La décision des autorités de prolonger le confinement, au moins jusqu'au 29 avril 2020, va sans nul doute relancer le débat sur une éventuelle reprise des compétitions sportives. Les responsables du sport professionnel, encouragés par les instances locales (ligues, fédérations), internationales (confédérations et fédérations internationales) font du lobbying tous azimuts pour forcer la main aux décideurs et aux politiques afin qu'ils acceptent que le sport professionnel soit autorisé, sous une forme ou une autre, à reprendre la compétition. Les enjeux, financiers d'abord, sont énormes et impactent directement leur quotidien et leur avenir. Il vit presque exclusivement des droits de retransmission télé, du sponsoring et de la vente de tickets d'entrée au stade. l'UEFA fait marche arrière Dans un premier temps, la FIFA mais surtout l'UEFA ne voulaient pas entendre parler d'une compétition qui n'irait pas à son terme, nonobstant les menaces et dangers de toutes sortes que fait planer le Covid-19 sur le sport et son environnement. L'UEFA a même menacé d'exclure de ses compétitions les clubs belges, si le championnat n'irait pas à son terme. Depuis l'UEFA s'est ravisée, a ajourné la décision. Elle a fait marche arrière en quelque sorte. Elle fera connaître sa position sur le sujet le 23 avril. D'ici là, elle aura peut-être mis de l'eau dans son vin. Elle a prononcé le report de l'Euro féminin prévu en juillet prochain en Angleterre, qui, du coup, a été repoussé à l'été 2022. Peu de visibilité Qu'en est-il du football en Algérie ? Comme partout, il y a peu de visibilité concernant la reprise des compétitions. Les responsables du football restent suspendus à la décision que prendront les pouvoirs publics, seuls habilités avec les autorités médicales à donner le feu vert pour que le sport et le football renouent avec la compétition. Trop de zones d'ombre entourent ce sujet, ici et ailleurs. L'établissement d'un calendrier de fin de saison est loin d'être une mission facile. Ce qui rend la chose autrement plus difficile que de caler des journées sur un calendrier pas trop allongé, c'est bien sûr les conditions du déconfinement et la batterie de mesures de sécurité à garantir pour les pratiquants, leur environnement sportif et familial. NADAL : «LE TRAITEMENT DU COVID-19 D'ABORD» Beaucoup avancent que la solution réside dans l'organisation des matchs à huis clos. Ce n'est pas aussi facile que cela. Il faut d'abord résoudre le problème sanitaire. Ce n'est pas une mince affaire. Il y a quelques jours, l'Organisation mondiale de santé (OMS) mettait en garde contre «une résurgence mortelle de la pandémie du Covid-19 en cas de déconfinement» sans garantie. Interrogé sur la possibilité d'organiser des compétitions (de tennis) dans cette conjoncture le tennisman espagnol Rafael Nadal a répondu : «Il faut trouver d'abord un traitement (vaccin) contre le virus pour valider cette hypothèse.» A priori, le vaccin ne sera pas prêt avant 12 mois. Le retour à la compétition est plombé par beaucoup d'inconnues. La reprise est risquée disent des dirigeants, entraîneurs, joueurs… Les chefs d'Etat eux-mêmes ne peuvent, pour l'heure, avancer de date pour la reprise des compétitions. PRESSION DES LOBBIES En Europe, quelques Présidents ont interdit tout rassemblement public au moins jusqu'à la fin de l'été 2020. La pression des lobbies de l'argent n'a pas encore eu raison de leur détermination à, d'abord, assurer la sécurité et la santé des citoyens, qui sont une ligne rouge. Pourtant, leurs pays disposent de grands moyens de détection. Le protocole sanitaire qui encadrera les conditions de déconfinement n'est pas encore totalement ficelé. Le football algérien n'est pas mieux loti que les autres pour avancer. Déjà, l'hypothèse du huis clos, lui aussi, a ses conditions. Peut-être qu'il faudra faire des tests presque tous les jours. Le protocole de déconfinement est assez lourd, avec une batterie d'examens indiqués. Jouer un match de football ne peut se faire qu'avec un seul ballon sur le terrain. Le cuir peut être un vecteur de transmission entre joueurs, les contacts physiques ne peuvent être évités, sans oublier tous les autres risques que véhicule l'organisation d'une rencontre de football. Pas les mêmes motivations La reprise des compétitions ne peut avoir lieu si toutes les garanties ne sont pas réunies. Le risque zéro n'existe pas. Les motivations de l'empressement à finir le championnat ne sont pas les mêmes en Algérie et en Europe. Sur le vieux continent, les enjeux sont financiers et économiques. En Algérie, ce n'est pas la même chose. Le championnat professionnel «taïwan» peut s'étirer sur 20 mois. Cela n'aura aucune conséquence sur le quotidien des clubs pros, qui vivent à crédit et dont on n'a pas entendu une voix s'inquiéter de la tournure imposée par le coronavirus. Alors, plus il faut attendre, mieux ce sera pour terminer la saison 2019-2020. Les championnats, tous paliers confondus, pourront reprendre, par exemple, au début de l'automne 2020 et s'achever dans un délai n'excédant pas six ou huit semaines, pour ensuite ouvrir la voie à une autre saison de cauchemar.