Confrontés depuis le début de l'année à une importante sécheresse, le Tchad, le Mali, le Niger, la Mauritanie, le nord du Nigeria et le Burkina Faso vivent actuellement une grave crise alimentaire. L'ONG humanitaire Oxfam a averti qu'à défaut d'une intervention urgente de la communauté internationale, cette crise risque de tourner rapidement au désastre. Les responsables de la représentation régionale à Dakar du Programme alimentaire mondial (PAM) ont indiqué, hier, à la presse, que près la moitié de la population du Niger (7 millions de personnes) vit dans la pénurie et un enfant sur six est atteint de malnutrition aiguë. Selon un diagnostic de la situation réalisé en mai et juin derniers, 16,7% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. Il s'agit d'un chiffre supérieur à celui de 15% au-dessus duquel l'Onu considère qu'il s'agit d'une situation d'urgence, précise la représentation du PAM. Cette grave crise alimentaire est due principalement à la rude sécheresse qui a frappé la dernière campagne agricole, réduisant de plus de moitié les récoltes des cultures vivrières. Une grande partie du cheptel a été également décimée par l'amenuisement des pâturages et l'assèchement des points d'eau vitaux pour les activités pastorales. « La majorité de la population nigérienne dépend de l'agriculture ou du bétail pour se nourrir. Mais l'année dernière, les pluies tardives et rares ont détruit la récolte et les pâturages. En même-temps, les prix alimentaires étaient toujours aux pics atteints l'an précédent lors de la crise alimentaire, donc les familles ne pouvaient même pas acheter à manger », explique Thomas Yanga, Directeur régional du PAM pour l'Afrique de l'Ouest, sur le site internet de l'organisation. En plus d'être frappé de plein fouet par la famine, le Niger a, rappelle-t-on, connu la semaine dernière de graves inondations. Celles-ci ont fait deux morts et près de 70 000 sans abri à Maradi, dans le centre-sud du pays. Entre le 9 et le 12 août, plus de 67 810 personnes avaient été victimes des inondations à Niamey et dans les régions de Zinder (centre-est), Maradi (sud-est), Tahoua et Tillabéri (ouest), Diffa (est) et même dans la très désertique région d'Agadez (nord). Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU, des vivres, des tentes, des médicaments, des moustiquaires, des nattes, des couvertures sont acheminés dans les zones sinistrées grâce au soutien du programme alimentaire mondial (PAM) et l'Unicef. Dans le prolongement des efforts accomplis par le PAM, la Commission européenne a aussi débloqué la semaine dernière 14,9 millions d'euros pour ce pays qui se trouve être le plus touché par la crise alimentaire au Sahel. « Cette aide alimentaire survient à une période critique pour le Niger et pourrait sauver jusqu'à 700 000 familles de la faim et de la famine », a souligné le commissaire européen chargé du développement, Andris Piebalgs. Depuis le début de l'année, la Commission européenne a apporté une aide humanitaire d'un montant de 54 millions d'euros dans les pays du Sahel touchés par la crise alimentaire, dont 25 millions d'euros pour le Niger. Compte tenu des besoins croissants au Sahel, la commissaire chargée de l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, a demandé, début juin, la mobilisation de 30 millions d'euros supplémentaires pour financer des opérations humanitaires au Sahel.