Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a critiqué hier, dans la presse danoise, le traitement « injuste » réservé par l'Union européenne à la Turquie et notamment le manque de volonté affiché par l'UE de donner plus d'influence à ce pays. « Il est essentiel que nous maintenions la Turquie dans un partenariat étroit, non seulement avec l'Otan où ce pays est un allié très précieux, mais aussi avec l'UE », déclare M. Rasmussen dans le quotidien Politiken (centre gauche). Sans vouloir s'immiscer, dit-il, dans les négociations d'adhésion en cours d'Ankara avec Bruxelles, l'ex-Premier ministre danois appelle néanmoins l'UE à « prendre une série de dispositions pragmatiques pour améliorer les relations avec la Turquie, tout à fait en dehors des négociations » sur l'entrée de ce pays dans la famille européenne. M. Rasmussen exhorte l'UE à trouver un arrangement avec la Turquie, qui souhaite siéger à l'Agence européenne de défense (AED), un organisme de recherche et développement militaire, et à donner aux Turcs plus d'influence sur les opérations militaires sous drapeau de l'UE auxquelles ils participent. « Je pense en fait que c'est injuste » d'écarter ainsi la Turquie de cette coopération au sein de l'AED, souligne-t-il, notant que « la Norvège, autre pays de l'Otan non membre de l'UE, y est associée ». « Pourquoi la Turquie n'y a-t-elle pas droit ? », interroge-t-il, « ne voyant aucune explication à cela, même lorsqu'il était Premier ministre » du Danemark jusqu'en avril 2009, date de sa nomination à la tête de l'Alliance atlantique. Il rappelle que la Turquie entretient « le second contingent par la taille en Bosnie au sein de l'opération conduite par l'UE mais sans pour autant être impliquée dans les décisions » concernant cette mission. « Ce n'est pas raisonnable », affirme M. Rasmussen, estimant que « l'UE devrait envoyer un signal clair selon lequel la Turquie a sa place dans le cercle occidental ».