La production de l'Opep a fortement augmenté depuis la rupture des pourparlers avec la Russie, au sujet d'un nouvel accord d'approvisionnement du marché, atteignant 28,97 millions de barils par jour, soit une hausse de 980 000 b/j, pompés principalement par l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït, selon un calcul répercuté par l'agence Platts. En plus des trois pays du Golfe, plusieurs pays membres de l'organisation ont également dépassé leurs quotas de production, alors que l'accord de réduction convenu ne devait expirer qu'à la fin du mois, selon une enquête S&P Global Platts. La conformité des 10 pays de l'OPEP aux quotas s'est ainsi effondrée à 6% contre 113% en février, selon les calculs de l'agence. L'incapacité de l'OPEP et de ses alliés à parvenir à un accord sur une nouvelle série de réductions de production a déclenché une bataille autour des parts de marché, ce qui a exacerbé le dérèglement causé par la pandémie de coronavirus. L'Arabie Saoudite, qui a annoncé son intention de pomper à sa capacité maximale de 12 millions de b/j à partir d'avril, a déjà fait passer sa production à 10,15 millions de b/j en mars, juste au-dessus de son quota de 10,144 millions de b/j, selon l'enquête. Ses exportations de brut ont également augmenté de manière significative, atteignant près de 9 millions de barils par jour au cours de la dernière semaine du mois. Le royaume a également augmenté ses stocks. Les Emirats arabes unis ont poussé, pour leur part, leur production de brut à 3,45 millions de barils par jour, dépassant le plafond de 3,012 millions de barils par jour, tandis que le Koweït a pompé 2,90 millions de barils par jour, bien au-dessus de son quota de 2,669 millions de barils / jour. Ces hausses ont été plus que suffisantes pour compenser la baisse continue de la production de l'Iran et du Venezuela frappés par des sanctions, ainsi que de la Libye en proie à des conflits. Dans l'ensemble, la production de l'OPEP en mars a fait un bond de 980 000 b/j par rapport à février, selon l'enquête. Les trois membres exemptés de quotas, dans le cadre de l'accord OPEP+ désormais expiré – l'Iran, la Libye et le Venezuela – ont vu leur production chuter de 270 000 b / j depuis février, a révélé l'enquête. La production de pétrole de la Libye a ainsi plongé à 90 000 b / j, le niveau le plus bas depuis septembre 2011. La production a chuté de plus d'un million de b / j depuis le blocus instauré sur les cinq terminaux d'exportation du pays à la mi-janvier. La production iranienne de pétrole brut a chuté à 2,07 millions de barils par jour en mars, ainsi que les exportations de brut , du fait du double coup dur de la pandémie de coronavirus et les sanctions américaines pesant sur le secteur pétrolier. C'est le niveau le plus bas que l'Iran ait produit depuis avril 1988, selon les données de Platts. La production de brut du Venezuela est tombée à 650 000 b / j en mars, inversant sa tendance récente qui l'avait vu augmenter puis se stabiliser.Les récentes sanctions américaines contre les sociétés basées en Russie, Rosneft et TNK, qui avaient fourni un financement essentiel au secteur pétrolier du Venezuela, ont entraîné la fermeture de puits à coût élevé, affectant la production. Dans ce contexte l'OPEP, la Russie et neuf autres partenaires de la coalition OPEP + doivent se retrouver jeudi autour de la table des négociations, espérant non seulement conclure un accord sur les réductions de production, mais aussi l'élargir à d'autres grands pays producteurs, notamment les Etats-Unis, le Canada, le Brésil et la Norvège, alors que la pandémie de coronavirus continue de ronger la demande mondiale de pétrole. Les prix du pétrole ont chuté de 70% depuis l'échec de la réunion du 6 mars.