-Vous avez dénoncé le comportement de certains randonneurs qui, d'après vous, «ignorent les objectifs et la finalité des randonnées». Pourriez-vous nous rappeler les principaux objectifs et la finalité de cette activité ? Effectivement, j'ai déjà dénoncé le comportement irresponsable d'une catégorie de randonneurs ajoutée à la classe des passagers clandestins. En Effet, je rappelle que dans le contexte du tourisme responsable, qui a pour objectif d'appliquer les principes interdépendants du développement durable (économiques, sociaux et environnementaux) sur toutes les formes du tourisme, faisant appel à la préservation à long terme des ressources naturelles, culturelles et sociales, ce qui contribue de manière positive et équitable au développement économique des régions touristiques et de ses hôtes. Dans l'activité touristique, la pratique de la randonnée (pédestre, équestre, en vélo, …) a plusieurs objectifs, en plus de l'exercice physique et sportif et le développement d'un esprit d'endurance en prenant différents sentiers. Et parmi eux, on distingue : La détente et le dépaysement en découvrant des sites touristiques en pleine forêt, milieux naturels, montagne,… L'aventure et le contact direct avec la nature (faune et flore, paysages,…). Le contact humain et l'interaction avec d'autres randonneurs, aventuriers, touristes et surtout l'interaction avec les populations locales au sein des régions visitées. L'ouverture à d'autres cultures et l'accès au gisement de l'artisanat, l'art culinaire et les produits du terroir. Et d'autres fins d'ordre psychologique et spirituel (inspiration, méditation, zénitude en solo …) -Quelle est la conduite à adopter afin de ne pas porter atteinte à la nature ? Pour ne pas porter atteinte au lieu naturel et avoir en tête l'esprit de l'écotourisme, la pratique de certaines consignes est désormais une obligation pour éviter la dégradation des sites touristiques. Marcher en pleine nature procure une paix morale et une sérénité à travers le monde des forêts et des montagnes, mais l'homme demeure comme un intrus à ces espaces où vivent des espèces animales et végétales. Porter atteinte au milieu naturel commence par l'idée d'aller en randonnée sans mettre une tenue adéquate (chaussures, bâtons de marche, sac à dos,… et surtout un sac poubelle pour récupérer les déchets de retour de la sortie). Revenons à ce qui ravage la nature ! La pollution sonore, dévastatrice de la nature, on voit des groupes hurler en chantant et dansant au rythme de la derbouka, Bendir, karkabo et parfois l'utilisation de baffles et de la musique à fond ce qui est néfaste et contiennent des composants toxiques pour la nature Il ne faut pas allumer le feu, sauf dans des zones autorisées, en évitant de couper les troncs et branches d'arbres ; ne jetez pas de déchets sur le sol. S'il n'existe pas de poubelles à proximité, ressembler les détritus dans un sac en plastique recyclable et jetez-le à la fin de votre marche. Pour respecter la nature et ne pas l'endommager durant la randonnée, ne touchez à rien et profitez-en plutôt pour l'admirer et la photographier. Si chaque randonneur cueillait des plantes, cassait des branches ou jetait des pierres, la nature serait en effet rapidement détériorée. Evitez d'être accompagné de chiens pour ne pas déranger les animaux sauvages sur les lieux. -Vous êtes le co-fondateur de la start-up Randonnées Events, pourriez-vous nous parler des atouts que possèdent les montagnes pour l'attrait touristique ? Quel avenir en Algérie pour le tourisme de montagne ? Randonnées Events inscrit son engagement dans le contexte du tourisme durable en mettant en valeurs les attraits dont disposent les montagnes et les régions touristiques locales, en organisant des sorties et virées éco-responsables (randonnées, visites guidées, bivouacs à travers des sites touristiques du côté du Djurdjura, Chréa, Tikdjda,...) tout en incitant les participants à respecter la nature et les traditions de chaque région visitée. En encouragent toutes les initiatives qui font appel au respect de l'environnement, à l'instar des éco-actions, volontariat de nettoyage et de sensibilisation menées par des acteurs touristiques, associatifs et écologiques. Plusieurs dimensions rentrent en mesure dans l'attractivité touristique dans une montagne vu son géosystème, comme le climat chaud ou tempéré, les reliefs montagneux, les plaines, zones naturelles d'intérêts remarquables, parcs naturels, zones protégées, milieu rural,… On parle donc de la touristification technique liée à l'équipement et infrastructures, hébergement, maison d'hôtes, gîtes ruraux, réseaux routiers, infrastructures de loisirs, détentes,… mais aussi touristification théorique, dont les paysages naturels, culturels, sites historiques, fêtes locales, patrimoine bâti et non bâti, vie des montagnards,… Tous ses éléments sont pris en compte dans la mesure de la touristicité, permettant d'évaluer le potentiel touristique d'une montagne, (l'attractivité, l'accessibilité, l'offre touristique, etc.) L'attractivité basée uniquement sur les ressources naturelles et culturelles est insuffisante, la qualité des services, de l'animation, des équipements, la convivialité, l'ambiance, la dimension événementielle, de management et du marketing territorial sont au cœur de l'attractivité. Ajouter à cela l'accès à l'investissement touristique dans les régions limitrophes des zones montagneuses, notamment l'adaptation à ce terroir pour garder l'authenticité des sites et le respect écologique (maison en bois, gîtes écologiques,…). Si on transpose tous ces paramètres sur le tourisme de