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Démocratie apicole
Publié dans El Watan le 12 - 07 - 2010

Les abeilles ont leurs propres lois qu'elles respectent à la lettre, les humains, eux, ne cessent de modifier les leurs pour des objectifs inavoués mais qui ne dupent plus personne.
Une bonne ruche compte en son sein une colonie d'environ cent mille abeilles — une reine, quelques centaines de faux-bourdons (mâles) et le reste est constitué d'ouvrières (femelles) — vivant en harmonie mais selon des « lois » immuables et très strictes. Chaque individu connaît son rôle et le joue parfaitement, sans rechigner, de la naissance à la mort, et si pour une raison ou une autre, un élément se trouve dans l'incapacité d'assumer convenablement sa tâche, il sera chassé du groupe, sans état d'âme. Ainsi, les mâles, dont le rôle se limite à féconder la reine une seule fois dans sa vie lors du vol nuptial, passent le plus clair de leur temps à ne rien faire dans la ruche, sinon à s'empiffrer de miel.
Cette oisiveté, tolérée par les autres quand la ruche regorge de provisions (miel, pollen et eau), deviendra subitement intolérable si les moyens de subsistance de la colonie se font rares et que l'hiver approche. L'instinct de survie commande, alors, aux ouvrières de dégraisser les effectifs, en commençant par les non-productifs que sont les faux-bourdons. Vers la mi-octobre, elles pousseront tout simplement les mâles à la porte, et ces derniers accepteront le sort qui leur est réservé sans résistance ni protestations. Après leur naissance, les femelles passent environ vingt jours dans la ruche à effectuer des travaux d'intérieur, avant de devenir des ouvrières (butineuses) pour le restant de leur vie, deux mois en moyenne.
A l'intérieur, les femelles seront tour à tour nourrices, ventileuses, calfeutreuses et gardiennes. Nombre d'entre-elles meurent quand elles sont de garde, parce qu'elles sont appelées souvent à repousser un envahisseur en le piquant, bien qu'elles sachent pertinemment qu'elles ne survivront pas à cet acte de légitime défense. Pour avoir une idée de la vigilance des gardiennes, il faut savoir que si une abeille d'une autre ruche arrive, elle sera vite renvoyée par les vigiles, sauf si celle-ci est chargée de nectar ou de pollen.
Dans ce cas, elle sera accompagnée jusqu'à une cellule où elle videra son jabot ou ses corbeilles avant d'être reconduite vers la sortie. En devenant butineuses, les femelles apprennent très vite à chercher les plantes mellifères, les sources d'eau, à les localiser avec précision et à le faire savoir aux autres avec des mouvements qui demeurent un mystère, même aux yeux des chercheurs les plus tenaces. C'est aussi aux femelles qu'incombe la lourde responsabilité de prendre les décisions à même d'assurer la continuité de l'espèce. On verra plus loin quand et comment. Quant à la reine, elle est tout simplement maître de céans. C'est elle qui commande. Quelques heures après sa naissance, elle fait une danse royale par laquelle elle attire tous les mâles de la ruche.
Après quoi, elle sort et s'envole dans le ciel, suivie par une nuée de faux-bourdons, tous mus par le même désir : honorer la reine. Mais c'est au plus fort, au plus vigoureux, celui qui aura tenu jusqu'au bout, que reviendra l'honneur et le plaisir de féconder la reine. De retour dans la ruche, la reine s'attelle à ses principales tâches, la ponte quotidienne des œufs et le commandement en l'occurrence. Et cela continuera ainsi, sans le moindre problème, jusqu'au jour où, vers la quatrième ou cinquième année, la reine devienne âgée et bourdonneuse, c'est-à-dire ne pondant pratiquement que des œufs non fécondés, sources de faux-bourdons. Un état de fait qui n'est pas pour plaire aux ouvrières qui décident, dans la transparence, de se doter d'une nouvelle reine, jeune et prolifique.
Ainsi un beau matin, elles commencent par construire des cellules royales, six ou sept selon la tradition, sous le regard médusé mais impuissant de la reine. Elles y déposent ensuite des œufs de moins de trois jours qu'elles alimentent avec de la gelée royale. Le processus de formation d'une nouvelle reine est désormais enclenché. La vieille reine, qui jusque-là regardait ce manège sans broncher, décide alors de bouger, non pas pour rester aux commandes de la colonie mais pour sauver la face seulement. Elle prend alors la moitié de la colonie et s'en va. C'est ce qu'on appelle l'essaimage naturel dans le jargon des apiculteurs.
Que dire encore des abeilles, sinon qu'elles ne sont pas aussi bêtes que ça et que les humains devraient les imiter dans leur manière de vivre en communauté. Mais les humains, allez savoir pourquoi, font, au contraire, tout pour se compliquer la vie en communauté. Combien de fois, en effet, n'a-t-on pas vu des oisifs vivre au crochet de leurs familles, sans jamais risquer d'être mis à la porte comme les faux-bourdons. Combien de fois également n'a-t-on pas vu des peuples vivre sous le joug d'une reine ou d'un roi âgés et improductifs, sans trouver à redire. Et quand ils osent ouvrir la bouche, c'est uniquement pour couvrir de louanges « sa Majesté », pas pour mettre en route un processus de remplacement, à la manière des femelles d'une colonie d'abeilles. Quant aux reines et rois des palais, ils sont nombreux à être tentés par un règne à vie, refusant obstinément de se comporter comme une reine sur le retour dans une ruche. Pire encore, certains n'ont pas hésité à réprimer dans le sang une tentative de changement.
Ainsi donc, si les abeilles ont leurs propres lois qu'elles respectent à la lettre, les humains, eux, ne cessent de modifier les leurs pour des objectifs inavoués mais qui ne dupent plus personne. Enfin, un dernier exemple pour montrer clairement que les abeilles sont mieux organisées que les humains. Si, volontairement ou involontairement, un apiculteur tue une reine, la colonie deviendra orpheline, mais cela ne veut pas dire qu'elle ira à la débandade, bien au contraire.
Après la constatation de la vacance du « pouvoir », les femelles, encore elles, calmes et lucides, actionnent sans transition le processus de succession. Ce qui n'est pas le cas pour tous les humains dans des circonstances similaires.
A. B. : Zootechnicien, journaliste


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