L'ancien Premier ministre marocain, Abderrahmane El Youssoufi, bien connu pour sa vigueur à défendre le Grand Maghreb, est décédé vendredi à Casablanca des suites d'une maladie, ont rapporté des médias marocains. Natif de Tanger le 8 mars 1924, feu Abderrahmane El Youssoufi était l'un des artisans de la Conférence de Tanger (Maroc) ayant jeté les bases du projet du Grand Maghreb et ayant réuni, en 1958, les partis maghrébins nationalistes de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie à laquelle avait pris part une personnalité phare du Front de libération nationale (FLN), le moudjahid Abdelhamid Mehri. L'homme qui a passé la plus grande partie de sa vie dans l'opposition, avait rejoint le parti de l'Istiqlal, alors lycéen. Dirigeant de l'aile gauche du parti, il sera parmi les fondateurs en 1959 de l'Union nationale des forces populaires (UNFP), qui va devenir en 1975 l'Union socialiste des forces populaires (USFP), et rédacteur en chef de son organe Attahrir entre 1959 et 1965. Compagnon de route de Mehdi Ben Barka (l'un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II), il accepte après un long exil à Cannes (France) de mener un gouvernement en 1998 sous feu le roi Hassan II. Son gouvernement «d'alternance» constitué pour moitié (22 sur 41) par des ministres de la «Koutla», regroupement de partis de l'opposition. Il restera en poste jusqu'aux législatives de septembre 2002. En 2003, il démissionne de son poste de Premier Secrétaire de l'USFP et quitte la scène politique. En 1959, il est arrêté pour offense au roi avant d'être relâché quelques jours plus tard. Ses années d'opposition seront marquées par plusieurs procès. En 1963, il est condamné par contumace à 2 ans de prison. En 1965, après l'assassinat de Mehdi Ben Barka, il vient en France où il vivra en exil durant 15 ans. Nouvelle condamnation lors du grand procès de Marrakech où le procureur requiert la peine de mort. Gracié en 1980, il rentre au Maroc. En 1992, après la mort d'Abderrahim Bouabid, il devient premier secrétaire de l'USFP. Condamné à deux ans de prison par contumace en 1963, il quitte le Maroc en 1965 à la suite de la disparition de Ben Barka à Paris. Il restera en exil en France durant une quinzaine d'années. Entre-temps, il sera condamné à la peine capitale en 1975. Début des années 90', Abderrahmane Youssoufi rentre presque définitivement au Maroc. Il prend la direction de l'USFP en 1992 suite au décès de son Premier secrétaire de l'époque, Abderrahim Bouabid. Auteur de récits du Passé, dernière étape de sa carrière La présentation en mars 2018 à Rabat de ses mémoires aura été sa dernière sortie médiatique. Dans son ouvrage intitulé Récits du passé, il atteste l'implication des services secrets marocains, français et israéliens dans l'affaire liée à l'assassinat, en France, de l'opposant marocain, Mehdi Benbarka. L'ancien Premier ministre a décidé, au crépuscule de sa vie (94 ans), de dire sa version des événements vécus par le Maroc le long de la deuxième moitié du siècle passé. Dans son ouvrage : Alhadith fi ma jara (Récits du passé, en français), l'auteur a regretté que son pays «n'ait pas pu amorcer un virage démocratique pour plusieurs raisons». Parmi ces causes, l'«incapacité» de l'élite politique marocaine elle-même à opérer cette transformation. A cela s'ajoutent une «mauvaise gouvernance» et «une administration archaïque». Ont été évoquées notamment, outre son enfance, les dessous de son retrait de la vie politique en 2003, des épisodes du mouvement national marocain, des premières heures de l'aube de l'indépendance, ses liens avec feu Mehdi Benbarka, son opposition au régime, sa prise de commandes de l'USFP et à sa pratique politique au sein du gouvernement de l'Alternance marocain. Divisés en trois parties, les mémoires, rédigés par son compagnon de route Mbark Boudarqa, sont une compilation en trois tomes d'éléments biographiques, d'entretiens et de discours de l'ancien opposant et chef du gouvernement.