Les habitants des villages enclavés de la commune d'Aït Yahia Moussa, sise à 35 km au sud-ouest de Tizi Ouzou, n'ont rien vu venir en termes de projets de développement. Dépourvus de tout, les villageois ont obtenu beaucoup de promesses. Sans lendemain. «Notre commune compte treize zones d'ombre. Cela fait presque une année qu'on a établi des fiches techniques pour les doter du strict minimum. On les a envoyées aux directions de wilaya car l'APC n'a pas de moyens financiers. On n'a obtenu aucune bonne nouvelle pour le moment», dira un élu local, ajoutant que la commune comprend 39 villages dont la plupart n'ont pas de routes, d'eau potable, d'aires de jeu et de réseau d'assainissement. La route desservant Aït Sidi Ali, ouverte en 1967, demeure à l'état de piste malgré les réclamations incessantes des habitants pour son revêtement. «Nous sommes les oubliés du développement. L'eau n'a pas coulé dans nos robinets depuis plus de deux mois. Les maisons se trouvant en amont des conduites d'AEP endurent la pénurie d'eau à longueur d'année», se plaint un sexagénaire qui avait quitté le village durant la décennie noire avant de s'y installer à nouveau pour travailler ses terres. «Plusieurs villageois ont bénéficié de l'aide à l'habitat rural, mais leurs habitations ne sont pas encore raccordées au réseau d'électricité. Les services de la direction de l'énergie et des mines ont fait un recensement en vue de régler le problème. On attend encore. Le projet du gaz est bloqué depuis 2018 à 90% d'avancement», dira-t-il. 13 ZONES D'OMBRE, AUCUN PROJET A Aït Atelah, les habitants demandent l'ouverture de la salle de soins et du bureau de poste laissés fermés depuis des années, alors qu'ils couvrent une dizaine de villages. «Pour une simple visite médicale, on est obligé d'aller au chef-lieu ou à Timezrit», dira un habitant, ajoutant que le foyer de jeunes réalisé en 2014 est complètement saccagé. «Notre commune ne compte aucune salle de sport ou club sportif. Nos jeunes rasent les murs du matin au soir. Même les 42 locaux distribués aux artisans sont fermés», déplore un élu. Et d'ajouter : «Les gens ont nourri beaucoup d'espoir après les déclarations du président de favoriser les zones enclavées en termes de projets. Certains habitants viennent tous les jours voir le maire, mais il n'a rien à leur offrir. Les subventions du FCCL et du PCD tardent à arriver. L'année passée, on a bénéficié d'une enveloppe de 17 millions de dinars dans le cadre du PCD. Que peut-on faire avec une telle somme quand on a 39 villages», lance l'édile local. Tout semble stagner dans cette localité de 25 000 habitants. Le budget primitif de 2021 n'est pas encore approuvé. L'APC fonctionne sans secrétaire général depuis 2016. «Au plan santé, c'est la catastrophe. La polyclinique du chef-lieu ferme à 16h00», s'indigne un habitant, précisant que le transport scolaire est assuré à 80% par les privés. La bibliothèque est fermée depuis 2017. Elle est devenue un refuge pour les délinquants, a-t-on témoigné. «On a reçu les équipements pour l'ouvrir, mais il nous faut aussi des employés», indique-t-on à l'APC. La crèche, elle, est bloquée depuis 2017 faute de financement. En somme, c'est toute la commune qui devrait être classée zone d'ombre. Advertisements