C'est un plateau royal qui nous est proposé aujourd'hui au menu en guise de finale de la Coupe du monde, très exotique pour nos amis du vieux continent. De la paella espagnole et de l'« oranje » pour le dessert… C'est pas mal ce grand dîner d'adieu à une Afrique du Sud qui aura mis du son, de la musique et des couleurs durant ce Mondial absolument exceptionnel. Au-delà de l'appât purement gastronomique que peut constituer la paella et l'orange, l'explication footballistique ibéro-batave est tout simplement magnifique ! On a tous rêvé d'une opposition aussi chatoyante entre deux équipes qui ont cette particularité d'avoir toutes les deux été les mamelles du football total. Et c'est promis, ce sera un régal ! Il est difficile, en effet, de choisir entre Robben-Snijders d'un côté et Xavi-Iniesta de l'autre. On aurait même souhaité qu'ils évoluent ensemble… Qui mieux que le légendaire Johan Cruyff pour résumer ces sentiments sur ce dîner de « famille » qui rassemblera les descendants de son mentor, Rinus Michel, et ces Catalans auxquels il a fait goûter jusqu'à l'overdose les rudiments du foot-spectacle ! Cruyff, dont le nom restera collé au grand Barça, a même fait une entorse à l'exigence patriotique en avouant que son cœur balançait entre l'Espagne et les Pays-Bas. Il est vrai que quand on est à table et que différents mets aussi savoureux les uns que les autres sont proposés, il n'est pas facile de faire son choix. Je comprends bien le tangage du cœur de ce mordu du beau football. Il n'est certainement pas le seul dans toute la planète football. Des familles vont se déchirer, ce soir, entre Xavi et Robben et entre Snijders et Puyol. On n'ose même pas faire de pronostic tellement ce match est équilibré à tout point de vue. Comme un bon repas, quoi. On est déjà tous contents d'avoir un nouveau champion du monde qui grossira un peu plus le cercle fermé des nations ayant touché le Graal. Et, ma foi, ces Pays-Bas, qui nous gratifient à chaque rendez-vous d'un beau football léché et qui repartent insolemment bredouilles à chaque fois, méritent vraiment une couronne. Ils méritent une Coupe du monde en guise de consécration de leur immense talent. Ils ont battu des Brésiliens qui ont maladroitement divorcé d'avec le foot samba qui nous faisait chavirer de bonheur. Les Espagnols – je suis tenté d'écrire les Catalans tant l'écurie du Barça est le cœur palpitant de la Roja version 2010 – eux aussi font rêver tout le monde. Déjà champions d'Europe, les coéquipiers de Casillas n'ont jamais été aussi près du but. Il est certain qu'ils ont l'envie et la rage d'aller au bout pour forcer cette porte de la gloire. Ils en ont sûrement les moyens avec un milieu tout simplement royal, une défense rugueuse mais aussi une attaque de feu. Sur le papier, on est tenté de voter la Roja, ne serait-ce que pour la proximité géographique. Mais au final, quel que soit le vainqueur, on sera content pour lui et vraiment désolé pour le vaincu. Je vous l'ai dit, c'est une finale de rêve pour les puristes, pour le beau football et comme apothéose à un Mondial africain génial. Appréciez et bon appétit !