En déambulant dans les rues de la capitale, on est surpris par le nombre de vendeurs de lunettes de soleil. Ces derniers occupent des espaces de la ville et leur présence est devenue aussi familière que celle des vendeurs de cigarettes. Nombre de citoyens ignorent alors que les lunettes de soleil sont aussi le produit de professionnels qui ne sont autres que les opticiens. Si beaucoup de citoyens achètent ces lorgnons à même les trottoirs ou dans les marchés par méconnaissance des dangers qu'ils peuvent véhiculer étant des produits contrefaits, d'autres savent pertinemment que ces lunettes ne portent que le nom et non la qualité des grandes marques. La contrefaçon chinoise est pour ainsi dire partout, même dans les secteurs aussi sensibles que celui de la vue. Des lunettes de soleil dont le prix de revient coûterait aux alentours de 4000 DA, se vendent ainsi sur les trottoirs à des prix ne dépassant dans le meilleur des cas 300 DA la paire. Selon un opticien agréé, « bien qu'il s'agisse de lunettes de soleil, le danger réside toutefois dans le fait que l'acuité visuelle des verres est la même pour les deux yeux, il s'avère naturellement que chez la majorité des gens, l'acuité visuelle est différente d'un œil à l'autre », et d'ajouter : « celles-ci laissent également passer les rayons ultra-violets qui peuvent atteindre dangereusement la rétine de l'œil ou encore provoquer la cataracte ». Un autre opticien dira : « Le port de lunettes contrefaites favorise la dilation de la pupille, ce qui est à même de favoriser une pénétration démesurée de la lumière obscurcie laissant par la même occasion la pénétration des UV qui sont des rayons très dangereux pour les yeux. » Aussi, nous fait remarquer notre interlocuteur, les lunettes de vue se vendent autant que les lunettes de soleil, partout et à longueur d'année, et ce, à des prix pareillement attractifs. La paire de lunettes, se négocie dans les marchés entre 150 et 300DA, alors qu'elle coûterait chez un opticien entre 4000 et 6000 DA. Par ailleurs, nos interlocuteurs ne manqueront pas de signaler qu'en apparence, les montures contrefaites ressemblent aux autres, et seul l'œil d'un professionnel peut détecter la différence. « Ces montures sont faites à base de déchets plastiques et ferreux recyclés dans des conditions opaques. Ces produits peuvent provoquer chez leurs utilisateurs des allergies et des maladies de la peau et peuvent même être cancérigènes », préviennent-ils. Si ces pseudo-opticiens tirent profit de ce commerce informel, les vrais opticiens, quant à eux, regrettent et dénoncent l'absence de tout contrôle qui leur fait perdre la clientèle, mais aussi accroît le nombre de malades, ce qui n'est pas sans conséquences sur les dépenses publiques.