Des pics de chaleur imprévisibles mais pas de période de canicule : voilà à quoi il faut s'attendre pour l'été, qui a commencé et se confirme plutôt moins chaud que la normale. Pour alimenter les discussions de tous les jours, suivez les explications d'un expert en météo… On a eu l'impression d'avoir un mois de juin plutôt plus frais que les autres années. Est-ce vérifié ? Oui en effet, le mois de juin a été relativement froid par rapport à la normale. On a eu des épisodes de chaleur assez importants en début du mois, avec des écarts de l'ordre de plus de +4°C par rapport à la normale : +4.2°C à Beni Saf, +3.9°C à Maghnia, +3.7 °C à Miliana. L'Est a enregistré des pics de 40°C comme à Constantine ou à Tébessa et le Sud-Est a connu également des pics de chaleur avec pour la journée du 9 juin, 47°C à El Oued, à Hassi Messaoud, à Touggourt et à Ouargla. En revanche, la période du 11 au 30 juin a été marquée par des températures plus froides que la normale, avec des écarts de -3°C à -4.6°C dans tout le pays. Le mois de juillet a commencé avec des pointes à plus de 45°C à l'ombre à l'Est et à l'Ouest. Allons-nous avoir des vacances et un Ramadhan caniculaires ? Nous avons eu des pics de chaleur, mais les températures de juillet sont proches de la normale. En juillet, par exemple, on a déjà enregistré des 45°C à Chlef. Nous avons même prévu, comme pour juin, qu'elles seraient en dessous de la normale : le modèle de prévision saisonnière prévoit des anomalies négatives de -1°C sur le nord du pays, et -0,5 ailleurs. Quant au mois d'août, il sera près de la normale sur tout le pays, légèrement en dessous à l'extrême Est. Le modèle prévoit des écarts positifs de +0,5°C sur tout le pays, à l'exception de l'extrême Est où l'anomalie est estimée à -0,5°C. De manière générale, on peut dire que l'été sera moins chaud que la normale, mais attention, cela n'exclut pas les pics de chaleur. Il ne faut pas confondre « pics de chaleur » et « canicule ». Pour parler de canicule, les températures doivent être au-dessus de la normale pendant plus de trois jours. En d'autres termes, on tient compte de l'intensité de la chaleur, mais aussi de sa durée. A Alger, il a quand même fait plus de 30°C tous les jours de la semaine ! Oui mais cela n'a rien d'exceptionnel : en juillet, la température moyenne maximale est de 31°C. Si on ressent si fortement cette chaleur, c'est à cause de l'humidité dont le taux varie entre 55 et 60% ! C'est elle qui est responsable de cette lourdeur et de cette sensation d'inconfort. Quoi qu'il en soit, on est loin de l'été 2003, le plus chaud depuis 1950. Dans la région Est, on avait enregistré des écarts de +12 degrés ! Quelles prévisions faites-vous pour les précipitations ? Le mois de juin est proche de la normale sur toutes les régions nord du pays, à l'exception des Hauts- Plateaux ouest, des Hauts-Plateaux centre et d'une partie des Hauts -Plateaux est, au-dessous de la normale. Le mois de juillet sera légèrement au-dessus de la normale sur l'ouest et le centre du pays, au-dessus de la normale à l'Est. Le modèle prévoit une anomalie négative de -5 mm à l'Ouest, et positive de +5 à +10 mm au centre et à l'est du pays. De +1 à +5 mm sur les Haut-Plateaux. Le mois d'août sera proche de la normale sur la partie nord du pays. On prévoit une anomalie positive de 1 à 2 mm sur les régions nord du pays. Comment expliquer le temps qu'il fait actuellement ? Le climat mondial est géré par des centres d'action planétaires : des anticyclones et des dépressions, qui gèrent la circulation atmosphérique. Le temps en Algérie est géré par la dépression d'Islande et l'anticyclone des Açores. Ce dernier se trouve à l'Ouest. C'est une zone de hautes pressions, une sorte de barrière qui empêche les perturbations arrivant du Nord et du Nord-Ouest de passer. En été, il se dilate et se déplace un peu plus vers le Nord et le Nord-Est. Parfois il provoque des flux de chaleur en provenance du Sud et du Sud-Ouest, des remontées d'air chaud, qui font grimper les températures sur le littoral. Ces remontées d'air chaud (sirocco) transportent parfois avec elles du sable et des poussières, ce qui explique les dépôts beiges sur les voitures. Les modèles de prévisions à cinq jours sont aujourd'hui assez fiables. Peut-on en dire autant des modèles qui permettent d'établir des prévisions sur plusieurs mois ? Attention, ce sont deux types de prévisions différentes : elles n'apportent pas les mêmes informations. Les prévisions à courte et moyenne échéances (5 jours) que l'on appelle aussi prévisions numériques, sont quantitatives. Pour les établir, on utilise des modèles mathématiques en intégrant les paramètres atmosphériques : pression, vent, températures… -car l'atmosphère a un temps de réponse (temps pour percevoir une anomalie) rapide- et données satellitaires. Les prévisions saisonnières, elles, sont qualitatives. Par exemple, elles permettent de dire si les précipitations seront supérieures ou inférieures à la normale, mais pas de dire qu'il tombera 20 mm de pluies. Même chose pour les températures. Pour les définir, on utilise l'atmosphère, mais aussi la température à la surface de l'océan, dont le temps de réponse est plus lent, d'un à trois mois. Les modèles utilisés, en Algérie comme partout dans le monde, donnent de bons résultats pour les régions équatoriales. Pour les zones tempérées, on en est encore au stade de la recherche. Pour l'Algérie du Nord, les résultats sont probants à 40%. C'est un outil d'aide à la décision. La météo attend depuis plusieurs années l'arrivée d'un supercalculateur… A quoi servira-t-il ? C'est vrai. On devrait le recevoir avant la fin de l'année, maximum en mars 2011. Sa première mission : améliorer la prévision numérique de temps à court terme. On pourra réduire la marge d'erreur en analysant des mailles plus fines, de 9 kilomètres. Mais il aura d'autres applications, permettra d'améliorer aussi les prévisions saisonnières et d'adapter à partir des modèles globaux la prévision climatique sur nos régions.