Fleurons des projets à dater au carbone 14, le métro et la nouvelle aérogare d'Alger semblent reprendre du poil de la bête. Certains le proclament et le martèlent, parfois à coups de manchettes de journal. En faire la genèse, c'est se condamner à une longue dissertation, ressassée à l'excès. Le panthéon des œuvres inachevées ne désemplit jamais. Des projets sont concoctés dans l'euphorie. Rituel incantatoire et exaltation fervente. On part à l'assaut des étoiles, on se lance des défis et on s'abreuve de pieuses espérances. A l'épreuve du feu, la fièvre tombe, le roulement des belles professions de foi se fait plus discret. Les prétentions sont revues à la baisse. On rase les murs, invoquant moult contrariétés bien indépendantes de toutes les volontés, selon l'expression consacrée. S'installe une longue « glaciation ». Après l'extase, c'est l'agonie. Comme un vieux serpent de mer, mystérieux et énigmatique, le projet est rappelé au bon souvenir du citoyen par de hasardeuses réminiscences. Ce qui, au départ, constituait un bon motif de satisfaction et de fierté, devient au fil du temps objet de sarcasmes, de moquerie. Comme les ailes d'Icare, la brillante prétention s'effiloche et s'étiole. Le plus étrange dans l'histoire est que l'échec patent, la déroute cuisante et le grand flop s'instrumentalisent On s'en sert pour justifier des repentances tardives, le retour au dogme de la rigueur, le début d'une ère de bonne gouvernance. Mener jusqu'à son terme un vieux projet qui a défrayé la chronique par ses errements et errances successifs, c'est se convaincre d'une rupture avec les anciennes lubies du passé. Chapeau bas pour une reconversion que l'on espère bien sincère. Il reste à souhaiter que le jour de l'inauguration les flonflons et les confettis ne seront pas servis. Par pudeur.