montagne dans notre pays qui s'ouvre à plusieurs activités sportives (randonnées, alpinisme, ski, High-line, parapente, le trekking, la course en montagne, le vélo tout-terrain, la spéléologie,…) la conversion vers le tourisme local commence par la promotion du tourisme de montagne, associé au tourisme sportif, fêtes régionales, foires des produits locaux, photographie paysagère,... Cela exige la mise en œuvre de toute une synergie sectorielle et territoriale dans une dynamique de développement local des zones montagneuses. -Peut-on concrètement à l'état actuel des choses, relancer le tourisme de montagne tout en préservant la nature ? La nature de la montagne et la fragilité de sa biosphère et de son écosystème, menacé à la fois par le tourisme de masse, les incendies (départs de feu naturel, pyromanes,...) sont considérées comme la pierre angulaire pour édifier un tourisme de montagne durable et responsable. Renforcer les actions de sensibilisation sur la protection et la préservation de la faune et de la flore de la montagne et surtout des espèces endémiques et l'organisation des sorties pédagogiques pour repérer le gisement que recouvre la montagne. Dans ce contexte, la Journée mondiale de la montagne sera dédiée à la biodiversité de montagne, thème choisi pour célébrer cette date (11/12/2020) tout en répondant aux menaces auxquelles elle fait face (catastrophes naturelles, réchauffement climatiques, pollution,....). -Les randonnées se sont, entre autres, les pratiques les plus courantes chez ceux qui fréquentent la montagne. Cette pratique a-t-elle connu une ascension depuis le début du confinement ? Le secteur de tourisme est paralysé à cause de la pandémie de la Covide-19, ce qui a induit une rupture dans toutes les activités touristiques, notamment celle de la randonnée. Généralement, les sorties en montagne s'organisent en groupe, en famille ou entre amis et dans le contexte actuel et celui de la lutte contre la propagation du virus maudit, les tutelles et les directions des parcs nationaux ont procédé à l'annulation de toute virée, évasion ou escapade en direction des montagnes. La fluctuation des cas contaminés et les mesures strictes entre un confinement partiel et total ont affecté le milieu naturel et la montagne positivement où Dame Nature a repris son souffle avec moins de pollution et de dégradation causées par l'homme. -Le confinement (la crise sanitaire) a t-il favorisé les activités de montagne (sport, randonnées, pique-niques ...) ? Le confinement a poussé les acteurs touristiques à revoir leurs engagements écologiques. En Algérie, plusieurs initiatives de conversion pour le tourisme domestique en organisant de vastes compagnes de nettoyage au sein des lieux touristiques, à l'exemple de l'action nettoyage de la station de Tikdjda et de Tala Guilef, Djeblinaire, ... initiées par les éléments de Parc national du Djurdjura, associations et un collectif d'agences de voyages algériennes. Sur le plan social, les liens familiaux se sont renforcés en période de confinement, donc partir en sortie randonnée, pique-nique tout en respectant le protocole sanitaire, procure une bouffée d'oxygène. Et le retour au milieu natal et rural pour se vider des vacarmes de la ville et des lieux de concentration humaine, pour retrouver la paix morale face aux paysages naturels et montagneux. -Cette crise sanitaire (la Covid-19) a-t-elle influencé positivement ou négativement sur la montagne (protection de l'environnement) ? L'activité du tourisme de montagne s'est noyée dans la tempête de la crise sanitaire, ce qui a affecté négativement les organismes touristiques, groupes de randonneurs. Artisans et éleveurs montagnards sont les premiers acteurs touchés par ce déclin en termes financiers. Le secteur du tourisme a été mis à l'arrêt depuis huit mois, un domaine désormais sinistré. La majorité des agences sont en difficulté et certaines ont déclaré faillite vu la rupture de toutes les sorties touristiques en montagne et autres destinations. La montagne, désertée par ses ravageurs et les randonneurs, a retrouvé son état naturel en cette période de crise suivie d'une bonne dynamique et d'éco-action pour la protection de l'environnement où plusieurs projets et idées on été créées dans ce sens, à l'exemple de la Fondation algérienne pour l'Environnement, l'Ecologie et l'Economie circulaire (Synergia), l'action Djeblinaire spéciale nettoyage de sites touristiques en Algérie, et le grand travail des éléments des Parcs nationaux, et des écologistes chercheurs activant sur terrain pour rendre un hommage environnemental à la montagne. En outre, cette crise sanitaire a fait tourner plusieurs opérateurs vers le tourisme local. Les acteurs touristiques doivent se projeter dans une vision globale non commerciale en faisant recours à la rationalité dans la prise de décision d'investissement dans le tourisme intérieur, sinon les sites déjà désertés par la propriété et l'aménagement seront des territoires pour la propagation de tout type confondu d'insalubrité à la fois du sol, sonore, de l'eau, de l'air,… Et même moral face à l'attitude comportementale. En outre, il est impérativement indispensable d'avancer de bonnes intentions pour un développement local et durable avant que ce ne soit commercial.
Propos recueillis par Djedjiga Rahmani [email protected]
Bioexpress Lotfi MOKRANI ,doctorant chercheur en entrepreneuriat touristique à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, master 2 en marketing hôtelier et touristique, major de promotion en 2018. Porteur du projet Tizi Events, co-fondateur de la start-up Randonnées Events.