La Journée internationale des zones humides est célébrée le 2 février de chaque année. Cette date, qui marque l'anniversaire de la convention de Ramsar, revient régulièrement pour secouer nos consciences et nous mettre en face de nos inconséquences. Elle nous rappelle, du haut de ses 50 ans, les engagements non tenus, les dérobades et les fuites en avant. «L'Algérie a ratifié ce traité en 1982, mais depuis aucune mesure de protection n'est prise pour protéger ces écosystèmes fragiles. Le paradoxe est que dans l'arsenal législatif algérien aucune disposition de loi ne fait référence, de manière explicite, aux zones humides», s'offusque un agent de la Conservation des forêts. «Pourtant, rappelle-t-il, les pouvoirs publics ont élaboré en 2015 une stratégie de gestion écosystémique de ces zones humides, laquelle stratégie est déclinée par un plan d'action. Hélas, rien n'a encore été mis en exécution». Cours d'eau, retenues collinaires, lacs, mares et tourbières, ces berceaux de la biodiversité, d'importance écologique et économique avérée, sont malmenés et profanés par l'activité anthropique. Leur gestion irrationnelle et leur exploitation abusive sont aux antipodes du développement durable. Dans certaines zones humides, comme Oued Soummam, la rupture de l'équilibre écologique est consommée depuis longtemps. Soumis à un étiage sans précédent, l'écosystème est devenu un réceptacle à ciel ouvert de tous les rejets polluants. Le milieu est, en outre, dépouillé de son substrat alluvionnaire et, pour boucler la boucle, la pénétrante autoroutière est venue le morceler et le défigurer sur toute sa longueur. Oued Agrioune, à l'est de la wilaya, est tout aussi ostensiblement souillé par les ordures, les eaux usées et victime d'un prélèvement anarchique de ses alluvions. Le lac noir d'Akfadou, qui fait partie d'un complexe lacustre composé de 5 plans d'eau, lovés à 1400 mètres d'altitude, est dangereusement impacté par le tourisme de masse. De plus en plus nombreux à s'y rendre, les «visiteurs-pollueurs» piétinent la végétation et s'y délestent de leurs packagings en plastique, de leurs canettes vides et de leurs ballots malodorants. «Si aucun plan de gestion et de protection de ces écosystèmes très prisés, mais vulnérables, n'est rapidement mis en place, ils risquent de disparaître à tout jamais», alerte un amateur d'ornithologie. Niches écologiques pour une nuée d'oiseaux, de poissons, de reptiles et de batraciens, ces écosystèmes sont aussi des sites d'hibernation pour l'avifaune endémique, des aires de repos pour de nombreuses espèces migratrices et de lieux de transit pour certains emplumés voyageurs au long cours. On estime que la survie de la moitié de la faune volatile dépend directement de l'état de santé de ces zones humides.