Bon, le président Abdelmadjid Tebboune n'est ni un tribun ni un bon orateur. Mais il s'est exprimé avec le langage de la franchise à travers la conférence de presse qui l'a réuni avec des confrères de la presse nationale. La gravité de la situation sanitaire provoquée par la pandémie due au Covid-19 est telle, qu'elle impose au Président de se soucier plus de rassurer les Algériens que de paraître éloquent. Abdelmadjid Tebboune a donc privilégié de répondre aux attentes et aux angoisses des uns et des autres face à un danger mortel, comme lors de son premier discours au peuple algérien. Le message essentiel, pour Tebboune, est d'affirmer la présence de l'Etat pour protéger et sauver les vies humaines touchées par le Covid-19, tout en répondant aux besoins élémentaires des citoyens confinés de manière partielle ou totale. Nul besoin donc pour le Président de céder à la panique, même si tout n'est pas parfait dans le dispositif mis en place, en référence probablement aux chaînes interminables pour l'achat de semoule ou encore aux perturbations de la distribution de la presse écrite qui, en principe, a un important rôle à jouer dans la sensibilisation des citoyens. D'un autre côté, le président de la République a choisi d'éviter encore une fois les sujets embarrassants ou qui fâchent. Comme par exemple l'inculpation de Karim Tabbou dans des conditions contraires à ses droits de citoyen à part entière, ou l'arrestation du jeune Khaled Drareni et sa mise sous mandat de dépôt au seul motif qu'il a exercé son métier de journaliste. Le maintien en détention du général-major Ali Leghdiri ou de l'activiste populaire Rachid Nekkaz. Et l'on passe sur les cas de dépassements qui concernent, en majorité, des leaders du hirak – un soulèvement populaire «béni» par le Président lui-même – qui croupissent en prison. Pourtant, Abdelmadjid Tebboune n'a absolument pas le profil d'un dictateur sans cœur. Ceux qui l'ont bien connu le décrivent comme un excellent commis de l'Etat, travailleur et très sensible aux situations de détresse ou de pauvreté des populations qu'il a administrées lorsqu'il a assumé les fonctions de wali. Le président de la République vient d'amnistier plus de 5000 prisonniers de droit commun, ce qui permettra de désengorger les prisons en ces temps de pandémie. Abdelmadjid Tebboune aurait pu inclure tous les détenus d'opinion et entrer de plain-pied dans l'histoire du pays, qui a besoin d'être doté des instruments efficients de «bonne gouvernance». Il ne l'a pas fait ! Ont peut en tirer toutes les conclusions possibles. Abdelmadjid Tebboune devrait en principe être séduit par cette éventualité de permettre au pays de connaître enfin une certaine stabilité et surtout de la sérénité. Il faut dire que le Président a hérité d'un passif très délicat et complexe où l'ombre du défunt chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah plane lourdement.