Le 24 décembre, la salle de lecture de la bibliothèque principale de la wilaya de Tipasa, située à proximité de la radio de locale, affichait complet. La directrice, Mme Sebbah Saâdia, était contrainte de s'excuser auprès des familles, accompagnées de leurs enfants, venues pour assister «au spectacle culturel» interprété par deux sympathiques sœurs, Assia et Djazia. Nos deux artistes sont devenues autonomes grâce aux avantages offerts par le dispositif de l'Ansej depuis 2011. Nos interlocutrices avaient étudié à l'Institut national des arts graphiques (INAG) de Bir Mourad Raïs (Alger). Elles avaient baigné dans l'univers culturel avant de plonger «magiquement» dans la peinture et la littérature infantile. Petites filles d'un imprimeur et filles de Salima Mahteb, leur maman artiste-peintre, Assia et Djazia, sous le regard de leur frère Fethi, nous relatent leur incroyable aventure. Certes, les choses ne sont pas aussi faciles comme le prétendent beaucoup de gens, en dépit de l'aide du ministère de la Culture. «Nous avons sacrifié notre temps pour réussir dans notre projet», nous avouent-elles. Pour l'instant, elles sont invitées dans les salons du livre qui sont organisés à Alger, afin de se faire découvrir par le public. Leur simplicité et leur disponibilité, deux atouts qui facilitent le développement de leurs relations. Leurs projets sont multiples. Ecrire des livres de contes pour enfants en braille, des livres de contes pour enfants en tamazight et intervenir au niveau des bibliothèques et des centres culturels à travers toutes les wilayas du pays, telles sont les étapes à franchir pour nos interlocutrices. «Nous sommes venues à Tipasa pour la première fois et sommes prêtes à revenir. Vous avez vu le nombre d'enfants qui sont venus nous voir et nous interroger sur nos livres. Nous espérons introduire la culture de la lecture chez les adultes algériens de demain grâce à notre modeste contribution», affirment-elles. Les filles de la famille Ghouti sont en quête de contacts pour perpétuer leur création. Ecologistes jusqu'aux bouts des ongles, Assia et Djazia attachent de l'importance sur la qualité du papier et de la peinture de leurs minces ouvrages, afin que les lecteurs ne soient pas victimes d'une quelconque toxicité. «La santé des enfants passe avant nos intérêts», nous précisent-elles. Saâdia Sebbah, directrice de la bibliothèque de Tipasa, vient de donner l'exemple. Assia et Djazia affichent leur disponibilité pour investir les espaces de lecture des enfants sur tout le territoire national.