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Samir Pain. Styliste : « Je me suis inspiré d'un panel de cultures »
Publié dans El Watan le 17 - 07 - 2010


Comment êtes-vous devenu styliste ?
C'est en terminale que le déclic s'est produit. J'ai décidé de faire des études de stylisme et de mode à la chambre de couture parisienne. J'ai suivi un cursus de deux ans. En 1982, j'ai entamé des études en commerce international. Quatre ans plus tard, je décide de rentrer au pays d'une façon définitive pour ouvrir ma propre maison de couture. En 1988, j'ai organisé mon premier défilé de mode à Alger. Ma maison de haute couture a hélas fermé ses portes en 1992. Aujourd'hui, la maison vient juste d'être relancée. Mes ateliers sont à la rue Belouizdad, très proches des commerces de tissus, des merceries et des couturières. Installé ailleurs mon shooroom, est excellence, le carrefour de ma clientèle. J'ai participé à un défilé à Paris en 1996 et au Maroc. En automne, je commencerai une tournée au Qatar.
Vous avez présenté dernièrement, à Alger, une somptueuse collection de prêt-à-porter et de haute couture. Quel est justement le concept de votre marque ?
Je suis venu en Algérie pour faire ce défilé de mode. J'ai fait un come- back dans la mode, car je n'ai plus fait de défilé de mode depuis 1998. J'ai constaté qu'en Algérie, il manquait de la créativité dans le monde de la mode. Comme je voyage souvent au moyen-Orient, je vois comment les choses se développent la-bas. Avec ma dernière collection, j'ai voulu remettre, un peu, la mode algérienne au goût international. Je n'ai pas voulu faire que dans le traditionnel, car cela ne fonctionne pas à l'étranger. Dans ma collection 2010, j'ai créé une ligne de jeans en satin et en soie, portés sur des vestes brodées traditionnelles. J'ai proposé une tenue plus décontractée.
Vous avez un parcours bien rempli, vous avez, également, une marque de parfums et bien d'autres choses. Pouvez-vous nous en parler ?
La création du parfum a démarré en 1998 à Paris. Nous sommes deux associés. Il s'agit du label Lauramarque. Nous avons produit 16 réalisations : huit eaux de toilette pour hommes et huit autres pour femmes. Les produits en question sont vendus en Afrique de l'ouest, au Mexique, en Californie, au Maroc et dans tous les pays du Golfe. En Algérie, nous n'avons pas investi le marché vu les difficultés rencontrées. Par ailleurs, j'ai l'intention d'organiser prochainement un concours de casting de top-model à l'échelle nationale. Les personnes intéressées peuvent toujours nous écrire à l'adresse électronique : [email protected]
Comment arrivez-vous à gérer toutes vos activités alors que vous êtes toujours entre deux avions ?
Je suis quelqu'un de très hétéroclite. J'ai beaucoup voyagé dans ma vie. Je me suis inspiré d'un panel de culture. J'aime bien la culture asiatique et du Moyen-Orient. Je suis entre l'Algérie, la France, le Moyen-Orient et Londres. Heureusement que les moyens de communication modernes nous facilitent la vie, en établissant un planning bien fait. Ma clientèle est un peu partout. J'applique une méthode marketing pour mes créations. Je me suis inspiré de Tom Ford qui a dirigé la marque Gucci. Il crée en fonction d'un marché. On ne peut pas créer à la guise d'un cerveau ou autre. On est dans un monde de globalisation. Il faut rentrer dans ce monde en fonction de ce qu'on a. Mes collections sont vouées à partir en exploration
Selon vous, peut-on parler d'un marché de haute couture en Algérie ?
Bien sûr que le marché de haute couture existe en Algérie. Les traditions des mariages arabes, c'est justement de mettre beaucoup de tenues. alors, les femmes ont besoin d'en acheter. N'oublions pas que les mariages se font tout au long de l'année.
Est-ce que vous vous définissez comme styliste ou comme créateur ?
Vous faites bien de me poser cette question. Depuis que je suis rentré voilà plus de quatre mois, je me rends compte que les gens n'arrivent pas à faire de différence entre un couturier et un styliste. Il y a une confusion flagrante. Une modéliste se prend pour une créatrice et une couturière. Je ne blâme pas ces personnes, loin s'en faut ! Il faut clarifier les choses. Un créateur reste un créateur. Pour faire des études de stylisme, il faut être détenteur du bac. On ne peut pas se retrouver du jour au lendemain créateur. Il y a tout un circuit d'enseignement. On étudie les couleurs, les volumes et un tas d'autres choses. Il est clair que nous avons besoin de modélistes, de couturières, de finisseuses, mais il ne faut pas oublier qu'une collection est celle du créateur. Comme un immeuble est l'œuvre d'un architecte. Je suis un créateur, car bien avant j'avais créé de la vaisselle pendant deux ans à Paris, ainsi que ma ligne de parfums.
Concrètement, qu'avez-vous l'intention d'apporter à l'univers de la mode en Algérie ?
J'ai envie d'apporter quelque chose à notre société qui peut et de loin rivaliser avec les autres pays arabes. Notre culture est tellement riche. Notre histoire a trois mille ans d'existence. C'est un énorme patrimoine qu'il faut qu'on garde et préserver. Je veux rehausser le niveau de la mode algérienne. Nous avons un beau pays, nous n'avons pas le droit de le détruire.


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