Panorama de la photographie algérienne : 13 photographes exposent depuis dimanche dernier au palais de la culture Moufdi Zakaria, en marge du premier Salon professionnel du son et de l'image (Sonim). 13 photographes de différentes générations, qui zooment avec leurs objectifs sur l'Algérie. Résultat : 13 regards différents sur une Algérie aux multiples facettes. On n'en attendait pas mieux. Ce pays, jalonné de tourments et pourtant parsemé de beauté, offre à l'œil de l'objectif une multitude d'images à travers le temps. Parce qu'il faut savoir que parmi les 13 photographes, certains ont exposé des travaux qui datent de plusieurs décennies et certaines photos ont fait le tour du monde, en évitant soigneusement de faire escale chez-nous. L'exposition est un panorama de la photographie mais aussi un panorama de l'Algérie. Aux côtés de sublimes images du Sahara et de paysages dignes des plus belles cartes postales se côtoient la misère et la mort d'une douloureuse époque, la décennie noire, figée par les objectifs des jeunes photographes. Pour le commissaire de cette exposition, Abdelkrim Djilali, l'objectif est de traduire la force de la photographie algérienne et de lui donner un nouvel espace pour reprendre le contact. Parce que la photo nous permet d'avoir un regard sur nous-mêmes et par la même occasion d'ouvrir une porte qui tend à rester fermée. Et cette porte (l'exposition) nous donne accès à un passé proche, qui semble tellement lointain. Et qui nous appartient. Abdelkrim Amirouche, Benyoucef Cherif, Kays Djilali et Yacine Ketfi nous offrent le meilleur : la plus belle face d'une riche Algérie. Mohand Abouda, Nabil Belghoul, Sid Ali Djennidi, Ali Hefied, Ali Marok, Nacer Medjkane, Louiza Ammi- Sid et Samir Sid nous ouvrent le dernier chapitre : le moins plaisant à se remémorer mais le plus véridique de nos jours. Tout y est : force, intensité et douleur. Douleur de l'insaisissable lointain passé et douleur d'un passé plus proche et plus amer. M. Abdelkrim Djilali voudrez faire de cette exposition une tradition annuelle. Parce que la photographie algérienne se fait rare. Hormis la presse nationale et quelques rares expositions, cas isolés, elle est totalement absente ou du moins reléguée, comme abandonnée en arrière-plan de notre quotidien. Un peu comme une envie de se voiler la face et d'oublier de se regarder droit dans les yeux ? Peut-être bien. Un peu comme si c'était un acte manqué, une volonté inconsciente de regarder derrière soi. Et c'est pour cela que le commissaire de cette exposition s'accroche à son idée. Parce qu'« une photo, c'est quelquefois tout ce qui reste d'une vie ».