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L'Algérie est-elle à l'abri ?
Crise mondiale de l'apiculture
Publié dans Le Maghreb le 15 - 01 - 2008

Un mal mystérieux décime les ruches partout dans le monde et plus encore dans les pays
industrialisés. Il s'agit de cas d'empoisonnement généralisé qui intervient tout au long de l'année. Si les causes ne sont pas déterminées de manière formelle, les conséquences, elles, sont effroyables. Aux Etats-Unis, depuis octobre 2006, plus de 40% en moyenne des abeilles meurent. Le nombre de ruches a baissé de moitié, passant de 5 à 2,5 millions. En France, de 1995 à 2005, la production nationale a chuté de 30%.
Au Maroc, la situation est tout aussi inquiétante. La production est passée de 3 000 tonnes en 1995 à 2 000 en 2006, soit une baisse de près de 35%. Qu'en est-il pour l'Algérie ? Et bien la réponse est simple. Notre pays n'est pas en reste.
La production de miel a accusé un net déclin au cours de ces dernières années. Le rendement est nul. La sécheresse et le rétrécissement du patrimoine floristique qui ont caractérisé ces dernières décennies y sont certainement pour quelque chose. La filière apicole algérienne subit, elle aussi, le bouleversement du climat et l'usage intempestif des insecticides, qui font peser, une menace certaine sur l'abeille et l'activité apicole.
Comment expliquer cette dégringolade alors même que le nombre de ruches s'est amélioré sur la même période? La baisse du rendement est incontestablement due au changement climatique et à la sécheresse, expliquent certains apiculteurs. Il faut dire que la recherche scientifique dans les domaines de pointe tels que la biométrie de l'abeille, les maladies... reste encore très timide, chez nous. D'où la difficulté d'appréhender le phénomène. Mais qu'en est-il ailleurs? Comment les scientifiques et autres experts justifient-ils ce mal qui ravage les ruches ? Rien n'est encore certain, aucun coupable jusqu'à aujourd'hui n'ayant pu être désigné. Les abeilles seraient menacées en raison des pratiques agricoles inadaptées qui affaiblissent leur système immunitaire. Les apiculteurs montrent du doigt les pesticides, en particulier les insecticides, utilisés dans l'agriculture. Dernièrement une équipe de chercheurs américains ont fait une découverte dans ce sens. Selon eux, la disparition massive des abeilles d'élevage aux Etats-Unis est apparemment liée à un virus identifié en 2004 en Israël, selon des scientifiques dont la découverte annoncée devrait permettre d'expliquer ce phénomène mystérieux et préoccupant, qui frappe aussi ailleurs dans le monde.
Ces chercheurs ont recouru à des techniques de séquençage génétique des micro-organismes peuplant les intestins d'abeilles qui vivent dans des ruches saines et de celles frappées de ce fléau. Les échantillons ont été prélevés dans l'ensemble des Etats-Unis au cours d'une période de trois ans.
Ils ont pu établir qu'une variante du virus baptisé IAPV qui paralyse les abeilles “pourrait être la cause potentielle” de cette hécatombe, a expliqué, lors d'une conférence de presse en novembre dernier, Ian Lipkin, directeur du centre pour l'infection et l'immunologie de l'Université Columbia (New York).
Notre prochaine étape est de déterminer si ce virus est la seule cause de ce phénomène de «dépopulation massive des ruches» appelée en anglais CCD (Colony Collapse Disorder)” ou s'il agit parmi d'autres facteurs tels des microbes, des toxines, des insecticides ou une nutrition appauvrie par la sécheresse», a-t-il poursuivi. Selon Jeffery Pettis, entomologiste du ministère américain de l'Agriculture et co-auteur de l'étude, “cette recherche ouvre une très bonne piste mais il est peu probable que l'IAPV soit l'unique cause du CCD”.
Les analyses génomiques d'abeilles d'élevage importées d'Australie depuis 2004 ont en effet montré qu'elles étaient infectées par ce virus mais que leurs ruches ne développaient pas le CCD. Cette différence semble s'expliquer par le fait que les abeilles en Australie ne sont pas infectées par la mite varroa, un parasite commun dans les ruches américaines qui affaiblit leur système immunitaire.
Ces scientifiques ont aussi écarté comme étant “très peu probables” plusieurs hypothèses avancées ces derniers mois pour tenter d'expliquer cette mystérieuse disparition de milliards d'abeilles.
Parmi ces théories figurent les radiations émises par les téléphones cellulaires, qui désorienteraient les abeilles, et les cultures génétiquement modifiées (OGM).
Par ailleurs, le milieu scientifique pointe aussi du doigt l'exploitation commerciale des abeilles, qui est très lucrative. Les apiculteurs font voyager leurs ruches pour polliniser les champs des agriculteurs qui louent leurs services, imposant aux abeilles des conditions de vie contre-nature.
Le transport les rendrait plus vulnérables aux maladies et virus. En définitive, il y aurait plusieurs coupables mais difficile de désigner le principal. Une chose est sûre en tout cas , au-delà de la production de miel, les abeilles ont un pouvoir inestimable sur la nature.
Selon des études récentes aux Etats-Unis (mai 2007), elles sont à l'origine de 80% de la pollinisation des plantes. Près de 40% de l'alimentation de l'homme (fruits, légumes, oléagineux...) dépend de leur action fécondatrice. Ces insectes pollinisateurs sont essentiels à la reproduction de nombreuses plantes. Près de 20.000 espèces végétales menacées sont encore sauvegardées grâce à cette action pollinisatrice. Ce rôle d'auxiliaire de l'agriculture est pourtant rarement mis en avant.


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