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La colonie. L'Agora de Kader Attia : Le lieu changera, pas l'esprit!
Publié dans El Watan le 18 - 08 - 2020

Victime des mesures de confinement imposées par la situation sanitaire, le lieu créé par Kader Attia doit quitter le quartier de la Gare du Nord, à Paris.
Ouvert en 2016 sous ce nom barré qu'on peut lire sous le trait (comme la réalité de la colonisation est encore lisible aujourd'hui malgré le trait tiré sur elle par la décolonisation), devenu une place incontournable de l'art contemporain, le lieu attirait un public hybride, aussi bien les jeunes, qui en avaient fait leur place forte le week-end, que les artistes et les intellectuels en quête d'idées et de productions peu connues ou encore les associations séduites par les aménagements.
Qu'est-ce qui fait de La Colonie un lieu nécessaire à la vie artistique et intellectuelle ? Que sera le nouveau lieu qui fera revivre l'idée fondatrice : donner la parole aux marges, celles-là mêmes qui n'ont guère accès à l'espace public ?
Le combat politique : montrer les effets de la colonisation dans le temps présent
Pour Kader Attia, le «décolonial» n'est pas un mot galvaudé. Il recouvre à la fois un constat historique, les effets de la colonisation, et un mode d'action : repérage et expression des problèmes qui leur sont liés dans les sociétés contemporaines. Dans une perspective décoloniale, non européocentrée, «La Colonie critique et s'autocritique», dit Kader Attia. Pour ce dernier, l'institution s'inscrit dans une éthique du soin qui vise à tenir compte des conditions concrètes d'existence, des problèmes, inégalités ou iniquités réels et à les réparer.
La Colonie accueille une parole multiple, qui diverge dans la conception des moyens d'action mais se retrouve sur plusieurs thèmes : place des minorités, combats féministes, débats sur la colonisation, réflexion sur ce que peut être une écologie de gauche, approche psychanalytique de la colonisation (Fethi Benslama, Karima Lazali). Les points de vue de l'Afrique subsaharienne sont représentés avec Suleymane Bachir Diagne, Achille Bembé, Felwin Sarr, Nadia Yala Kisukidi. Les philosophes Etienne Balibar et Toni Negri ont aussi apporté leurs contributions. L'espace a été ouvert à différentes associations qui y ont programmé des séminaires : «Décoloniser les arts», «l'Ecole décoloniale», «L'université Buissonnière», etc. Des universitaires, notamment, investissent aussi l'espace.
Des figures s'individualisent, par exemple, celles de Françoise Vergès, d'Olivier Marbeuf ou de Norman Ajari, et avec elles, la critique des différentes formes de domination dans le monde contemporain, qu'il s'agisse de l'analyse du travail des femmes, des modes de citoyenneté ou de la caractérisation des places laissées aux subalternes. La revendication est la même : accéder à l'espace public pour obtenir une reconnaissance des problèmes et y remédier par la formulation des idées et l'expression artistique.
Le combat artistique : le post-colonial, matière artistique
La reconnaissance des études post-coloniales dans le champ de l'art est un des apports de La Colonie ; avant 2016, ce type d'étude demeurait en France assez confidentiel, aucune institution publique ne le prenait véritablement en charge. Si les grandes institutions parisiennes ont bien présenté des artistes contemporains issus des marges, c'est plus en tant que témoins de scènes (étrangères ou celle des «minorités visibles») qu'en tant qu'acteurs d'une critique culturelle et politique. Or, c'est la position critique de l'analyse post-coloniale qui est la matière même d'œuvres artistiques montrées de manière privilégiée à La Colonie, quel qu'en soit le média (œuvres plastiques, cinéma, vidéo, musique, littérature). Ainsi, récemment les imaginaires de la science-fiction, le travail sur les affirmations impérialistes de la Pologne, parmi bien d'autres exemples possibles. Si aujourd'hui le décolonial est à l'agenda d'un certain nombre d'institutions culturelles, néanmoins la relation avec les institutions culturelles est questionnée : qui décide de quoi ? dans quelles ?
La Colonie veut être – comme d'autres lieux – un lieu ouvert qui puisse accueillir à parole des marges, ce qui n'est pas sans poser problème : si celle-ci s'exprime souvent dans la colère et si, d'après O. Marboeuf, il faut admettre le malaise qu'elle suscite, cependant ces lieux permettent de pointer des formes d'expression artistique émergentes mais aussi de laisser à leurs auteurs le soin de mettre en forme leurs propositions : performances, expositions, manifestations de tous genres constituent paradoxalement une mémoire en cours de constitution. On peut rapprocher ce mode de fonctionnement des coups d'essai brillants des artistes algériens lorsqu'ils avaient organisé à Alger la série des Picturies générales.
Les sociabilités de La Colonie : une idée du «soin»
On a souvent remarqué la convivialité du lieu : il a été habité aussi bien par les associations de quartier que par les jeunes ou les académiques. Concentré urbain, il a permis rencontres et amitiés. Il a été aussi le cadre de débats virulents mais dont le grand gagnant a été aussi le respect d'opinions qui n'étaient pas nécessairement partagées.
De ce point de vue, La Colonie a eu un rôle citoyen, intégrant les marges dans la vie de la cité. En étant contrainte par les circonstances à s'adapter à de nouvelles conditions, elle restera ce lieu de la réparation, idée chère à Kader Attia, fondamentale pour la coexistence pacifique des sensibilités et du débat contradictoire.


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