La cérémonie de départ à la retraite organisée par les employés de la Bibliothèque principale (BP) «Assia Djebar» de Tipasa à leur directrice, Mme Sebbah Saâdia a été fortement marquée par l'intensité de l'émotion, des larmes. En effet, la Bibliothèque principale (BP) «Assia Djebar» de Tipasa, cette infrastructure érigée sous l'ère du défunt wali de Tipasa, Hadj Ouchen Mohamed, à proximité de la radio locale et le lycée fait partie de «l'une des meilleures bibliothèques en Algérie. L'affectation de l'universitaire, compétente et expérimentée dans son domaine, aura été à l'origine du statut actuel de cette BP. Mme Sebbah Saâdia avait structuré cette bâtisse et avait conçu un aménagement qui répondait aux exigences de la fonctionnalité d'une maison du savoir. Cet ultime rendez-vous avec la désormais ex-directrice de l'établissement qui relève du ministère de la Culture et des Arts avait eu lieu dans l'après-midi du dimanche 11 octobre 2020. La salle de lecture s'est avérée trop exiguë pour accueillir l'immense foule venue lui rendre un dernier hommage, après plusieurs années d'efforts et de sacrifices. «Nous vous remercions Madame, d'avoir fait aimer la lecture et le livre pour nos enfants», déclare une maman, membre d'une association des parents d'élèves. L'assistance se composait des artistes-peintres, écrivains, poètes, associations culturelles, clubs littéraires, enseignants, journalistes, parents d'élèves et de quelques adhérents de la bibliothèque. Hormis la présence de 03 directeurs de la wilaya, le directeur de la radio locale et une femme, officier supérieure de la Sûreté nationale, les autorités et les élus locaux habitués à se rendre à la BP pour marquer leurs présences lors des manifestations, n'ont pas jugé utile cette fois-ci de venir, en guise de reconnaissance pour le travail et la générosité de cette femme qui activait en rasant les murs. Compte tenu de ses compétences, le ministère de tutelle avait envoyé Mme Sebbah Saâdia en voyages d'études dans plusieurs pays, nous citerons quelques uns, l'Italie, la Hongrie, la France, la Chine. Elle était la directrice de cette bibliothèque principale depuis 2009 jusqu'à 2020. Cette infrastructure dispose de 26 000 titres et plus de 40 000 livres. Mme Sebbah avait doté sa structure d'un site, d'un fichier en ligne et d'un système anit-vol. Ne pouvant pas supporter le poids de l'émotion, la nouvelle retraitée pleurait à chaudes larmes. Elle avait interrompu la lecture de son discours, qui d'ailleurs, avait été repris par l'une des employées sous les applaudissements du public. Elle avait formé une équipe composée essentiellement de femmes pour gérer la bibliothèque, bien accueillir et orienter les jeunes collégiens, lycéens et étudiants. Le sérieux de cette gestionnaire avait amené certaines institutions publiques à solliciter l'utilisation des espaces pour leurs réunions de sensibilisation et d'information. L'Association des journalistes de Tipasa avait organisé moult fois la célébration de la journée du 03 mai dans cette bibliothèque. Les autorités de la wilaya présentes lors de ces événements ne rataient jamais le rendez-vous annuel des journalistes, afin de débattre sur de nombreux points inhérents à la communication en Algérie. Le bibliobus affecté à la direction de la culture de la wilaya est en panne depuis des années. La 1re responsable de la bibliothèque «Assia Djebar» de Tipasa ne s'empêchait pas d'organiser des régions rurales éloignées de la wilaya pour se rapprocher des enfants des familles démunies. Mme Sebbah Saâdia à l'aide de ses livres, en dépit de ses moyens dérisoires faisait des miracles pour l'intérêt des jeunes. L'imam de Tipasa, M. Tikarouchine, un véritable poète en plus de sa fonction officielle, avait déclamé avec solennité son long poème pour relater les qualités de cette femme dévouée pour la culture et la lecture. Cette infrastructure au fil des ans s'est transformée en une ruche. La reine (Mme Sebbah, ndlr) entourée de ses abeilles (employées, ndlr) est arrivée à produire un aliment vital (miel, ndlr) pour les citoyens. La bibliothèque «Assia Djebar» de Tipasa avait offert ses espaces pour cultiver la jeunesse, en l'alimentant en savoir grâce à l'amour du livre et de la lecture. Les interventions spontanées de l'assistance illustraient les qualités humaines et professionnelles de cette algérienne qui avait quitté sa «ruche» en larmes. Advertisements