait consacrer le beau jeu et la flamboyance. La dernière fois que ces deux équipes se sont rencontrées, l'Espagne avait dominé l'Allemagne (1-0) dans une finale à sens unique pour s'offrir son premier titre majeur depuis 1964. Entre Vienne et Durban, Espagnols et Allemands ont suivi chacun leur voie, mais elle les amène quasiment au même point. Avec ses champions d'Europe 2008 et son football léché, la Roja est présentée comme la meilleure équipe de la planète, tandis que la Nationalmannschaft enthousiasme par sa jeunesse, son insolence et son jeu si peu allemand. Si les hommes de Vicente Del Bosque ne pouvaient pas plus mal commencer le tournoi en s'inclinant contre la Suisse (0-1) et en n'affichant pas la facilité de l'Euro 2008, ils sont les premiers dans l'histoire de leur football à atteindre les demi-finales d'une Coupe du monde. Ils peuvent faire mieux que la 4e place décrochée en 1950 au terme d'une poule finale et mettre fin à la malédiction qui semble depuis accabler tous les quatre ans les sélections espagnoles. « On connaît une période très bonne du football espagnol depuis quelques années, et arriver parmi les quatre premiers d'un Mondial, c'est magnifique », s'est félicité Del Bosque. Le sélectionneur espagnol profite à fond de l'âge d'or de son pays en Europe, incarné par le FC Barcelone et les résultats vertigineux de la Roja (deux défaites en 53 matches depuis novembre 2006 !). L'envie de Schweinsteiger L'Espagne version 2010, c'est David Villa, auteur de cinq des six buts de son équipe, une maîtrise du jeu et une possession du ballon toujours largement supérieure à ses adversaires. C'est aussi une équipe qui coince depuis peu dans la finition et qui rencontre des problèmes face aux équipes regroupées en défense (défaite face à la Suisse, courtes victoires 1-0 contre le Portugal et le Paraguay), ce que l'Allemagne n'est résolument pas. « Je vois une Espagne qui joue de mieux en mieux, imposant son jeu dans presque tous les matches », a tenté de rassurer Luis Aragones, le sélectionneur du titre européen en 2008. Et pour les cadres espagnols qui arrivent à maturité comme Puyol, Xavi, Villa et Iniesta, c'est maintenant ou jamais. L'Allemagne n'a pas ce souci : avec sa moyenne d'âge de 24,9 ans — la plus basse depuis 1934 pour une sélection allemande en Coupe du monde — et des prodiges comme Özil, Khedira, Neuer et Müller, suspendu mercredi, l'avenir lui appartient. Mais après avoir détruit l'Angleterre (4-1) en 8es de finale et l'Argentine (4-0) en quarts, cette jeune Allemagne, qui a atteint le dernier carré comme ses devancières de 2002 et 2006, veut aller au bout. « Je suis rentré les mains vides deux fois après le Mondial 2006 et l'Euro 2008, je n'ai pas envie de revivre cela », a prévenu Bastian Schweinsteiger, qui a fait oublier sans mal Michael Ballack, forfait sur blessure. Mercredi, Joachim Löw sera privé du culot de Thomas Müller, mais il pourra compter sur la fiabilité de Miroslav Klose, son attaquant de pointe qui a déjà fait mouche quatre fois. « Miro », 32 ans, peut détrôner le Brésilien Ronaldo, détenteur du record de buts en Coupe du monde (15), mais c'est le cadet de ses soucis : A choisir, « je préfère le titre mondial », a lâché Klose.