Des détritus s'accumulent au bas des immeubles dans plusieurs communes d'Alger. La situation s'aggrave quotidiennement et prend des proportions alarmantes. Des tonnes d'ordures ménagères s'entassent sur les trottoirs et, dans certains quartiers de la capitale, la chaussée est complètement obstruée. Les bacs à ordures, là où il en existe, sont remplis à ras bord. Tel est le triste décor qu'offre, ces derniers jours, la capitale à ses habitants et à ses visiteurs. La situation est devenue incontrôlable avec l'arrivée des grandes chaleurs. Les agents de l'établissement de ramassage des ordures et déchets ménagers, l'EPIC NetCom, dont une partie est, semble-t-il, en congé, contournent certains quartiers. « Les éboueurs ne font plus le ramassage des ordures dans notre quartier. Cette situation dure depuis deux mois. Seule une petite partie a été nettoyée ce matin. Et dire que nous sommes en plein centre-ville, à 150 mètres seulement du Palais du gouvernement. En plus des odeurs nauséabondes, les déchets provoquent des maladies. Mais qui se soucie de notre quartier qui est en retrait, bien caché des regards des officiels ? », peste Smaïl, habitant du quartier Berrezouane, dans la commune d'Alger-Centre. Les agents de Netcom, seuls à intervenir dans cette partie du centre-ville, préfèrent, estime notre interlocuteur, se redéployer sur les grands axes : au Télemly (boulevard Krim Belkacem), rue Docteur Saâdane... « Des quartiers ont bénéficié dernièrement d'opérations de bitumage. Nous ne réclamons pas ce luxe. Nous souhaitons que les ordures ménagères soient enlevées à temps. Je ne comprends pas la campagne de Netcom qui exige des habitants de sortir à temps leurs sachets, alors que ses agents ne se présentent jamais. Même l'APC, qui a placardé partout des communiqués appelant les citoyens à plus de rigueur, est absente », protestent des habitants qui menacent d'occuper la rue s'il n'y a pas une prise en charge sérieuse de ce problème. Dans les commune voisines de La Casbah et Bab El Oued, le constat est encore plus déplaisant : des rues des vieux quartiers, transformés en souk durant la journée, sont encombrées de déchets en tout genre. A Bachdjarrah et El Harrach, on a constaté sur place que des agents ont brûlé des déchets ménagers au lieu de les ramasser. Dans les communes où NetCom n'intervient pas (une trentaine), le décor est indescriptible. En effet, à la périphérie de la capitale, dans les communes de Draria, Douéra, Birtouta, Tessala El Merdja, Baraki, des agents communaux de ramassage des ordures font leur travail à moitié ou préfèrent carrément brûler les déchets, provoquant la colère des riverains qui craignent la propagation de maladies. « Les APC d'Alger-Est préfèrent créer des décharges sauvages dans les exploitations agricole (EAC ou EAI) sans se soucier de l'environnement », déplore un habitant de Aïn Taya. Le wali d'Alger, Mohamed Kebbir Addou, ne cessait d'affirmer, à chacune de ses sorties publiques, qu'il s'est fait fort, depuis son installation aux commandes de la wilaya en 2004, de prendre en charge l'hygiène de la ville d'Alger. Il n'en est rien, 5 ans après. NetCom et sa difficulté d'acquérir du matériel Des agents, acculés par des riverains excédés, expliquent cette situation par le manque de matériel. « A la wilaya, certaines sources relèvent que NetCom, qui a bénéficié jusque-là des largesses de l'Etat, connaît des difficultés. Le matériel roulant n'a pas été renouvelé et celui commandé n'a pas encore bénéficié à l'établissement en raison des problèmes liés aux procédures administratives contraignantes prévues dans le code des marchés publics. Une enveloppe de près de 150 milliards de centimes a même été allouée à ces opérations d'acquisition, mais l'EPIC roule toujours avec ses anciennes bennes-tasseuses », assure une source à la wilaya ayant requis l'anonymat. Notre source met en avant la difficulté pour NetCom de recruter des agents natifs d'Alger. « Les préjugés ont la peau dure. Le métier n'intéresse pas les jeunes d'Alger alors que les équipes doivent être renforcées », relève-t-il. NetCom emploie 5000 agents qui interviennent dans 27 des 57 communes que compte Alger. Il nous a été impossible de joindre les responsables de NetCom. « Le directeur est en congé, l'intérimaire n'est pas à son bureau », se contente de répondre une voix au téléphone. Des APC d'Alger ont cédé le volet hygiène à des entreprises privées, mais ce choix ne semble pas concourir à régler ce problème. La commune de Kouba, pourtant prise en charge par NetCom comme les quartiers intra-muros, dans son plan de travail, a fait cette expérience qui n'est guère concluante, relèvent des habitants de Garidi. La commune de Chéraga vient de donner des concessions à un privé, au grand dam des agents communaux qui soutiennent que le matériel roulant acquis par la commune, l'un des plus importants à Alger, est « suffisant ». « Cette expérience, comme toutes les autres, connaîtra un échec. L'aspect hygiène doit être pensé, les EPIC doivent coopérer. Asrout et NetCom doivent s'entendre sur les prérogatives de chaque établissement. Même les APC doivent renforcer leur matériel », relève un président d'APC de la périphérie de la capitale.