Selon la Direction des services agricoles (DSA), ce sont 1 200 000 q de céréales qui ont été récoltés sur 98 000 ha moissonnés. Ces chiffres, sur la véracité desquels une forte suspicion planait, viennent d'être démentis par les céréaliculteurs après avoir été répercutés par les JT de la radio et de l'ENTV. Pour ce faire, les contestataires, réunis au siège de la Chambre de l'agriculture, ont usé d'un décompte précis. Ils aboutissent à 54 000 q de semences en s'appuyant sur la quantité de semences retirée auprès de la CCLS l'année passée, une quantité à laquelle a été additionnée celle théoriquement stockée par les agriculteurs. Par ailleurs, sur la base de ce chiffre, et en tenant compte du fait que la conduite des semis se fait à la volée, dans la mesure où plus aucune exploitation ne dispose de semoir, soit entre 1,2 à 1,4 q/ha, on aboutit, en comptant large, à 50 000 ha de superficie emblavée. A l'autre bout, ce chiffre est corroboré par les livraisons faites cette année aux deux CCLS de la wilaya, soit 360 000 q. Ce chiffre est une référence jugée très fiable dans la mesure où les prix offerts par les CCLS sont de très loin supérieurs à ceux du marché parallèle et qu'en conséquence, les producteurs ont intérêt à livrer leurs céréales aux CCLS. A cette quantité réceptionnée par les CCLS, on ajoute 30% de la production qui aurait été stockée pour l'autoconsommation, en particulier pour la nourriture du bétail, 10% qui auraient été fauchés avant terme et reconvertis en fourrage, 10% gardés pour la zaqat et 10% de pertes dues à un mauvais réglage des moissonneuses. On aboutirait ainsi à une production de 650 000 q pour un rendement moyen de 12 q/ha, ce qui donne en réalité 53 700 ha qui auraient été emblavés. Ainsi, l'écart entre les chiffres de la DSA et des céréaliculteurs va du simple au double. La question qui se pose alors est de savoir pourquoi la profession s'est révoltée cette fois contre une manipulation des chiffres qui a jusque-là prévalu dans le secteur de l'agriculture. A cet égard, on sait que depuis près d'une année le torchon brûle entre la DSA et la Chambre de l'agriculture, cette dernière étant pratiquement en position d'hostilité. Cette attitude de la chambre s'explique par sa volonté de retrouver une crédibilité auprès de ses adhérents en refusant de continuer à cautionner aveuglément comme auparavant les décisions de la DSA. L'on cite, à cet égard, la catastrophe qu'a subie la filière viticole, une catastrophe imputée à la DSA. Par ailleurs, les céréaliculteurs tiennent à prendre date en refusant d'admettre la réalité des chiffres mensongers, des chiffres qu'ils refusent d'être utilisés contre eux pour faire la démonstration de leur aisance.