La mort d'une entreprise publique serait-elle devenue à ce point banale pour passer presque inaperçue ? En effet, c'est sur un huitième de page nécrologique d'un quotidien sans écho, que la liquidation de la Société de wilaya des services (Sowis) a été annoncée ces jours ci. Pour certains, c'est le sort des travailleurs et de leur famille qui est ainsi scellé ; pour d'autres, c'est la fin d'un long feuilleton de conflits interminables qui ont permis à cette entreprise publique de briller tristement sur les pages de la presse locale. L'assemblée générale extraordinaire qui a eu lieu le 27 décembre dernier en a décidé ainsi après avoir entendu le rapport du conseil d'administration de l'entreprise et celui du commissaire aux comptes. Une fois le constat a été fait sur l'état de cessation de paiement, l'AGEX a mandaté le conseil d'administration à l'effet d'engager la procédure de règlement judiciaire, c'est-à-dire la liquidation, et de se charger des formalités de dépôt de bilan. Ainsi donc, la messe est dite pour la Sowis. Mais le plus affligeant, c'est qu'au moment où tous les travailleurs se battent pour le maintien de leurs entreprises par ces temps de liquidation tous azimuts, aucune voix ne s'est manifestée pour défendre la Sowis. Du coté des « ayants droit », c'est plutôt intrigant puisque ni les travailleurs de l'entreprise ni le syndicat n'ont réagi. En l'espace de quatre années, la Sowis a vécu trois moments difficiles provoqués par des conflits entre la direction et les travailleurs. Le dernier bras de fer manifesté à travers une grève déclenchée en mai 2004 a eu raison de l'entreprise qui avait pourtant des chances pour s'en sortir. Evitée comme la peste par les promoteurs constantinois en raison de son instabilité, la Sowis avait réussi tant bien que mal à avoir un cahier des charges important grâce à des contrats décrochés dans d'autres wilayas, notamment à Boumerdès. Ces déplacements chichement payés n'ont pas plu, cependant, à certains travailleurs qui ont commencé à recourir fréquemment aux congés médicaux. Les absences répétées ont retardés par la suite les chantiers et désavoué l'entreprise aux yeux des propriétaires d'ouvrages qui vont résilier, par conséquent, les contrats. Toutes les tentatives de conciliation entre les deux parties du conflit ont échoué alors que la situation ne cessait de s'envenimer allant jusqu'à l'empêchement du PDG d'accéder à l'entreprise et ce n'est pas la force publique qui va pouvoir l'aider. Cela conduira au licenciement de 35 grévistes pour refus de rejoindre leur poste et entrave au PDG d'exercer ses fonctions. A partir de ce moment, le sort va s'acharner sur l'entreprise qui va commencer à perdre son passif. La Cacobath sera la première à envoyer ses huissiers pour saisir un matériel d'une valeur de 600 millions. C'était en septembre dernier. Aujourd'hui et en attendant d'autres créanciers, le parc et le siège de l'entreprise sont livrés à leur sort, c'est-à-dire à la rapine et aux appétits malveillants alors que le liquidateur n'est pas encore désigné.