Après quatre mois d'attente, la police a son nouveau chef. Au défunt colonel Ali Tounsi, assassiné dans son propre bureau le 25 février dernier, succède à un autre militaire, le général (désormais major depuis le 5 juillet) Abdelghani Hamel. Sans surprise donc, puisque le nom de ce haut gradé de l'armée circule dans le milieu médiatique depuis plusieurs semaines. Le général Hamel ne manque certainement pas d'expérience, lui qui a eu à occuper plusieurs postes de responsabilité au sein de différents corps de l'armée. Avant d'être désigné à ce poste, le général Hamel, 52 ans, dirigeait la Garde républicaine. Il a pris le commandement de ce corps en juin 2008, en remplacement du général El Ayachi Gherid. Avant d'être à la tête de la Garde républicaine, il était le commandant des gardes-frontières au niveau de la Gendarmerie nationale, et ce, de 2005 à 2008. A la tête de la DGSN, le général Hamel aura du pain sur la planche tant le corps de la police a besoin d'un nouveau souffle et connaît de multiples problèmes. L'assassinat d'Ali Tounsi a laissé bien des séquelles au sein de ce corps, qui compte aujourd'hui quelque 150 000 éléments. Cet assassinat a soulevé plusieurs interrogations et a bien relancé la question de la prise en charge psychologique des employés de cette institution aux attributions sécuritaires de plus en plus importantes. Avant ce drame, plusieurs bavures policières avaient été enregistrées. En décembre 2008, un agent de la police aux frontières, au port de Béjaïa, âgé d'environ 50 ans, avait tiré à l'entrée de cette structure portuaire plusieurs balles sur son supérieur avant de se donner la mort en se tirant une balle dans la tête. Pour le seul mois de septembre 2009, pas moins de trois policiers ayant « perdu la tête » ont commis de véritables carnages. Dans la commune de Zitouna, wilaya d'El Tarf, un policier, père de deux enfants en bas âge, a tiré à bout portant sur sa femme avec son arme de service, la tuant sur le coup. Il a retourné par la suite son arme contre lui, se tuant d'une balle dans la tête. Le même mois, à Tissemsilt, un policier a tué son ami d'une balle avec son arme de service. A l'origine du drame, qui a eu lieu le jour de l'Aïd El Fitr, une simple altercation entre les deux hommes. Toujours durant le même mois, un agent de l'ordre public d'une commune de Annaba tue deux hommes avant de prendre la fuite. En octobre 2009, à titre de rappel, deux jeunes ont été froidement tués à Alger par un policier qui aurait déliré. En avril dernier, un jeune habitant de Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdès, a été mortellement blessé par un policier. L'acte a provoqué une grande colère et des émeutes qui ont mis sens dessus-dessous la coquette ville de Zemmouri. Souvent, l'expertise psychiatrique décèle chez les auteurs de ces bavures des dépressions nerveuses ou des troubles émotionnels non maîtrisés. Ce fut le cas de cette jeune policière en poste à Annaba qui avait, en janvier dernier, ouvert le feu sur les sœurs de son ex-fiancé qui l'avait quittée quelques jours auparavant. Tout en ébranlant la corporation, ces drames ont gravement terni l'image de la police, un corps déjà mal vu par la population qui voit en lui beaucoup plus une machine de répression qu'un instrument assurant sa sécurité. Outre redorer le blason de la police, le nouveau patron de la DGSN devra renforcer la lutte antiterroriste, notamment dans les zones urbaines. Une tâche qui s'annonce d'ores et déjà difficile, même si le général Hamel figure parmi ceux qui ont une connaissance pointue du dossier sécuritaire, dont la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Dans ce sens, le nouveau DGSN aura à réorganiser le corps de la police et à améliorer la qualité de la formation. Il s'attellera dans ce sillage à mettre en place un encadrement de qualité. Autre dossier sur lequel il devra se pencher rapidement, celui de la corruption qui gangrène ce corps depuis des années. Plusieurs scandales ont éclaté au grand jour, notamment en ce qui concerne la passation de certains marchés pour l'achat d'équipements. Autant de dossiers et bien d'autres laissés grands ouverts par le défunt Ali Tounsi… C'est dire que le nouveau poste du général Hamel est loin d'être une sinécure.