Après une semaine d'action et de mobilisation citoyennes, la population d'Ath Jennad, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a finalement fait plier les kidnappeurs. Ces derniers ont libéré, hier, leur otage, le commerçant de 34 ans, qui a passé sept jours entre les mains de ses ravisseurs. Ibirar Lounès a été relâché vers 3h du matin au lieudit Chaoufa, à 3 km à l'ouest de la ville de Fréha (30 km à l'est de Tizi Ouzou). Il a été récupéré par son jeune frère et un membre de la cellule de crise qui ont été, certainement, contactés, au préalable, par les auteurs de l'enlèvement. Les membres de la famille de Lounès précisent, toutefois, que l'otage a été libéré sans le payement d'aucune rançon. Hier, dans son village, à Azrou, commune de Fréha, la maison de l'otage ne désemplissait pas. Après sa libération, I. Lounès a été emmené chez lui pour voir, dans un premier temps, les membres de sa famille, avant d'être accompagné vers un autre endroit pour se reposer, nous dit-on. L'atmosphère dans le village était caractérisée, hier, par une ambiance de fête. C'est un soulagement pour toute la population de la localité. « Aujourd'hui, on est vraiment heureux et soulagés de voir Lounès libéré sain et sauf. Tout le monde l'a soutenu », nous a dit un citoyen de la région. Lounès a été libéré grâce à une démonstration de solidarité des citoyens de sa région. Samedi, des milliers de personnes ont pris part à une marche populaire organisée pour exiger sa libération. La population des Ath Jennad n'a pas cédé devant le diktat des kidnappeurs qui provoquent, ces derniers temps, un véritable climat d'inquiétude dans la wilaya de Tizi Ouzou. Pour rappel, I. Lounès a été kidnappé par un groupe d'individus armés, le 3 juillet dernier, à 22h, sur la route de Tala T'gana, dans la commune de Fréha, non loin du domicile familial. Sa voiture a été retrouvée une heure après. Des jeunes du village ont poursuivi les assaillants qui ont dû abandonner le véhicule du côté d'Iflissen. Le lendemain du rapt, une cellule de crise a été mise sur pied au niveau de la région d'Ath Jennad. Des actions ont été entreprises pour exiger la libération sans condition du commerçant et dénoncer les rapts. Par ailleurs, en avril dernier, un vieil homme de 81 ans, ancien entrepreneur, a été enlevé dans la daïra de Boghni, au sud de la wilaya. Juste au lendemain de ce kidnapping, la population de cette région s'est levée comme un seul homme pour soutenir sa famille et entreprendre des actions qui ont abouti à sa libération. Ainsi, au bout de vingt jours de mobilisation, les ravisseurs ont libéré l'otage sans condition. En novembre 2009, c'est le propriétaire d'un restaurant dans la commune d'Iflissen qui a été victime d'un deuxième rapt, car il avait été kidnappé, la première fois, en 2005, puis libéré après le payement d'une rançon. L'otage d'Iflissen avait été relâché 72 heures après son enlèvement grâce à des actions entreprises par les citoyens de son village, Issenadjène en l'occurrence, qui sont allés jusqu'à le chercher dans les maquis du GSPC. L'action héroïque de ce village reste gravée dans l'histoire, d'autant qu'il s'agit du premier otage relâché sous la pression de la population. Depuis, les villageois de la Kabylie suivent l'exemple d'Issenadjène pour faire plier les kidnappeurs.