A Hassi Messaoud, les gens craignent plus d'être attaqués par des chiens sauvages que de se faire agresser par des voleurs. Démunis et chiens affamés se partagent désormais le même territoire : les décharges des sociétés pétrolières. A en croire quelques habitants de la ville du pétrole, jamais sortir de nuit ne leur a fait autant peur. Depuis quelques semaines, des meutes de chiens errants accaparent les hauteurs de la ville et opèrent régulièrement des descentes nocturnes à la recherche de nourriture et de chair fraîche si possible. La tension ne fait que monter d'autant plus que ce sont les quartiers populaires de Toumiat, El Haïcha ainsi que les différents bidonvilles situés à la lisière de la ville qui sont les plus touchés. C'est une menace quotidienne commente une habitante de Toumiat, « on a vraiment peur de se hasarder seul ou même en groupe, le soir venu ». Ces quartiers étant entourés de dunes, c'est souvent là que les sociétés pétrolière ont pris l'habitude de jeter leurs ordures ô combien précieuses pour les résidents du coin. Pour des dizaines de familles, la décharge est le seul moyen de subsistance. Tout est récupéré, de la simple baguette de pain, aux restes de conserves, au métal, plastique, etc. Mais la chance ne sourit pas aux pauvres. Leur territoire est actuellement envahi par ces bêtes dangereuses qui viennent en nombre important s'installer dans une zone habitée, et à forte population. L'effet de meute est évidemment très aggravant et met en danger la vie de toute personne qui s'aventurera dehors après le crépuscule. La gravité du risque augmente proportionnellement avec la taille des animaux et selon le témoignage de quelques jeunes de Hassi Messaoud, ces bêtes sauvages sont assez grandes pour que des personnes adultes soient des proies potentielles sans parler des enfants. Pour l'heure, aucun incident majeur n'est survenu grâce aux précautions prises par les habitants qui ont délaissé leur territoire pour avoir la vie sauve mais rien n'exclut une agression vu que les maisons sont en tôle et autres métaux de récupération. La situation est également incommodante pour ceux qui habitent des maisons plus confortables. La hausse des températures incite à prendre l'air à la belle étoile mais le danger des chiens oblige la population à se cacher. Evidemment, la commune est interpellée par le phénomène pour la mise en application urgente de l'autorisation accordée par la wilaya depuis janvier dernier et organiser des campagnes d'abattage des chiens dangereux, dont le nombre a augmenté de façon exponentielle durant les dernières années. A souligner par ailleurs la nécessité d'une réorganisation des décharges publiques de la ville de Hassi Messaoud parsemée de plus d'une quinzaine de décharges sauvages au pied des pipelines avec la contribution quotidienne des sociétés pétrolières.