La France est confrontée à une « recrudescence notable du racisme et de la xénophobie », « manque de volonté politique », « stigmatisation des étrangers », le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU n'a pas eu de mots assez durs pour fustiger la situation de la politique française sur les droits de l'homme. Le débat sur l'identité nationale, l'idée du président Nicolas Sarkozy de déchoir des personnes d'origine étrangère de la nationalité française dans certains cas et les récentes mesures prises contre les Roms ont choqué les experts, qui rendront leurs conclusions le 27 août. Paris (France). De notre correspondant La politique française envers les minorités était passée au crible dans le cadre de l'examen périodique des pays ayant ratifié la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965. « La France est confrontée à une « recrudescence notable du racisme et de la xénophobie », a affirmé l'expert togolais Kokou Ewomsan. Concernant les gens du voyage, dont le nombre est estimé à quelque 400.000 personnes à 95% françaises, certains ont dénoncé un amalgame avec les Roms et surtout le système d'attribution de visa de circulation tous les trois mois. « Le carnet de circulation nous rappelle l'époque de Pétain », a affirmé le Nigérien Waliakoye Saidou. La question du renvoi des Roms, dont plus de 40 camps illégaux ont été démantelés en deux semaines, a été évoquée à plusieurs reprises. « Comment comprendre que les Roms puissent être extradés comme s'ils n'appartenaient pas à l'Union européenne ? », s'est interrogé l'expert algérien Nourredine Amir. Pour le rapporteur de la session, l'Américain Pierre-Richard Prosper, « ce qui manque en France, c'est une vraie volonté politique ». L'image et la réalité Les associations françaises se sentent confortées dans leurs positions. « Je suis triste de voir la France épinglée et montrée du doigt de la sorte. Mais il faut dire que la plupart des critiques et reproches sont fondés. Je ne sais pas s'il y a une augmentation du racisme, mais on constate une libération de la parole et des actes. Le facteur déclencheur majeur a été le débat sur l'identité nationale. Les Roms sont devenus un exutoire », s'indigne Alain Jakubowicz, président de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Le gouvernement français a répliqué aux critiques en affirmant que les politiques menées par la France visaient à « garantir les libertés publiques » et le droit à la sécurité, « premier des droits de l'Homme ». Surprise par la vigueur des critiques, la délégation française a défendu bec et ongles les positions du gouvernement. Elle a rejeté les problèmes de légalité des mesures contre les Roms et assuré qu'une révision de la loi de 1969 sur les gens du voyage était à l'étude, notamment sur la question du droit de vote. Elle a en revanche botté en touche sur la déchéance de la nationalité, la loi relative à cette mesure n'ayant pas encore été élaborée. « Bande sans scrupules » et « drôles d'experts » L'opposition déplore les critiques de l'ONU. « L'examen du cas de la France s'est terminé avec, il faut le dire, une image exécrable de notre pays. Le Parti socialiste, qui n'a cessé de dénoncer les manigances estivales d'une bande sans scrupule prête à instrumentaliser tous les ressentiments et toutes les haines pour de basses raisons électoralistes, déplore cette mise au ban des nations », noteNajat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale en charge des questions de société. Selon elle, « il faut désormais considérer que le premier responsable de ce climat d'insécurité et de xénophobie, c'est le gouvernement ». La droite a choisi comme ligne de défense de s'attaquer aux 18 experts. Dominique Paillé, porte-parole du parti au pouvoir s'est dit « surpris par l'attitude de ce comité et notamment sa composition, avec des gens qui viennent de pays qui ne respectent absolument pas les droits de l'Homme ». Même ligne de conduite pour le député UMP du Nord Christian Vanneste « tous les pays qui en font partie (du comité ) ne sont pas des exemples de démocratie vivante ni des exemples du respect des minorités : l'Algérie, la Russie, la Roumanie, qui traitent très mal les Roms chez eux (sic !)- il faut voir dans quel état ils sont lorsqu'ils viennent chez nous ».